D'après Dominique Desenti [1] dans la France d'abord, édité par l'Union des femmes françaises (Paris) 18 juin 1950.

L'appel de Stockholm au Vésinet

L'appel de Stockholm est une pétition contre l'arme nucléaire lancée depuis Stockholm le 19 mars 1950.
Rappelons qu'après les États-Unis qui ont rendu public leur programme d'armement nucléaire puis bombardé Hiroshima et Nagasaki en 1945, l'Union soviétique a fait exploser sa première bombe atomique expérimentale le 29 août 1949.
Dans ce contexte naquit le Mouvement mondial des partisans de la paix — d'inspiration communiste —, animé en France par des intellectuels engagés aux côtés du Parti communiste français, comme Frédéric Joliot-Curie, Jean Orcel, Louis Aragon, Jean Bruller ou Pablo Picasso, dénonçant le risque de guerre atomique généré, selon eux, par l'armement nucléaire des « pays impérialistes ».
Cette dénonciation prit une dimension exceptionnelle lorsque le Conseil mondial de la paix (réuni à Stockholm) lança, le 19 mars 1950, « l'appel de Stockholm » qui exigeait notamment « l'interdiction absolue de l'arme atomique ».
C'était l'époque de la « guerre froide » et le début d'un conflit bien réel entre les Etats-Unis et la Corée (le 25 juin). Cette campagne rencontra un véritable succès populaire, recueillant officiellement 15 millions de signatures en France (plus vraisemblablement une dizaine de millions) et 500 millions dans le monde [2].

    APPEL

    Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations.

    Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction.

    Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.

    Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. »

    Stockholm, 19 mars 1950.

Quelques signataires célèbres :

    Frédéric Joliot-Curie (premier signataire) ; Jorge Amado, Louis Aragon, Pierre Benoit, Marcel Carné, Marc Chagall, Dimitri Chostakovitch, Duke Ellington, Ilya Ehrenbourg, Robert Lamoureux, Thomas Mann, Yves Montand, Pablo Neruda, Noël-Noël, Pablo Picasso, Simone Signoret, Michel Simon, Gérard Philipe, Maurice Chevalier, Pierre Renoir, Jacques Prévert, Armand Salacrou, Henri Wallon, Édith Piaf, Tony Murena [3], Émile Carrara, Jacques Chirac, Jacques Friedmann, Lionel Jospin...

     

    Illustration du magazine Femmes françaises

     

Le journal Femmes françaises édité par l'Union des femmes françaises [4] publia des listes de signataires parmi lesquels quelques Vésigondins :

    Comité du Vésinet (Seine et Oise)

    Nos amies font signer de nombreuses personnalités de conditions sociales et de croyances les plus diverses :

    M. le Docteur Hallberg, premier adjoint au maire,

    M. le chanoine Collin, curé de Sainte-Pauline,

    M. le pasteur Balfet, [Eglise protestante du Vésinet]

    M. Ferry, inspecteur de l’Enseignement primaire,

    Mme Ferry, directrice de l’Ecole maternelle,

    Mlle Brocard, directrice de l’Ecole des filles du Centre,

    M. Dubesset, directeur de l’Ecole des garçons de Saint-Rémy, conseiller municipal,

    Mme Guédet, directrice de l’Ecole des filles, groupe Pasteur,

    M. Poueyto, directeur de l’Ecole des garçons groupe 5 (Rond-Point),

    M. le Directeur de l’Ecole Saint-Charles [6, rue Armand-Chardron]

    Mme la Supérieure, directrice de l’Institution Jeanne-d’Arc [5]

    M. Lebourg, président du Conseil des Parents d’Elèves,

    Mme Rapp, chirurgien-dentiste,

    Mme Andlauer, docteur en médecine, conseiller municipal,

    Mlle Moine, institutrice en retraite, conseiller municipal,

    M. Hendull, ingénieur, conseiller municipal,

    M. Auque, directeur d’Ecole en retraite,

    Mme Auque, institutrice en retraite,

    M. Bourgeois, président de l’USV.

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    Notes et sources :

    [1] Dominique Desanti (née Anne Persky), écrivaine française, journaliste, historienne, biographe et romancière, née le 31 août 1914 à Moscou et morte le 8 avril 2011 à Paris.

    [2] La Défense -Organe de la Section française du Secours rouge international (août-septembre 1950).

    [3] Célèbre accordéoniste, il devait s'installer au Vésinet peu après.

    [4] France d'abord, Union des femmes françaises (Paris) 18 juin 1950.

    [5] Elle avait recueilli, à elle seule, 132 signatures, répondant à la consigne voulant que "chaque signataire devienne un collecteur".

 

Société d'Histoire du Vésinet, 2022 • www.histoire-vesinet.org