Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (suppl.), vol.16 (1877) et notes additionnelles. Bouchet, Brutus Paul Émile Homme politique français, né à Embrun (Hautes-Alpes) en 1840. Reçu licencié à Paris, il se fit inscrire comme avocat d'abord dans sa ville natale, puis à Marseille [1]. Bouchet est à Hanoï depuis 1885, où il jouit de la considération générale, son exil est très supportable ; aujourd’hui, marié à une femme très intelligente, il habite une superbe maison (style grec), qui lui appartient mais qui n’est point saisissable. On estime la fortune que Bouchet a pu acquérir honnêtement au Tonkin à trois ou quatre cent mille francs.... Hanoï, rue Paul Bert vers 1900. Cabinet d'affaires de Brutus Bouchet Cette relative réussite n'était pas du gout de tout le monde. Les adversaires politiques de l'ancien député, semblant oublier qu'il avait « purgé sa peine » avant d'aller se faire oublier sous d'autres cieux, présentaient les choses d'une autre manière. Ainsi, dans le Journal quotidien de Toulouse et du Sud-Ouest [se définissant comme organe quotidien de défense sociale et religieuse puis organe régional de redressement national, de défense religieuse et de progrès social ] : Cheveux blancs et barbe blanche, figure correcte de magistrat, portant dans les cérémonies officielles la cravate de commandeur du Dragon de l’Annam et la rosette de l’Ordre royal du Cambodge, Emile-Brutus Bouchet en imposerait peut-être encore aux gouvernants et à ses concitoyens […], mais tous à Hanoï, gouverneur général, procureur général, officiers, fonctionnaires, colons, connaissent son passé et apprécient durement son présent. Tous se demandent comment il se fait que cet ex-député, chassé de la Chambre, cet ex-agent d’affaires, occupe au Tonkin une charge généralement dévolue à d’honnêtes gens, et dont il ne se sert que pour défendre les pirates contre les intérêts de la France. Car Me Bouchet est l’avocat des Annamites et des Chinois contre les Français. De quel droit exerce-t-il ces fonctions ? Quelles influences le soutiennent ? ... [5] Son retour en France au début du XXe siècle et les dernières années de sa vie au Vésinet ont été complètement occultés. Les principales biographies qui lui ont été consacrées au XXe siècle s'achèvent avec son départ au Tonkin et par ces mots : décédé à une date inconnue en un lieu non précisé. Mentionné dans les annuaires locaux de 1905 et 1908, recensé en 1911 en compagnie d'un couple de domestiques (une cuisinière et son mari jardinier) ainsi qu'un valet de chambre, il profite d'une villa confortable (Villa Rolandes) dans un grand jardin.[6] Un jugement de divorce fut prononcé par le tribunal de Versailles le 5 avril 1905. [7] **** Notes et sources [1] Tiré au sort en position de conscription (1860) il est exempté pour cause de myopie. [Liste du tirage des jeunes gens de la classe 1860 conservée aux Archives départementales des Hautes-Alpes]. [2] Complément extrait du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny). [3] Complément extrait du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly). [4] Akhbar : journal de l'Algérie, 15 septembre 1889. [5] L'Express du Midi (citant La Libre parole) 15 janvier 1896. [6] Cette adresse figurait déjà dans l'annuaire de l'Union coloniale française de 1897 comme le domicile en France d'Emile Bouchet. Il y avait à Hanoï un boulevard Rollandes où se trouvaient certaines des plus belles villas coloniales. [7] Mme Bouchet (née Marie-Clémentine Philipp) n'a pas été recensée au Vésinet. Elle est décédée à son domicile parisien en 1916. [8] Site de l'Assemblée Nationale (2024) [9] Archives Départementales des Yvelines, Commune du Vésinet, NMD 1915 (n°105) et il repose au columbarium du cimetière du Père Lachaise (Division 87, case 6 316).
Société d'Histoire du Vésinet, 2024 • www.histoire-vesinet.org |