Sur l'initiative des Maires du Canton de Saint-Germain un banquet fut offert à M. Saulnier, à l'occasion de sa nomination comme chevalier de la Légion d'honneur. Cette manifestation de sympathie eut lieu le samedi soir du 31 mars 1928 au Pavillon des Ibis. Le prix du banquet était fixé à 25 francs. On pouvait trouver des cartes du banquet au secrétariat de la Mairie et les inscriptions étaient également reçues dans toutes les mairies du Canton.
Le Banquet eut lieu sous la présidence de M. Henry Bertrand, Maire de Saint-Germain et Conseiller Général. A la table d'honneur, aux côtés du Président avaient pris place: MM. Maurice Colrat, ancien Ministre, Saulnier, Maire du Vésinet, Gilbert, Conseiller d'Arrondissement, Chatel, Maire de Chatou, Maillet, Maire de Croissy-sur-Seine, Johnson, Maire de Montesson, Amette, Maire de Chambourcy etc., etc. ainsi que MM. Denariez et Courcier, adjoints au maire du Vésinet.
Aux autres tables, on pouvait remarquer la présence de plusieurs conseillers municipaux du Vésinet et des Communes voisines, ainsi que celle de MM. Oudin, Cloppet et A. Martin, représentants de la presse locale. Au dessert, M. Bertrand donna lecture des lettres d'excuse de MM. Galempois, Rouvier, Bonin et de la Municipalité de la Commune Libre des Charmettes qui ne pouvaient assister au Banquet pour des raisons diverses.
Des discours furent prononcés par MM. Gilbert, Bertrand, Chatel, Colrat, discours que l'on peut résumer en disant que tous les orateurs furent unanimes, non seulement à féliciter le Maire pour la juste et méritée distinction que lui avait décernée le Ministre de l'Intérieur [janvier 1928] en le nommant Chevalier de la Légion d'honneur, mais aussi pour reconnaître les nombreux services que M. Saulnier avait rendus au Vésinet, pendant la guerre, où, premier adjoint et le plus souvent en l'absence du maire, Gaston Rouvier, appelé à diverses missions nationales, il s'était beaucoup dépensé et où il avait montré ses capacités d'administrateur avec un tact et un doigté spécial pour concilier tous les intérêts.
Depuis sa première élection de Maire, qui remontait à la fin des hostilités, "M. Saulnier sut toujours veiller avec un soin jaloux à l'administration de la Ville, à la bonne gestion des finances et à aplanir certains conflits avec un esprit de conciliation et de justice."
Se lèvant à son tour M. Saulnier remercia d'une voix dont on sentait l'émotion l'étreindre, les orateurs pour les paroles flatteuses et amicales qu'ils venaient de lui adresser ; il termina en adressant aussi ses remerciements aux nombreuses personnes qui avaient tenu à assister à cette réunion familiale et aux représentants de la presse pour les articles élogieux qu'ils avaient publiés à l'occasion de sa nomination. Cette "réunion intime" à laquelle assistaient plus de 140 personnes se termina par des applaudissements chaleureux et répétés à l'adresse de notre sympathique Maire, M. Camille Saulnier.
Cet événement intervenant à quelques semaines des élections départementales [législatives], certains déploraient que l'on organisat des banquets plutôt que des réunions électorales. Ainsi, Léon Bruey, directeur du "Cri des Cantons de St-Germain, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi", journal radical socialiste supporter de Camille Saulnier, qui répondit en ces termes à l'invitation:
Mon cher Président,
Je vous remercie d'avoir bien voulu me convier à participer au banquet de samedi prochain. J'ai, personnellement, une sympathie très vive, à l'endroit de M. Saulnier, et la personnalité du Maire du Vésinet ne m'incite à aucune réserve.
J'ai exprimé mon sentiment dans le dernier numéro du «Cri», au sujet des réunions de Maires. Je parcours assez les campagnes pour savoir l'effort qui est à fournir. Ce ne sont pas des banquets qu'il faut organiser, mais des réunions publiques -La Croix de M. Saulnier peut se fêter après le 1er mai; les réunions publiques qui n'auront pas été réalisées ne pourront plus avoir d'effet après cette date. Il faut cesser de confondre le scrutin d'arrondissement avec le scrutin départemental. Je regrette la situation actuelle. Je suis prêt à me battre pour un candidat républicain qui nous mènera à l'assaut, et nullement pour banqueter pendant le mois qui nous sépare de la bataille.
L'élection du mois de mai suivant se soldera par le triomphe de M. Adam, candidat du gouvernement honni du Cri et de M. Saulnier [Le Vésinet faisait alors partie de la 4e circonscription de Seine & Oise. Avec 2161 électeurs inscrits, elle était, dans l'ordre d'importance la quatrième commune de la circonscription, après St-Germain (4901); Rueil (4891) et Chatou (2457)].
Le dernier jeudi de mars 1929, Camille Saulnier, convoqua le Conseil municipal pour une assemblée officieuse. Cette réunion, où 6 membres sur 21 étaient absents, avait pour objet les élections municipales prochaines. M. Saulnier annonça qu'il ne se représenterait pas; se posa alors la question de la désignation du son successeur. Il ne voyait, disait-il, que Gaston Rouvier qui avait été son prédécesseur...
M. Saulnier quant à lui n'aspirait plus qu'au repos. Celui-ci fut tout à la fois de courte durée puis, bientôt, "éternel". Camille Eugène Saulnier s'éteignit à son domicile, 12, avenue Diderot, le 3 septembre 1929. Il avait 70 ans.
Les obsèques, civiles, se déroulèrent le matin du vendredi 6 septembre. L'inhumation eut lieu au cimetière communal, dans le caveau de famille. Une affluence nombreuse accompagnait Camille Saulnier à sa dernière demeure. M. Adam, député, était présent à la levée du corps; Henri Cloppet nouveau Maire du Vésinet, MM. Mallet Maire de Croissy et Conseiller d'Arrondissement, Bonin, Maire de Saint-Germain, Denariez et Courcier, anciens adjoints et Plunkett, ancien conseiller municipal, tenaient les cordons du poêle.
La presse releva dans l'assistance nombreuse la présence de MM. Descombes, Maire du Pecq, Barbier, Maire de Chatou, Voillereau, Maire de Montesson, Henry, capitaine de gendarmerie, Gaussé ancien contrôleur principal des Contributions directes; Cohendet, contrôleur des contributions directes; Vovard directeur de l'école des Garçons; Chatel, président du Comité Exécutif du Parti Radical de Seine-et-Oise; Deléris, Juge de Paix à Saint-Germain; Bouret, Section du Comité Socialiste; Martin, ancien conseiller municipal et de nombreuses couronnes et gerbes de fleurs avaient été envoyées.
Au cimetière, des discours furent prononcés par Henri Cloppet, qui sut retracer l'effort de son prédécesseur. Ce tableau élogieux et précis émut vivement l'assistance. Il fit honneur à la mémoire du disparu, et à la sérénité du nouveau Maire.
M. Plunkett prononça une allocution, où furent évoqués les souvenirs d'une amitié qui fut très vive. M. Bouret salua l'ancien Maire au nom du groupe socialiste. On chercha en vain Gaston Rouvier, absent.
Sans distinction d'opinions, tous les habitants du Vésinet se sont ensuite inclinés devant la tombe de leur ancien Maire.
Sources
1. Le Cri des cantons de Saint-Germain-en-Laye, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 1928 - 1929.
2. Journal de Versailles, 1928 (26 janvier).
3 .Journal de Poissy et ses environs , 1929 (12 septembre).
3. Le Semeur de Versailles et de Seine-et-Oise, 1929 (14 février / 11 avril / 12 septembre).
Société d'Histoire du Vésinet,
2010- www.histoire-vesinet.org