La
version intégrale de l'Acte d'Echange du 20 novembre 1856 compte
près de 800 pages.
La notification qui en fut faite aux personnes concernées,
dont le texte est reproduit ci-dessous intégralement, permet d'en
retenir l'essentiel...
A ce que du contenu du dit acte nul n'ignore
L'An mil huit cent cinquante six, le
vingt six décembre,
à la requête de son excellence Monsieur Achille Fould, ministre de la
Maison de l'Empereur, demeurant à Paris, Palais du Louvre,
Agissant en sa dite qualité comme exerçant les droits qui lui sont conférés
par l'article vingt-deux du Senatus Consulte organique sur sa
liste civile, la dotation de la Couronne et le domaine privé, en date
du douze décembre mil huit cent cinquante deux, et par l'article premier
du décret du quatorze du même mois, et en outre comme autorisé spécialement à faire
l'échange ci-après énoncé suivant décret impérial en date au Palais de
Saint Cloud du dix novembre mil huit cent cinquante six,
Pour lequel élection de domicile est faite à Versailles en l'étude de
Me Jules Henry Poussez, avoué près le Tribunal Civil de Première Instance
de Seine-et-Oise séant à Versailles y demeurant rue des réservoirs N°14,
lequel est constitué et occupera sur les présentes notifications et leurs
suites
J'ai, Jacques François Berrurier, huissier près le Tribunal Civil séant à Versailles,
demeurant à Saint Germain en Laye, sous les Arcades n°2,
Soussigné, notifié et laissé copie à ... [suivent
le nom et l'adresse du dépositaire (voir note 1)] ...
D'un acte fait au greffe du Tribunal Civil de Première Instance de Seine
et Oise séant à Versailles, le vingt huit novembre mil huit cent cinquante
six, enregistré
Constatant le dépôt fait au dit greffe par Me Pousset, avoué de S. E.
Monsieur Achille Fould, en la qualité qu'il agit, de la copie collationnée
et enregistrée d'un acte reçu par Mes Mocquart et Roquebert, notaires à Paris,
en date du 20 novembre 1856, enregistré le vingt un du dit mois
et gratis par le receveur.
Le dit acte contenant échange entre S. E. le ministre de la maison de
l'Empereur agissant en la dite qualité et dans l'intérêt
du domaine de la Couronne,
et Monsieur Alphonse Pallu, ancien gérant des mines de Pontgibaud, chevalier
de la légion d'honneur, demeurant à Paris, rue Taitbout, n °52,
Agissant en qualité de gérant, ayant seul la signature sociale de la
Société en Commandite Pallu et Compagnie dont le siège est à Paris, rue
Taitbout, N°52. La dite société formée et constituée définitivement par
acte passé devant Me Roquebert et son collègue, notaires à Paris, le
24 mai 1856 à Paris enregistré et publié conformément à la loi et autorisé, en
sa dite qualité de gérant à faire tous échanges d'immeubles spéciaux
aux termes de l'acte 3e des statuts.
Le dit échange consistant, savoir, de
la part de S. E. le Ministre de la Maison de l'Empereur agissant pour
le domaine de la Couronne :
1°. Dans la forêt du Vésinet, située
sur les communes de Chatou, du Pecq et de Croissy, arrondissement
de Versailles et trois maisons forestières existant dans cette forêt,
laquelle est d'une contenance totale actuelle de quatre cent trente
six hectares, cinquante ares, quarante six centiares environ.
2°. Dans une portion à prendre au sud de la forêt de Saint Germain
située sur la commune de Saint Germain en Laye, d'une contenance de
quarante neuf hectares, deux ares, soixante deux centiares, maison
d'habitation du Garde forestier et du Garde général, contre-allée extérieure
longeant le mur de clôture du côté de la route de Poissy et le fossé séparant
cette contre-allée de la route.
3°. Dans la concession faite pour l'usage de la forêt du Vésinet d'une
quantité de deux cents mètres cubes d'eau (deux mille hectolitres),
par vingt-quatre heures, gratuitement pendant les trois premières années
et ensuite au prix ordinaire des concessions de cette nature, et pour
l'usage de la portion de la forêt de Saint Germain d'une quantité de
quatre cents hectolitres d'eau par vingt-quatre heures à prendre dans
la partie des eaux de la ville de Saint Germain appartenant à la liste
Civile, et ce à perpétuité et à titre gratuit.
Et de la part de la Société Pallu et
Compagnie dans les biens ci-après compris et désignés sous trois paragraphes
au dit acte d'échange.
Savoir:
Paragraphe 1er
Article 1er. Les fonds et
superficie d'une partie des bois dits de la Malmaison, située sur
les communes de Rueil, Vaucresson, Garches et La Celle-Saint-Cloud,
arrondissement de Versailles, elle est traversée par différents chemins
et avenues et comprend l'Etang de Saint Cucufa, La Grande Bergerie,
les anciennes Vacheries, divers bâtiments d'habitation et une faible
partie en terres et prés.
Cette partie de bois contient en totalité cent quatre-vingt dix neuf
hectares quatre-vingt seize ares, sept centiares y compris les chemins
et différentes parcelles appartenant à des tiers et enclavées. Elle
est limitée d'une part par les Vignes de Rueil et par la partie de
bois de la Malmaison vendue par les héritiers Hagerman à Madame la
vicomtesse de Caze et à Monsieur Théry, suivant contrat passé devant
Me Leroy, notaire à St-Cloud, le huit octobre mil huit cent cinquante
cinq d'autre part par le Parc de Buzenval et la plaine de Garches d'une troisième part en pointe par la partie du Bois de la Malmaison,
vendue par les héritiers Hagerman à Madame la vicomtesse de Caze, et
encore par le clos Brezin, et d'une quatrième part par la partie des
dits bois, vendue à Monsieur Théry et par celle vendue à Monsieur
Pescatore et par la propriété de Monsieur Thuilleaux
la dite partie est séparée, savoir, du
Parc de Buzenval par un sentier de trois mètres de large, mitoyen avec
le domaine de Buzenval, de la portion vendue à Monsieur Théry,
en partie par une rigole de vingt mètres mitoyenne avec ce dernier de
celle vendue à M. Pescatore par une route de quatre mètres de large,
dépendant du Bois de la Malmaison, et qui est mitoyenne avec M. Pescatore de
celle vendue à Mme de Caze et à M. Théry par une route de quatre
mètres de large, dépendant également du Bois de la Malmaison, et qui
est mitoyenne avec Mme de Caze et M. Théry et enfin des Vignes
de Rueil par un mur.
Article 2ème. Une route
d'une largeur de vingt mètres et d'une étendue totale de deux hectares,
seize ares, elle traverse en entier la portion des dits Bois acquise
par Mme de Caze et conduit de la partie des Bois ci-dessus à la Route
de Saint-Cloud à Rocquencourt et incline vers le sud, et forme une
courbe régulière à partir du chemin vicinal de Garches, traversant
le carrefour de la Garenne.
Article 3ème. Une route
d'une largeur de vingt mètres et d'une étendue de un hectare, cinquante
six ares elle conduit de la partie de bois ci-dessus, (article 1er),
au chemin vicinal dit des Puits ou de La Celle avec tous les droits de propriété ou de passage appartenant à la
Société Pallu et Compagnie, comme étant au droits de la famille Hagerman,
sur un chemin dit de la Bergerie, conduisant autrefois du Parc de
la Malmaison aux Bois, en traversant la Vallée Hudrée dans toute
sa longueur, ayant trois mètres vingt-cinq centimètres de largeur
sur quatre cent cinquante mètres de longueur et s'embranchant
sur le chemin dit des Pincevins.
Paragraphe 2ème
Les terres faisant partie de la Plaine
de Fouilleuse en dix-neuf pièces d'une contenance totale de vingt
neuf hectares, vingt-cinq ares, vingt-cinq centiares et consistant
dans:
1°. Une pièce de terre située terroir
de Rueil, lieu dit les pieds pourris, en face de l'entrée
de l'ancien château de Fouilleuse, d'une contenance de deux hectares,
soixante onze ares, quarante et un centiares elle tient d'un côté l'avenue
de Fouilleuse, d'autre côté le sentier des Grandes Terres, d'un
bout le chemin de Rueil à Fouilleuse et d'autre bout, Jean Baptiste
Nicolas Besche.
2°. Une pièce de terre mêmes terroir et lieu dit, d'une contenance
de trois hectares cinquante huit ares, quatre vingt neuf centiares.
Elle tient d'un côté à divers, aboutissant d'autre côté à M. Jean
Pierre Marie Leroux d'un bout au chemin de culture et d'autre bout
le sentier de culture.
3°. Une pièce de terre même terroir et lieu dit, d'une contenance
de deux hectares quatre vingt cinq ares, quarante six centiares tenant
d'un côté à M. Parent, d'autre côté au chemin des Suisses, d'un bout
le sentier de Culture et d'autre part à divers.
4°. Une pièce de terre mêmes terroir et lieu dit, d'une contenance
de cinquante et un ares, vingt sept centiares, tenant d'un côté à Jean
Pierre Marie Leroux, d'autre côté au domaine privé représentant Jean
Baptiste François Godefroy, d'un bout au chemin de Culture, d'autre
bout au sentier de Culture.
5°. Une pièce de terre mêmes terroir et lieu dit, d'une contenance
de trente trois ares, quarante neuf centiares, formant triangle,
tenant d'un côté au chemin des Suisses, d'autre côté au domaine privé représentant
Jean Baptiste Godefroy, d'un bout au chemin de Culture, d'autre bout,
en pointe, au sentier de Culture.
6°. Une pièce de terre au terroir de Rueil, lieu dit les Villarmins,
contenant dix sept ares, neuf centiares, tenant d'un côté au chemin
des Suisses, d'autre côté à Jean Pierre Hubert, d'un bout au chemin
de Culture, d'autre bout, en pointe, au domaine privé.
7°. Une pièce de terre située sur les terroirs de Rueil et de Saint-Cloud,
même lieu dit, contenant un hectare, dix neuf ares, soixante trois
centiares, tenant d'un côté au Sieur Jean Pierre Hubert, d'autre
côté au sieur Sens, d'un bout au chemin de Culture, d'autre bout,
au domaine privé.
8°. Une pièce de terre située sur le terroir de Saint-Cloud, même
lieu dit, contenant huit hectares, soixante quatorze ares, quatre-vingt
dix huit centiares, d'une forme très irrégulière, tenant d'un bout
au sieur Sens, d'un autre bout au chemin de la Plaine, d'un côté au
chemin de Culture et au domaine privé, et d'autre côté, formant plusieurs
haches, au domaine privé.
9°. Une pièce de terre, terroir de Rueil, faisant partie de l'emplacement
de l'ancien parc de Fouilleuse, d'une contenance de deux hectares,
vingt-deux ares, quatorze centiares, tenant d'un côté au domaine
privé, d'autre côté aux enfants de Jean Pierre Marie Leroux, d'un
bout au chemin de Suresnes à Rueil, et d'autre bout au Chemin des
Cultures.
10°. Une pièce de terre, même terroir, faisant partie du même emplacement,
contenant un hectare, deux ares, cinquante trois centiares, tenant
d'un côté aux enfants de Jean Pierre Marie Leroux, d'autre côté le
sentier derrière l'ancien parc, d'un bout au chemin de Suresnes à Rueil,
et d'autre bout au chemin des Cultures.
11°. Une pièce de terre, terroir de St-Cloud, lieu dit Le Gros
Buisson, derrière l'ancien Parc de Fouilleuse, d'une contenance
de trente quatre ares, vingt sept centiares, tenant d'un côté au
sieur Gabriel Fillette et à Mlle Carret, d'autre côté à Philippe
François Touchard, d'un bout au chemin de Suresnes à Rueil, et d'autre
bout au chemin des Cultures.
12°. Une pièce de terre, mêmes terroir et lieu dit, d'une contenance
de un hectare, dix-neuf ares, vingt trois centiares, tenant d'un
côté à plusieurs, d'autre côté à Philippe François Touchard, d'un
bout au chemin de Suresnes à Rueil, et d'autre bout au chemin des
Cultures.
13°. Une pièce de terre, mêmes terroir et lieu dit, d'une contenance
de un hectare, dix-sept ares, cinquante trois centiares, tenant d'un
côté au domaine privé, d'autre côté à plusieurs, d'un bout au Chemin
de Suresnes à Rueil, et d'autre bout au Chemin des Cultures.
14°. Une pièce de terre, située terroir de St-Cloud, lieu dit La
Plaine de Fouilleuse ou Le Gros Buisson, près la grande
borne, contenant deux hectares, treize ares, trente six centiares,
tenant de toutes parts au domaine privé, à l'exception d'une portion
formant hache saillante qui aboutit sur le chemin de Suresnes à Rueil.
15°. Une pièce de terre, située au terroir de Saint-Cloud, lieu dit Les
Villarmins, contenant quarante un ares, vingt six centiares,
tenant de trois parts au domaine privé, et d'une quatrième part à la
route départementale de L'Empereur de Saint-Cloud à Rueil.
16°. Une pièce de terre, mêmes terroir et lieu dit, de la contenance
de sept ares, dix-huit centiares, tenant d'un côté à MM. Brunot de
Boulogne, d'autre côté à Mme Giot de Garches, d'un bout la route
départementale de L'Empereur de Saint-Cloud à Rueil, et d'autre bout
le domaine privé.
17°. Une pièce de terre, même terroir et lieu dit, contenant seize
ares, soixante quatre centiares, tenant d'un côté et d'un bout au
domaine privé, d'autre côté aux enfants de Louis François Boussiard
et d'autre bout la route de L'Empereur.
18°. Une pièce de terre, mêmes terroir et lieu dit, contenant trente
cinq ares, treize centiares, tenant d'un côté aux enfants de Louis
François Boussiard, d'autre côté à Jean François Couturier, d'un
bout au domaine privé et d'autre bout la route de L'Empereur.
19°. Une pièce de terre, mêmes terroir et lieu dit, contenant trois
ares, soixante seize centiares, formant triangle, tenant d'une part
au chemin des Suisses, d'autre part au domaine privé et d'une troisième
part aux enfants Touchard.
Paragraphe 3ème
Les terrains nécessaires et destinés à la jonction des Forêts de Marly
et de Saint-Germain et consistant dans :
1°. Quatre vingt dix hectares, neuf
ares, trente cinq centiares de terre, dont une partie plantée en
bois d'un seul tenant, situés sur les terroirs des communes de
Chambourcy, Saint Germain en Laye et Fourqueux, arrondissement
de Versailles, tenant d'un bout, vers le nord, à la forêt de Saint
Germain, d'autre bout, vers le sud, à la forêt de Marly et sont
limités des deux côtés, est et ouest, par des murs de deux mètres
cinquante centimètres de hauteur.
Ces quatre vingt dix hectares, neuf ares, trente cinq centiares (d'après
arpentage quatre vingt sept hectares, vingt cinq ares, soixante centiares)
sont traversés par le Rû du Buzot, le chemin de Chambourcy à Saint
Germain, les aqueducs de Saint Germain, la route Dauphine appartenant à la
liste civile et conduisant de la forêt de Marly à celle de Saint
Germain et encore par la Route Impériale de Mantes à Paris, à l'entrée
et à la sortie desquelles se trouve une maison pour le logement d'un
garde forestier avec jardin en dépendant.
Dans les dites immeubles se trouvent enclavées :
1) Différentes parcelles d'une
contenance totale de quatre hectares, soixante dix-sept ares,
cinquante deux centiares appartenant à Madame de Trelawny
2) Trois parcelles de contenance totale de treize ares soixante
dix-sept centiares appartenant à Monsieur Loubat
3) Une parcelle dépendant de la forêt de Marly d'une contenance
de deux hectares, quatre-vingt trois ares, quarante quatre centiares
4) Et enfin une parcelle de douze ares vingt-quatre centiares appartenant à M.
Bonnel
2°. Une petite lisière de terrain
d'une largeur de trois mètres sur une longueur d'environ deux cent
soixante dix-huit mètres, et d'une superficie totale de huit ares,
trente quatre centiares en dehors du mur de la Forêt de Saint-Germain
sur la limite du terrain appartenant à M. Maugest.
Le dit échange ainsi fait entre les dites
parties sus nommées, moyennant outre les servitudes, charges et conditions énoncées
en l'acte de dépôt du dit jour
Et dont copie est donnée en tête de ~
présentes, une soulte de soixante quatorze francs, quatre-vingt
treize centimes à payer par la Société Pallu et Compagnie, aussitôt
l'approbation du dit échange par le Sénat,
Étant expliqué et déclaré que les biens échangés sont d'une valeur portée,
au rapport des experts, à ce commis, savoir:
Ceux donnés en échange par la Société Pallu
et Compagnie, de deux millions trois cent trente cinq mille trois
cent quatre-vingt douze francs, quatre-vingt quinze centimes [environ
six millions d'euros]
Et ceux donnés en échange par le
domaine de la Couronne, de deux millions trois cent trente cinq mille
quatre cent soixante sept francs quatre-vingt huit centimes [1]
Ce qui établit la Soulte de soixante
quatorze francs quatre-vingt treize centimes [environ
187 €] par la dite Société Pallu et Compagnie.
A ce que du contenu du dit acte la susnommée, n'ignore,
Lui déclarant que la présente notification lui est faite, afin qu'elle
ait, si bon lui semble à requérir dans le délai de la loi, telle inscription,
hypothèque légale qui lui competerait [sic] sur telle partie des biens
compris à l'échange sus indiqué, qui du chef de la susnommée pourrait être
soumise à une hypothèque légale à son profit
Lui déclarant en outre que tous ceux du chef desquels il pourrait exister
des hypothèques de cette nature n'étant pas connus de Son Excellence
Monsieur le Ministre de la Maison de l'Empereur, il fera semblable notification à Monsieur
le Procureur Impérial près le Tribunal Civil de Versailles, et en outre
fera publier la présente notification, conformément à la loi et à l'avis
du Conseil d'Etat du premier juin mil huit cent sept.
A ce que du tout le susnommé n'ignore,
Et je lui ai, en son domicile sus dit et parlant comme dit,
Ai laissé cette copie dont le coût est de deux cent onze francs, trente
centimes.
Signé Berrurier
***
Notes:
[1] Notification à Madame Marie Rosalie
Cayeux, épouse de Felix Marie Yvert, demeurant
à Fourqueux.
[2] Selon le géomètre expert Lacroix, mandaté par la Couronne, le bois du Vésinet, mesuré à 436 ha 50 a et 46 ca, divisé en trois secteurs d'inégale valeur selon les essences, était estimé à 1 604 457,98 frs. (Archives départementales de Seine & Oise)
Société d'Histoire du
Vésinet, 2007 • histoire-vesinet.org