Extrait du catalogue de
l'exposition du Centenaire du Vésinet, 1975
1875
"En 1875,
naquirent la Troisième République, Maurice Ravel et ...
Le Vésinet."
Alain
Marie FOY (1975)
Les députés adoptèrent au
cours de l'année 1875 les trois lois fondamentales fixant les
institutions et les règles qui allaient rester en vigueur
pendant les soixante-cinq années d'existence de la
Troisième République. Ce fut tout d'abord le
célèbre amendement Wallon, voté à une voix
de majorité le 30 janvier, et qui commence ainsi: "Le
président de la République est élu à la
majorité des suffrages par le Sénat et par la Chambre des
députés réunis en Congrès". Cette
phrase mettait un terme aux hésitations du monde politique,
à "l'impuissance de l'Assemblée à sortir du
provisoire" (Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la IIIe
Republique, Ed. du Seuil). L'amendement Wallon devint l'article 2 de la
loi constitutionnelle du 25 février relative à "l'organisation
des pouvoirs publics". Le 24, avait été
adoptée la loi concernant le Sénat. Le 16 juillet, sera
votée la loi "sur les rapports des pouvoirs publics". Au
moyen de ces trois "modestes" lois constitutionnelles, selon le mot de
Maurice Duverger, l'Assemblée de 1875, à majorité
monarchiste, dotait la France d'institutions parlementaires sans "consacrer
la République dans un texte solennel".
En résumé, les dispositions constitutionnelles
établissaient un régime parlementaire: l'exécutif
comprend un président de la République, irresponsable,
élu comme indiqué ci-dessus, et un gouvernement
nommé par celui-ci, mais responsable de la conduite de la
politique. Le pouvoir législatif est exercé par le
Sénat (225 membres élus par tiers tous les trois ans au
suffrage indirect, 75 membres inamovibles élus par la chambre
basse) contrepoids de la Chambre des députés (600 membres
élus pour 4 ans au suffrage universel). Le gouvernement peut
dissoudre la Chambre après avis conforme du Sénat.
Celle-ci, sans que cela soit précisé dans les textes, a
la possibilité, par ses votes, de provoquer le départ du
gouvernement. Voilà pour le climat politique de l'année
où Le Vésinet devient une commune.
Dans une chronique intitulée La France en 1875, Philippe
Erlanger observe : "nous lui sommes plus étrangers que le
Grand Siècle ne l'était à l'Antiquité et,
si nous avons la nostalgie des années 30 dont chacune fut
marquée par des catastrophes, nous dédaignons le temps
où naquit la Troisième République" (Le Figaro,
4 décembre 1974). Plus loin : "La vie garde un rythme
raisonnable. Le présent est stable, le futur prévisible".
Il est vrai que cette période de notre histoire est peu connue
de nos jours. De brutales secousses ont mis fin aux fastes du Second
Empire. Un nouvel ordre social, moral, technologique s'instaure. Par
quelques touches seulement, évoquons 1875.
Si Mac-Mahon est président de la République, Guillaume
Ier est empereur d'Allemagne, Bismarck étant son chancelier,
Ulysses Grant est président des Etats-Unis, tandis que
règnent la reine Victoria, le tzar Alexandre II, l'empereur
François-Joseph à Vienne et le roi Victor-Emmanuel II
à Rome; Pie IX est le chef de l'Eglise.
En 1875, naissent Maurice Ravel, Reynaldo Hahn et Pierre Monteux.
Camille Saint-Saëns compose sa Danse macabre.
L'année musicale s'ouvre par l'inauguration, le 5 janvier, de
l'Opéra de Paris. Puis ce sera la création de Carmen
(à l'Opéra-Comique) le 5 mars, peu de temps avant que
Georges Bizet, qui vécut quelques années au
Vésinet, s'éteigne le 5 juin. Offenbach donne six
spectacles que l'on ne représente plus aujourd'hui. André
Siegfried, Albert Schweitzer voient le jour, alors que Zola
écrit La conquête de Plassans et La faute de
l'abbé Mouret. Mort de Tristan Corbière, Edgar Quinet
et Pierre Larousse. Naissance des peintres Marquet et Villon, pendant
que Corot, Millet, les sculpteurs Barye et Carpeaux disparaissent.
L'impressionnisme, on le sait, est à ses débuts.
Signalons encore qu'en 1875, un omnibus à vapeur, "L'Obéissante",
d'Amédée Bollée, parcourt la distance de Mantes
à Paris à la vitesse surprenante de 13 km/heure, puis
relie Le Mans à Paris (230 km) en 18 heures. Trois
aéronautes s'élèvent à bord du ballon "Le
Zénith".
En 1875, c'est aussi la création de l'Ecole de guerre.
Et le nom du Vésinet s'ajoute à la liste des communes de
France, par l'effet d'une loi dont cette exposition montrera la
genèse. L'ordre du jour de l'Assemblée Nationale, on le
voit, ménageait la place à des sujets
d'intérêt très local, alors que sa
préoccupation majeure était de doter la France
d'institutions solides.
....
Il reste bien des choses à raconter...
Malgré les recherches entreprises et les découvertes
faites, des mystères d'histoire locale subsistent sur le
pourquoi et le comment de certains événements
passés en revue dans cette exposition. Il faut espérer
qu'une bonne étoile guidera les amateurs de l'histoire du
Vésinet vers de nouvelles révélations; ils devront
aussi compter sur leur imagination et leur opiniâtreté
pour mettre à jour des sources inconnues, des pièces
oubliées. Mais combien cette quête des origines de notre
cité est captivante !
Entre 1919 et 1922, Joseph de Sorbiers de la Tourrasse fit publier dans
l'Echo paroissial de Sainte-Marguerite du Vésinet une
série d'articles sous le titre: Les origines du
Vésinet. Dans l'une de ces pages, il s'exclama: «Qu'on
ne vienne donc pas nous dire que Le Vésinet n'a pas d'histoire
».
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