Les Peintres du XXe siècle, Paris, 1927

Maurice Dubois
Peintre d'HistoireMaurice Dubois

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Il me reste maintenant à dire pourquoi j'ai tenu à inscrire le nom de Maurice Dubois en tête de cette collection.
J'ai choisi Maurice Dubois parce que le cas de cet artiste, sur l'oeuvre de qui se pencha, admirateur le clair regard du grand Claude Monet, est un cas typique. Voilà un peintre dont la vie laborieuse a atteint le cycle de la cinquantaine; un peintre qui a de 1 800 à 2 000 toiles dispersées dans les galeries étrangères, de Londres, New York, Bruxelles, Vienne, dont huit tableaux honorent le Musée de l'Armée. Voilà un artiste qui n'a cessé de se renouveler d'année en année, prenant dans les apports picturaux des Ecoles nouvelles tout ce qui pouvait s'amalgamer avec l'Ecole classique, vivifiant la facture de celle-ci, l'assouplissant de ses mains robustes et l'accordant à toutes les exigences de la vision moderne; voilà un créateur qui unit au culte de la ligne le culte de la lumière, la passion de la couleur, pétrie à pâte pleine, jetée en touches hardies sous le choc de l'inspiration, sans retouche, ou pour mieux dire sans repentir et ce créateur est à peine connu du grand public, ignoré des marchands de tableaux, n'a pas son nom dans la liste kilométrique des Hors-Concours, n'a jamais obtenu le moindre billon de médaille et n'a pas la petite blessure rouge au coin de son veston...
Un tel paradoxe était intéressant.
Un vieil ami de Maurice Dubois me donna l'explication du phénomène. Le peintre avait passé trente ans de sa vie à l'Etranger. Ses envois intermittents à nos Salons n'étaient point passés inaperçus, mais leurs succès ne pouvaient être cristallisés. L'Artiste ne ramait point sur la galère officielle du Conseil des Dix et n'avait jamais prêté serment aux Doges qui régnaient tour à tour et l'Arche sainte, portée par les Pontifes, ne rendait point d'oracles en sa faveur.
Et il fallut le retour définitif de l'artiste dans son pays, l'installation de son atelier dans la calme et riante villa Eugène Delacroix, au Vésinet, et ses deux magnifiques expositions en 1926 et 1927, pour que son œuvre commençât à avoir du rayonnement.

Eugène Figuière, éditeur.


Ce volume est paru à l'occasion de la seconde Exposition, celle de 1927. Il est illustré d'une soixantaine de reproductions en photogravures des œuvres de Maurice Dubois. Elles sont hélas toutes en noir et blanc, mais quelques croquis et dessins sont intéressants.
Souvent cité à propos de Maurice Dubois et attribué à Henri de Régnier (dont le nom vient en tête de la liste des auteurs mais qui n'a, en fait, rien écrit sinon une lettre polie de refus d'y participer !) le livre rassemble les commentaires les plus importants (les plus élogieux ?) parus sur l'œuvre de l'artiste Maurice Dubois dans la Presse parisienne (le Journal, le Figaro, le Soir, l'Avenir) mais aussi dans la presse locale (la Liberté de Seine & Oise, le Journal de Poissy, le Républicain de Seine & Oise) et quelques revues d'Art. Les choniqueurs sont Paul Brulat, l'un des critiques les plus pénétrants de l'Ecole Impressionniste, ou encore Georges d'Esparbès, (un ami de trente ans), Edouard Helsey, Ernest Dupont, pour ne citer que ceux-là, disant tout le bien qu'ils pensent de Maurice Dubois, peintre d'Histoire, peintre de la figure, paysagiste impressionniste et magnifique interprête des splendeurs florales. En résumé, il apparaît comme l'un des artistes les plus compréhensifs et les plus complets de son temps", la compréhension de Dubois l'opposant ici à l'hermétisme de l'Art abstrait.
On notera que ce premier volume de la
collection des Peintres du XXe siècle fut imprimé au Vésinet, sur les presses de Charles Brande (23, rue du Maréchal Foch).


Société d'Histoire du Vésinet, 2005 - www.histoire-vesinet.org