Jean-Paul Debeaupuis, Société d'Histoire du Vésinet, septembre 2025. Arpad de Migl (1863-1934) peintre artiste Arpadus Franz Herman (Árpád Ferencz Armin), fils de Johann Nepomuck Migl et de Hermina Rosalia Theresia von Kaszonyi, est né à Berlin (Royaume de Prusse) le 23 avril 1863. Signature d'Arpad de Migl dans sa forme la plus courante. On la rencontre aussi avec seulement l'initiale du prénom. Au Vésinet, un résident du nom de de Migl figure dans les annuaires dès la première édition en 1882 et, comme propriétaire, dans celles de 1892, 1904 et 1908, toujours au 8 avenue du Chemin-de-fer-rive-droite. De son côté, Arpad de Migl mentionne cette adresse au Vésinet avec celles de son atelier (45 avenue de Villiers, Paris 17e) et de son domicile parisien (6 rue Miromesnil, Paris, 8e). … Une maison sise au Vésinet, avenue du Chemin-de-Fer rive droite, n°8, élevée sur caves, d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage avec grenier au-dessus, couvert en ardoises, jardin devant et cabinets d'aisances ; le tout d'une contenance superficielle de six cent quatre-vingt-dix-neuf mètres trente-deux centièmes, tient d'un côté et sur une longueur de trente-sept mètres douze centimètres à Madame veuve Claye, d'autre côté à la rue du Chemin-de-Fer, d'un bout et sur une longueur de vingt-six mètres quarante-quatre centimètres à M. Havard, et d'autre bout sur le devant de la rue Latérale. Moyennant, outre les charges, le prix principal de dix-huit mille cinq cents francs ... La parcelle correspond bien au lot 299 du Village [699,39 m²] du lotissement général de la Société Pallu & Cie. On verra plus loin que cette maison a abrité les trois frères Migl de Kaszony : Aladar, Arpad et Hugo. Le cadastre n'apporte pas de complément de réponse puisqu'il n'y figure pas de prénom et une seule adresse : 6 rue de Miromesnil, adresse commune aux trois frères jusqu'au mariage d'Arpad. Aladar (1851-1925) et Hugo (1861-1946), tous deux célibataires et « sans profession » (Hugo est licencié en droit), y résideront en villégiature durant toute leur vie. La mention des œuvres d'Arpad de Migl dans les chroniques artistiques de la presse parisienne apparaît en 1894 mais, au Vésinet, on a déjà pu apprécier son talent de dessinateur : dans un article de la presse locale, on apprends que « ... pour terminer la série des toasts [après l'inauguration du Kiosque Hériot en 1891] un membre exécutant de La Concorde a porté la santé de M. de Migl, l'artiste grâce au talent duquel une reproduction du kiosque a pu être faite en tête des programmes du concert et grâce auquel il a été ainsi permis d'emporter un souvenir de cette fête. » [4] « Éveil de printemps », peinture à l'huile sur toile de Arpad de Migl (1903). Musée municipal de Cambrai et la gravure de Charles Baude publiée dans L'Illustration (26 mars 1904).
Aquarelle et pastels de Arpad de Migl Le bouquet de violettes (~1898) ; La femme à la poupée (1920) ; jeune fille au ruban bleu (1918) [5]
Œuvres de Arpad de Migl présentées en couverture de la revue Le Figaro–Modes Portrait de Mme la comtesse de Lippe, Le Figaro-Modes n°22, octobre 1904 et En route pour le réveillon, Le Figaro-Modes n°36, décembre 1905. … la figure juvénile et souriante de cette mignonne et délicieuse petite personne si gentiment encapuchonnée attire et retient devant les vitrines des libraires et les kiosques : c'est un joli succès pour le peintre, Arpad de Migl. [6] En 1901, Arpad de Migl s'entremet pour obtenir la participation d'artistes français (peintres et sculpteurs) à l'exposition nationale de Budapest, mais sans grand succès. M. Arpad de Migl est un artiste étranger au talent très français qui vient, du reste, d'être décoré de la Légion d'Honneur, non seulement à titre de peintre, mais aussi pour le précieux concours qu'il a prêté aux artistes français dans différentes expositions, notamment à Vienne et à Budapest. Peintre de figures et de portraits, l'œuvre dernière de M. Arpad de Migl, qu'il destine au prochain Salon, est une idéale figure de jeune fille dont la chevelure blonde et les épaules sont en partie voilées par un nuage de mousseline blanche et rose ; elle tient sur ses genoux une gerbe de fleurs. Il y a dans ce tableau une grande fraîcheur de coloris et une remarquable souplesse d'exécution en même temps qu'une belle qualité de matière. Comme je complimentais l'artiste à ce sujet : «Je n'ai qu'un faible mérite à cela » répliqua M. Arpad de Migl, « car c'est à M. Tony Robert-Fleury que je dois le secret et je l'emploie depuis plusieurs années. Il s'agit simplement de l'usage de certaines huiles, et dans l'adjonction de quelques ingrédients dans les couleurs. Un des premiers soins de l'artiste doit être cette recherche, ce souci de la matière qu'avaient les anciens et qui assure aux tableaux toutes les chances de conservation. » J'ai revu, en effet, chez cet artiste un tableau qu'il avait exposé il y a une douzaine d'années. Il représente une jeune femme en robe de tulle blanc Empire, décolletée, avec écharpe mauve, assise dans un salon Directoire près d'une table couverte de fleurs, et je l'ai trouvé d'une fraîcheur et d'une actualité telles qu'il semblait fait d'hier. M. Arpad de Migl commence un grand portrait de deux jeunes garçons, mais il ne pense pas pouvoir le finir pour le Salon. La femme rêveuse (~1897) ... une jeune femme en robe de tulle blanc Empire, décolletée, avec écharpe mauve, assise dans un salon Directoire près d'une table couverte de fleurs,... La même année 1908, Arpad épouse à Paris (17e) une jeune veuve du Vésinet, Marie-Louise Sallès, née Vaillant (la cérémonie religieuse est célébrée en la chapelle paroissiale de Saint-Honoré d'Eylau). La mariée est mère de trois jeunes enfants, Berthe (12 ans), Fernand Maurice (10 ans) et Édouard Émile (9 ans). Ils sont les héritiers de la villa Beau-Chêne mais le couple ne l'habitera pas. Il est domicilié à Paris, 12 avenue Bugeaud (16e) où une fille Hermine naîtra le 17 avril 1909 et la grande demeure du Vésinet sera mise en location durant une quinzaine d'années.[8] Quand survient la guerre, les frères Migl de Kaszony, ressortissants « Allemands », sont placés en détention dans un camp de concentration (c'est le terme usité) destiné aux civils allemands (Allemands, Austro-hongrois, Turcs) situé en Vendée près des Sables d'Olonne et leurs biens, parmi lesquels la maison du Vésinet (biens et immeuble) sont mis sous séquestre (ordonnance du président du tribunal civil de Versailles). La femme d'Arpad, Marie-Louise (Française d'origine et mère de trois enfants français), demande au juge des référés l'autorisation d'occuper avec ses enfants, et malgré le séquestre, l'appartement qu'elle habitait avec son mari et qu'elle a contribué à meubler. Satisfaction lui est donnée. [9] En 1925, Aladar de Migl meurt à Paris, 6 rue de Miromesnil et en 1934, c'est au tour d'Arpad qui meurt le 30 mars 1934 à Neuilly-sur-Seine (Villa chirurgicale du Bois-de-Boulogne, 7 rue Jacques Dulud). Il est à ce moment domicilié avenue Cardinet (17e). Les obsèques sont célébrées à l'église St-François de Sales et l'inhumation au Père-Lachaise. **** Notes et sources: [1] Johann (Jean, Joannes) Nepomuck (Népomène, Népomucène, Heponneck) Migl, sujet du royaume de Hongrie. On ignore le lieu, la date et les circonstances de son décès. Son épouse, Herminia Rosalia Theresa von Kaszonyi, est à Paris en août 1870 avec ses trois fils, Aladar (19 ans) Hugo (10 ans) et Arpad (8 ans). A sa mort, à son domicile à Paris (8e) le 23 juin 1877, elle est veuve et âgée de 44 ans. [2] Décrets du Ministère de l'Intérieur du Royaume de Hongrie (17 avril 1894 et 27 octobre 1908) sur demande de l'ambassade Impériale Royale d'Autriche-Hongrie à Berlin (30 juin 1909) mentionnés en « indications complémentaires » à l'acte de baptême (valant acte de naissance) traduits en français par un traducteur-juré, en date du 29 septembre 1909. [3] Contrat passé devant Me Henri Cherrier et Coll., notaires à Paris, le 22 mai 1878. Rubrique des Purges légales de l'Union Libérale et Démocratique de Seine-et-Oise, 23 juin 1878. Arpad est alors élève au Lycée Fontanes (futur Condorcet). [4] Union des républicains de Seine-et-Oise (Argenteuil) 8 septembre 1891. Le dessin du Kiosque a été plusieurs fois reproduit par la suite. [5] Exemple de pastels et aquarelle, techniques habituelles de A. de Migl. La Jeune femme au bouquet de violettes (vers 1900) était au catalogue de la Galerie et maison de vente Nagyházi, Budapest, en 2013. Le Portrait de jeune femme à la poupée, souvenir d'enfance, daté de 1920 a été présenté à la 68e Exposition Versaillaise en 1925. Le Portrait d’une jeune femme au bandeau bleu, pastel sur toile signé daté 1918 est dédicacé au peintre Émile Roy que A. de Migl avait rencontré aux Sables d'Olonne après sa détention et dont il a fait le portrait en 1919. [6] D'après A. Davenay pour Le Figaro (Paris) 28 décembre 1905. [7] D'après Georges Bal, The New York Herald, Paris, 17 janvier 1908. Plusieurs journaux, reprenant une dépêche erronée, avaient annoncé la décoration de M. Nigel de Kaszougi. [8] La traduction erronée d'une transcription relevée dans l'Etat-civil Hongrois de Budapest à laissé croire qu'Hermine (Hermina Mária Laura) était née à Budapest (Pest-Pilis-Solt-Kiskun, Magyarország). Son acte de naissance (n°464) à l'état-civil du 16e arrondissement de Paris, malgré ses nombreuses mentions marginales, ne laisse aucun doute. [9] Le Gaulois : littéraire et politique (Paris) 1915-08-28. [10] Paris-Alger magazine (Alger) 1er décembre 1934 ; Alger-mondain (Alger) 8 décembre 1934.
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