Panthéon de la Légion d'Honneur par Théophile de Lamathière (Paris) vol. 22. (1875-1911)

Eugène comte d'Auriac

Conservateur, sous-directeur-adjoint de la Bibliothèque nationale, président de la Sociétés des Etudes historiques, érudit aimable et gentilhomme des lettres qui compte de nombreux appréciateurs et amis dans les compagnies savantes et artistiques de Paris et de la province, Eugène d'Auriac est né à Toulouse, le 17 octobre 1815 et décédé au Vésinet, le 14 juin 1891 [1].

Eugène d'Auriac se fit, de très bonne heure, un nom dans le journalisme en collaborant notamment à la rédaction du journal Le Siècle où il publia des Ephémérides qui firent rapidement connaître son nom. Dès 1841, il donnait des biographies remarquées sur des contemporains célèbres : Arnal, Lenormant, Reinaud, Ricord. Deux ans plus tard, il publiait un essai historique et politique sous le titre : Louis-Philippe prince et roi. La génération de 1830 n'a pas oublié l'immense succès qu'obtint le roman d'Alexandre Dumas père, Les Trois Mousquetaires. M. d'Auriac prouva par la production de documents oubliés ou inédits, que les héros du grand romancier n'étaient pas tous empruntés à la fiction. D'Artagnan, le fougueux batailleur, le causeur spirituel, le fin diplomate, avait existé avec le grade de capitaine-lieutenant des mousquetaires. Deux éditions de l'étude attestant cette révélation, prouvèrent, en 1847 et 1854, que la curiosité publique trouve satisfaction à rencontrer un peu d'histoire dans le roman. [2]
Vers cette même date, M. d'Auriac n'était pas seulement réclamé par la Société des gens de lettres, dont il est devenu un des membres les plus fidèles [3]et les plus utiles à la conservation des traditions confraternelles, mais aussi recherché par les sociétés savantes les plus notables de sa province d'origine, les académies de Toulouse, de l'Aveyron et du Tarn. Il leur adressa des monographies distinguées. A la suite d'une mission dans l'Albigeois (1851), il publia l'histoire de l'ancienne cathédrale et des évêques d'Alby (sic), qui obtint une mention très honorable à l'Institut.

Les travaux historiques et littéraires d'Eugène d'Auriac, sa collaboration à l'administration de la Bibliothèque nationale, lui méritèrent la croix de chevalier de la Légion d'Honneur en 1870.
Deux publications qu'il donna, l'une en 1874, l'Avant dernier siège de Metz en l'an 1552, et l'autre en 1878, Le Théâtre de la
Foire, fixèrent tout particulièrement l'attention de la Société des Études historiques qui, par une élection en date du 21 juin 1878, appela Eugène d'Auriac à siéger au nombre de ses membres. Depuis cette époque, M. d'Auriac a publié de nombreuses études dans la Revue de cette compagnie : 1882, la Saint-Charlemagne, récit des origines de cette fête de l'Université; Laure et Pétrarque, étude iconographique ; le Chevalier de Beaujeu, épisode militaire des plus dramatiques ; 1883, Le commerce de la France dans les premiers temps de la Monarchie ; 1884, Procès curieux entre une danseuse de l'Opéra et un acteur dramatique, l'infortuné Poinsinet ; Le Pays de Cocagne, recherche de cette contrée fabuleuse ; 1885, Nicolas Rienzi, histoire du fameux tribun italien.
Une collaboration aussi active qu'elle était profitable à la Société des Etudes historiques, mérita aux élections de 1886, à son auteur, l'honneur de la présidence.
Conservateur à la Bibliothèque nationale, Eugène d'Auriac fut nommé membre de la commission de l'inventaire des richesses d'art de la France. On nomme de lui une publication importante sur l'histoire de l'administration française, qui parut après sa mort, ainsi que Thamar, reine de Géorgie.

Nous n'avons pu mentionner qu'une partie des nombreux travaux d'Eugène d'Auriac, dont la liste complète serait trop longue à établir ici. Les armes de cette famille sont : d'azur à deux lions d'or, armés et lampassés de gueules, affrontés et tenant chacun une lance d'argent, la pointe en haut. Supports : deux lions. Couronne de comte. [4] Elle est aujourd'hui représentée par M. Victor d'Auriac, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, écrivain érudit qui continue dignement les traditions paternelles. [5]

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    Notes et sources :

    [1] La famille D'Auriac habitait en été une maison (aujourd'hui disparue) dans le Village du Vésinet, au 30 rue Ernest André. Eugène D'Auriac y est mort le 14 juin 1891. Ses obsèques furent célébrées à l'église Ste Marguerite toute proche, le 17 juin suivant. La plupart des articles annonçant son décès le situent par erreur à Chatou où la maison se trouvait au moment de son acquisition.

    [2] D'Artagnan, capitaine-lieutenant des Mousquetaires : Sa vie aventureuse, ses duels, ses rapports avec Athos, Aramis et Porthos, ses amours, ses missions politiques, ses combats, sa mort. Edition en 2 volumes, Paris 1847.

    [3] Il fut membre du Comité directeur de la Société des Gens de Lettres durant de nombreuses années et exerça la fonction de « président d'âge » en quelques occasions.

    [4] La maison d'Auriac fit enregistrer ses armoiries dans l'Armorial général de 1696. M. Eugène d'Auriac était devenu chef de titre, nom et armes par la mort de son oncle, Esprit-Raymond, comte d'Auriac, décédé le 22 janvier 1871.

    [5] Eugène D'Auriac avait épousé en 1847 à Paris Adèle-Marie Voidel, fille de J.-B. Voidel et d'Adélaïde Frémont de Lécusson, petite-fille de Charles-Louis Voidel, député aux États généraux de 1789, président du Comité de salut public avant Robespierre. [Le Triboulet, 21 juin 1891]. Deux fils sont nés de cette union . Jules Eugène (1854-1936) et Victor (1858-1925). C'est donc l'ainé, Jules, ancien préfet, ancien consul général de France, diplomate, officier de la Légion d'Honneur, qui aurait pu prétendre au titre.


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