Le Cri des cantons de Saint-Germain-en-Laye, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 16 novembre 1929

Le onzième anniversaire de l'Armistice au Vésinet

  • La Commémoration de l'Armistice

La Fête Nationale du 11 novembre a été célébrée, au Vésinet, avec un éclat digne des impérissables souvenirs qui s'y rattachent. Les circonstances qui ont ajouté, cette année, un faste inaccoutumé, ainsi que l'on pouvait, s'y attendre d'après le programme, auquel une grande affluence a témoigné sa joie d'y prendre part. Dès dimanche soir, à 21 h un bal à grand orchestre réunissant de très nombreux couples de danseurs à la salle des Fêtes, avait constitué la plus joyeuse veillée.
Lundi matin, 11 novembre, à 11 heures — heure de la signature de l'Armistice, il y a 11 ans — éclataient les salves traditionnelles tandis que les cloches sonnaient à toute volée. A ce même instant, la Municipalité offrait aux Mutilés, Médaillés Militaires et Anciens Combattants, un vin d'honneur à la Salle des Fêtes où ils étaient reçus aux accents de la Marseillaise.
D'abord, M. J. Domont, président du Groupe des Mutilés, Combattants, Veuves et Orphelins du Vésinet, conférait le titre de Président d'honneur, à M. Henri Cloppet, Maire nouvellement élu. Celui-ci lui répondit et harangua à cette occasion "de la façon la plus cordiale et la plus heureuse" ses Camarades, anciens Combattants.
M. Châtenet, Président Général de l'U.N.M.R. prononça alors une éloquente allocution et un cortège se forma pour aller déposer, dans la cour de la Mairie, une gerbe de fleurs au pied de la stèle élevée aux enfants du Vésinet morts pour la France.
Le représentant des 150.000 membres de l'U.N.M.R. y prit de nouveau la parole et, avec une émotion non dissimulée, invita l'assistance à observer une minute de silence. La matinée s'acheva à la Salle des Fêtes où la Société L'Accord Parfait donnait un concert fort réussi.

A 15 heures un long cortège qui s'était formé dans la cour de la Mairie, et s'allongea presque à chaque pas d'un large concours de la population où l'on remarquait l'Abbé Weitlauff, curé du Vésinet, M. Mallet, conseiller d'arrondissement, MM. Cloppet, maire, Aubrun, Clavery, Cauet, maires adjoints, un grand nombre de Conseillers Municipaux et des représentants de tous les éléments locaux, descendit — entraîné par la fanfare de la Société l'Etendard — jusqu'à la gare, à côté de laquelle se déroula la cérémonie de la pose de la première pierre de la Maison du Groupe des Mutilés, Combattants du Vésinet.

  • La Maison du Combattant

L'U.N.C. du Vésinet ayant voulu faire coïncider la date du 11 novembre pour la pose de la première pierre de sa Maison, cette cérémonie a eu lieu à 15 heures dans le terrain appartenant au chemin de fer de l'Etat [1], sous la présidence de M. Châtenet, Président général de l'U.N.C. et de M. Cloppet, Maire du Vésinet.
Là, des discours animés du plus pur patriotisme et du rappel vibrant de la grande solidarité du Front furent prononcés par M. Domont, Président du Groupe, M. Cloppet, Président d'honneur, Maire du Vésinet et par M. Chatenet, Président Général de l'U.N.M.R. Ils exaltèrent chacun "l'héroïsme et la foi de ceux qui sont tombés au cours de la grande guerre pour la défense de la Patrie, ainsi que de ceux qui en sont revenus mutilés ou blessés". Ils prirent successivement la truelle et scellèrent dans le granit, le procès-verbal de cette imposante cérémonie.
Parmi les nombreux assistants, nous avons noté la présence de M. Martin, Président de là Section de Saint-Germain de l'U.N.C. ; de Mme Chardron [2], bienfaitrice de nombreuses œuvres du Vésinet; de M. l'Abbé Weitlauff curé de la Paroisse Sainte-Marguerite. MM. Adam, Haye, Dormann, député ; Bonnefoy-Sibour, Préfet de Seine-et-Oise ; M. Dauthy, Directeur général de la Compagnie des Chemins de fer de l'Etat, se sont excusés de ne pouvoir prendre part à la cérémonie.
La Société l'Etendard, toujours en progrès, a exécuté plusieurs morceaux de son répertoire.

Une grande partie de l'assistance se rendit ensuite à la Salle des Fêtes où un nouveau concert était donné par L'Accord Parfait et, tard dans la soirée, les rues pavoisées de notre Ville ne cessaient encore de présenter une animation extraordinaire. Ce fut une grande journée qui laissera au Vésinet un souvenir durable.

    [1] M. Dauthy, Directeur général de la Compagnie, avait accepté de faire don d'une partie (1/10e des quelque 3000 m²) du terrain que la compagnie possédait au voisinage de la gare du Vésinet (centre).

    [2] La famille Chardron habitait au Vésinet, 6 rue Thiers (aujourd'hui 6 rue Henri Cloppet) dans les années 1880, puis 9 rue Villebois-Mareuil. Monsieur Joseph Armand Chardron, secrétaire général de plusieurs sociétés, décédé en 1905, avait lui-même fait de son vivant, de nombreux dons à la ville, notamment les terrains des anciens commissariat et caserne des pompiers (angle des rues Alphonse Pallu et Jean Laurent) et de l'actuelle école Jeanne d'Arc, rue Armand-Chardron. Ils avaient eu une fille, Pauline, disparue en 1886, à l'âge de 20 ans. L'église Sainte Pauline fut édifiée à sa mémoire. L'édifice fut entièrement financé par Madame Adèle Chardron (1913).
     


Société d'Histoire du Vésinet, 2011- www.histoire-vesinet.org