D'après Alain-Marie Foy dans Le Vésinet, revue municipale, n°41, décembre 1977. Les limites du Vésinet Entre le 21 février et le 2 mars 1612, furent plantées onze « haultes bornes », pour fixer les limites est-nord-est, nord et nord-ouest des terres royales du Vésinet. Ces bornes étaient de pierre dure, de hauteur de trois pieds [environ 1 mètre] hors de terre. Elles portaient « les armoiries de Sa Majesté ». Le procès-verbal de plantement des bornes qui fut dressé à cette occasion décrit l'opération en un manuscrit de dix-huit pages.
L'emplacement exact des bornes
n'est pas connu ; on ne possède pas le plan de
l'arpentage et du bornage. En lisant le
procès-verbal, on peut tout au moins suivre le
chemin qu'ont parcouru les personnes chargées de
déterminer la place de chaque borne. Ce bornage
est essentiel pour l'histoire de notre commune. En
effet, la frontière actuelle entre Chatou et Le
Vésinet au nord du boulevard Carnot en résulte
intégralement.
Borne forestière portant les armes du roi Henri IV, découverte dans la propriété de M. Derumaux, avenue Horace Vernet (1972). Un mesurage complémentaire est
effectué le 24 février, le seigneur de Chatou
cédant à Sa Majesté « treize arpents quartier et
demi de terre, sablon et superficie étant
dessus », ce qui représentait une portion de la
route de Saint-Germain. A cette occasion est aussi
mesurée une « autre pièce de terre contenant
vingt-deux arpents à la mesure du roi », cédée
au roi et appartenant à un marchand et laboureur
de Montesson et « assis sur le terroir de
Chatou ». Il pourrait bien s'agir de la partie
du Vésinet délimitée aujourd'hui par l'avenue du
Parc, le boulevard Carnot, le boulevard de la
République. ... aussi laissant la susdite borne à dos allant le long desdits bois de la trahison acquis par Sadite Majesté et les landes qui restent audit sieur de Chatou allant gagner le chemin qui conduit de Montesson au port au Pec [actuelle route de Montesson] a été planté une autre borne de même pierre et hauteur que celles cy dessus, en laquelle est empreinte à un côté d'icelle les armoiries de Sadite Majesté regardant lesdits bois de la trahison, ladite borne distante de la susdite de trente perches [170 à 200 mètres]. Le 28 février, les sixième, septième et huitième bornes sont dressées. On peut estimer à bon droit que la huitième borne se trouvait à l'angle de l'avenue Pierre-Curie et de l'avenue des Pages. Mais pour les autres, on peut simplement faire des suppositions. Sachant les distances (en perches) les séparant, la septième pourrait se situer à l'endroit où l'avenue des Pages s'infléchit pour épouser le tracé de la limite d'avec Chatou. La sixième, au fond d'une propriété du boulevard des Etats-Unis. La cinquième aussi, d'ailleurs.
Le 2 mars 1612, on plante les trois
dernières bornes, destinées à marquer la
séparation avec les terres du seigneur de La
Borde, après l'acquisition que le roi en a fait
d'une partie. On se transporte alors « sur le
bord de la rivière de Seine, proche et attenant
les bois et terres vendus à Sadite Majesté par
ledit sieur de La Borde ». Le point de départ
du bornage doit se situer en bordure de Seine,
dans le prolongement approximatif de notre chemin
du Tour-des-Bois. C'est un exercice délicat mais passionnant que d'emboiter le pas – à trois cent soixante-cinq ans de distance – des mesureurs et arpenteurs jurés. Les descriptions données par le procès-verbal de 1612 n'ont pas la précision souhaitable, d'autant que le plan d'arpentage nous fait défaut. Il reste bien des inconnues, notamment pour déterminer l'emplacement des quatre premières bornes. *** Notes: [1] Ce bornage fut probablement complété et peut-être renouvelé plusieurs fois. On connait l'arrêt du Conseil d'Etat du 5 avril 1751, qui ordonnait la fixation, la délimitation, et le bornage de la forêt du Vézinet. [2] En 2006, à la demande des riverains l'Allée des Limites fut renommée Allée des Limites des Chasses Royales. [3] Le plan établi en 1780 par Main, premier arpenteur de la Maitrise des Eaux et Forêts de St-Germain (et la seconde version de 1783 ci-dessous) en dénombre 32 depuis la Seine en limite du Terroir de La Borde jusqu'à la Seine en limite du Terroir de Croissy. Elles sont précisément représentées mais leur numérotation ne concorde pas avec celles de 1612.
Plan de la « Fôrest du Vézinet » fait par Main, premier Arpenteur de la Maitrise des Eaux et Forests de St-Germain (1783). Ce détail fait apparaitre les bornes 8, 9 et 10 en lisière de Chatou, non loin du Carrefour royal (notre actuel rond-point du Cerf).
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