D'après Georges Massoulié, directeur d'exploitation de la SLEE, Bulletin municipal n°5, décembre 1966 [1] L'alimentation en eau du Vésinet (1966) L'histoire de la distribution d'eau au Vésinet est intimement liée à celle de la ville du Vésinet elle-même. Lorsque, en 1857, un banquier de Paris, Ernest André, et un industriel, Alphonse Pallu, créèrent la Société Pallu & Cie pour faire des bois du Vésinet une station de villégiature avec parc, rivières et pièces d'eau, ils eurent l'idée originale de financer l'entretien du parc par les recettes de la distribution de l'eau. C'est la raison pour laquelle, toutes les voies du Vésinet furent dès l'origine suivies par les conduites d'un réseau de distribution. Ce réseau établi en tuyau de fonte est encore en service pour une grande partie, tout au moins dans les zones sableuses où la conservation du métal est excellente. [2] Bien qu'ayant subi de nombreuses transformations et le bombardement du 3 mars 1942, un des bâtiments qui abritait les pompes élévatoires à vapeur d'origine, existe toujours et l'on peut lire sur sa façade la date de 1860 au-dessus de la devise Labor improbus omnia vincit (Le travail acharné vient à bout de tout). La Nappe de Croissy est exploitée également par le Service des Eaux et Fontaines pour la desserte de Versailles et des communes avoisinantes. Les forages de ce Service d'Etat sont creusés entre la Seine et l'Asile du Vésinet [l'hôpital] en amont des ouvrages destinés à l'alimentation de notre commune.
Le réseau du Vésinet est depuis longtemps relié à des communes voisines et actuellement ne forme plus qu'une entité unique avec les réseaux, de Montesson, Carrières-sur-Seine, Chatou, Croissy-sur-Seine, Bougival, Port-Marly et Le Pecq. Cet ensemble comporte trois réservoirs: un réservoir de 1.600 m3 situé au Vésinet même, en bordure du Lac Supérieur, un réservoir de 2.000 m3 à Carrières-sur-Seine et le troisième de 800 m3 au Pecq sur la colline dominant la rive gauche de la Seine. Sablière aval. Au fond, une des pompes de vidange pour la mise rapide en assec. (SLEE) Le Vésinet et ses environs, zone de la Banlieue caractérisée par l'abondance des jardins d'agrément, comportant également de grandes étendues maraîchères, présente des pointes de consommation d'eau exceptionnellement élevées. La demande des abonnés y dépasse 1 mètre cube/seconde le soir vers 18 heures, en période de sécheresse lorsque les tourniquets fonctionnent sur toutes les pelouses et sur les champs de carottes.
Sablière aval, cascade d'aération (SLEE) Au total, dans son état naturel, la nappe de Croissy était, au cours des dernières années, devenue insuffisantes pour alimenter les Villes et Communes qui pouvaient normalement compter sur ses ressources. En outre, la qualité de l'eau se détériorait progressivement par suite des infiltrations forcées de la Seine provoquées par l'abaissement du niveau d'eau. La « réalimentation » de la Nappe de Croissy [3] Au cours d'une réunion d'information, sous la présidence de M. Manière, Sous-Préfet de St-Germain-en-Laye, les représentants des huit communes de la boucle de Croissy réunis à l'usine élévatoire du Pecq, adoptèrent, en 1964, le principe de la réalimentation de la nappe de la Craie. Cette opération, qui consiste à enrichir artificiellement un gîte aquifère en y introduisant par infiltration dans des bassins spéciaux de l'eau de rivière préalablement traitée, apparaissait comme la seule solution à envisager. Une adduction d'eau lointaine, telle que le projet des Vals de Loire, était financièrement tout à fait impossible. Faute d'eau souterraine, il est inévitable de s'adresser aux eaux de surface, c'est à dire, dans notre région, à la Seine. Mais la Banlieue Ouest de Paris a le fâcheux privilège d'être immédiatement en aval de la capitale, ce qui veut dire que la Seine y est gravement polluée par des déversements massifs d'eaux usées. A l'étiage, il est exclu d'utiliser directement son eau, même avec les procédés d'épuration les plus modernes. Par contre, il avait été constaté depuis longtemps, que l'introduction accidentelle, pendant les crues, de quantités d'eau importantes dans les sablières, se traduisait par un relèvement des niveaux sans que la qualité bactériologique de l'eau en soit aucunement affectée.
A droite, le bâtiment des réactifs. Réception de sulfate d'alumine en solution. (SLEE) Déclaré d'utilité publique par arrêté préfectoral du 21 juillet 1965, le projet a été, par avenants aux traités de concession, accepté par les huit communes intéressées : Le Vésinet, Bougival, Carrières-sur-Seine, Chatou, Croissy-sur-Seine, Montesson, Le Pecq, Port-Marly. A l'heure actuelle, la majeure partie des travaux prévue, dont le coût approchera de 20 millions de francs (2 milliards de francs légers) a été réalisée.
La crue de l'hiver 1965-1966, qui menaçait de couper à nouveau la berge de la sablière amont, a rendu nécessaire le remplissage de cette sablière et la mise en service accélérée des installations de l'usine de Croissy. Il en est résulté une remontée spectaculaire des niveaux avec augmentation du débit des forages, si bien que les pointes de consommations du mois de juin dernier ont pu, sans difficulté, battre les records des années précédentes. Ainsi Le Vésinet, avec les communes voisines, est assuré de disposer dorénavant d'une eau potable abondante.
MM. Legrand (directeur général), Bonfils (PDG SLEE) et Massoulié (directeur régional) **** Notes complémentaires : [1] La Société Lyonnaise des Eaux et de l'Eclairage, qui avait absorbé en 1924 la Société des Eaux et Terrains du Vésinet fondée par Pallu, était alors concessionnaire de la distribution de l'eau au Vésinet. Des plaintes récurrentes des habitants contre la dureté et le "goût" de l'eau du robinet avaient amené la Ville à interroger le directeur de la Lyonnaise, un ingénieur spécialiste de l'épuration de l'eau, Georges Massoulié, de présenter les nouvelles installations en cours de développement sur le site "historique" de Croissy. [2] Les dernières canalisations de cette époque ont subsisté jusqu'en 2015. [3] Georges Massoulié a présenté un travail du même sujet au Congrès de l'Association Générale des Hygiénistes et Techniciens Municipaux (AGHTM, aujourd'hui ASTEE) à Paris en 1966, publié ensuite dans la revue Techniques et Sciences Municipales, A61, n°11, 1966. On y trouve de nombreux détails plus techniques sur la réalimentation de la nappe de Croissy. [4] Société Parramantois. - En 1902, le verrier Numa Parra installa son usine sur ce site de Croissy pour y fabriquer des verres spéciaux pour les instruments comportant une partie optique : appareils photographiques, caméras, jumelles, télémètres, microscopes, instruments de géodésie. Le verre était produit à partir du sable exploité localement. En 1963, SOVCOR Electronique,qui fabrique des composants électroniques (condensateurs verre, bâtonnets, résistances, paillettes de verre pour tubes cathodiques, lui succède. Elle n'expoite plus de sablière. Absorbée par des firmes américaines Corning d’abord, puis Vishay, SOVCOR fermera ses portes au début des années 1990 et les bâtiments centenaires seront détruits en 1996. [5] Longtemps considérée comme novatrices et très efficaces, ces méthodes ont connu leurs limites avec la montée en puissance de nouvelles sources de pollution chimiques, pesticides, médicaments, perturbateurs endocriniens, etc. [6] Cet article précédait une augmentation sensible des tarifs motivée par ces investissements importants. Les prix locaux étaient alors sensiblement inférieurs aux tarifs général du mètre cube dans la Région parisienne.
Société d'Histoire du Vésinet, 2016 - www.histoire-vesinet.org |