D'après C. M. Le Guillou pour L'Assemblée nationale, 25 mars 1852. [1] Revue d'Horticulture (extraits) — Température de janvier et février 1852, comparée à celle des mêmes mois 1851 ; conséquence probable. — Plantations d arbres à fruits ; avis opportuns à ce sujet. — Espèces et variétés de fruits plus recommandables ; abricotiers, cerisiers, pêchers, pruniers, poiriers, pommiers, groseilliers.— Introduction à l'Art des Jardins, par M. le comte de Choulot. [...] « Agrandir l'art, dit M. de Choulot, c'est contribuer au progrès de l'intelligence ; c'est ajouter aux jouissances de l'esprit les sensations exquises mais indéfinissables du beau ; c'est forcer le goût des peuples à se fondre par des rapports intimes, dans l'harmonie générale de l'univers. L'art, considéré sous ce point de vue, est un puissant moyen de civilisation ; voilà pourquoi l'artiste qui comprend sa mission cherche sans cesse à dégager son esprit des chaînes de l'habitude et de l'empire tyrannique de la mode, pour saisir, à travers mille besoins factices et passagers, les besoins réels de son époque... Les jardins français furent l'expression de la société du dix-septième siècle ; il y avait dans leur arrangement une certaine pompe qui en imposait à l'imagination. Une symétrie, je dirais presque une étiquette rigoureuse, unissait chacune des parties qui les composaient. Toutes ces lignes horizontales, si minutieusement combinées, frappaient les yeux, mais le cœur et l'esprit n'y trouvaient pas plus d'aliments que dans une figure de géométrie. Malgré tout ce que la puissante imagination de Le Nôtre a su faire, on ne peut s'empêcher de regarder les jardins français plutôt comme un abus de l'art que comme une création utile du génie. L'Angleterre fut la première à s'affranchir de ce luxe outré de la décoration pour se rapprocher de la nature. Les récits de ses voyageurs, ses poètes surtout, contribuèrent à cette métamorphose par la variété, la fraîcheur et le charme de leurs descriptions. Mais il y a, dans l'existence même des peuples, des causes plus efficaces que ces moyens secondaires, pour changer le goût des nations et les ramener au sentiment de ce qui est vraiment beau et grand. C'est la raison, cet instinct du vrai, qui grandit avec l'âge des peuples comme avec celui de l'individu. Arrivé à ce point de vue de perfectionnement naturel, le regard embrasse un horizon plus vaste ; les erreurs, les préjugés et le goût des fausses grandeurs se dissipent. Dès lors on s'avance vers le progrès véritable et seul admissible : l'agréable c'est l'utile, la mode n'est plus qu'un parasite éphémère qui vit un instant aux dépens du goût, mais sans entraver la marche prudente de l'intelligence.... Alors tout, même dans les choses matérielles, tend à l'unité et l'harmonie d'ensemble, symbole de force et de durée dans l'ordre physique comme dans l'ordre religieux et moral... L'artiste qui n'envisage l'art des jardins que sous le point de vue d'une décoration isolée, en méconnaît la haute importance : le tableau qu'il crée peut être l'expression d'une volonté personnelle, d'une pensée égoïste, mais non d'une idée large et civilisatrice » L'objet qu'on doit se proposer en créant un parc, c'est de l'harmoniser avec les campagnes qui l'entourent ; c'est qu'il paraisse beau non seulement à l'intérieur, à l'œil du propriétaire, mais encore à l'extérieur, aux regards du voyageur, étonne des rapports qui unissent ce jardin au pays tout entier. Sans cette liaison intime d'une partie aveu le tout, on exécuterait laborieusement une œuvre incomplète et sans grandeur. L'exposé de ces principes paraîtra rigoureux aux personnes qui n'ont point été appelées à réfléchir aux conditions sans lesquelles l'art ne saurait atteindre son véritable but : l'agréable et l'utile. Bien plus, au point de vue où en est la science des jardins en France, il est d'autant plus difficile de se pénétrer de la nécessité de ces principes, que les productions que nous voyons éclore chaque jour autour de nous en ce genre, sont plutôt faites pour masquer la nature que pour donner une idée de sa majestueuse beauté.... » En voilà suffisamment pour faire ressortir et comprendre le but élevé que veut faire atteindre à l'art des jardins M. le comte de Choulot, par l'impulsion nouvelle qu'il entreprend de lui donner. Il ne nous reste qu'à lui crier : Courage !, courage ! car les temps sont difficiles, et, en fait d'art, ce sont souvent les plus grandes pensées qui rencontrent le plus d'entraves. Aussi aimons-nous à nous persuader que, pour le succès de l'œuvre de M. le comte de Choulot, ce n'est qu'une affaire de temps. **** [1] Corentin-Marie Le Guillou (1804-1890). L'abbé Le Guillou, qui sera chanoine prébendé de Notre-Dame en 1872, est surtout connu pour ses compositions musicales. Auteur occasionnel de billets touchant à l'horticulture.
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