Tel est le titre d'une
plaquette de treize pages, publiée en 1885 à compte
d'auteur par le Docteur Maison[§], qui demeurait au 9, de la rue
de l'Eglise, devenue plus tard rue du Maréchal-Foch.
Après un exposé général sur les raisons de
préférer Le Vésinet à tout autre lieu de
villégiature, l'auteur procède, dans l'ordre, à
une analyse sommaire des caractéristiques du sol et de l'air du
Vésinet et ensuite à une étude biochimique des
eaux.
Les bienfaits de la
villégiature au Vésinet en 1885 La pollution urbaine ne date pas d'aujourd'hui. "L'air
confiné, l'oxygène absorbé par les respirations
humaines, les combustions dans les usines, l'éclairage etc., ont
engendré dans les grandes villes une maladie d'une extension
toute moderne, la phtisie pulmonaire", (n'oublions pas que c'est le
médecin qui parle). Le séjour à la campagne est
dès lors bienfaisant. On peut, certes, se rendre au bord de la
mer ou dans les stations des Alpes ou des Pyrénées. Mais
les bains de mer sont nuisibles à bien des enfants, qui
deviennent "irascibles, nerveux, insupportables". Et puis, la mer, la
montagne sont éloignées de Paris et "s'adressent
plutôt (en dehors des personnes gravement malades) à une
clientèle élégante, qui recherche plutôt les
distractions multipliées que la vie paisible, hygiénique
et modeste qui engendre la santé". Et le Docteur Maison
ajoute "la question toilette en éloignera aussi bien des
familles...".
Donc "mieux vaut le séjour à la campagne". Au
Vésinet, par exemple, dont l'auteur décrit l'aspect
général verdoyant et boisé ainsi que les coteaux
environnants. Pour encourager le candidat vésigondin, on le fait
de curieuse manière ; "II y a loin de là aux squares
parisiens, marécageux comme les Tuileries; les enfants y sont
libres et non encaqués comme des harengs dans un tonneau. Le
pays contenant peu d'ouvriers, les enfants y sont
généralement bien tenus, et on n'y voit pas la contagion
des teignes et des dartres s'effectuer comme cela est arrivé
souvent dans les minuscules squares susdits".
Le sol du Vésinet II possède toutes les vertus, "les
fièvres paludéennes y ont toujours été
inconnues". Mais "les jardiniers seuls trouvent à redire
à la sécheresse de la terre qui les force à un
surcroît d'arrosage"; tandis que s'en félicitent "enfants
délicats, rhumatisants, poitrinaires et tousseurs de toute
espèce, qui viennent spontanément au Vésinet, ou
sont envoyés par les médecins parisiens qui connaissent
depuis longtemps cette station". C'était incontestablement
de nature à attirer les acquéreurs en puissance des
villas vésigondines!
L'air
II est parfaitement sain: "Pas de casernes; se trouvent donc
retranchées les craintes d'épidémies dont ces
vastes habitations ont souvent été le point de
départ. Pas d'usines, donc un air délivré de tous
les produits gazeux que déversent dans presque tous les environs
de Paris les hautes cheminées qui passent devant l'œil
fatigué du voyageur, ornées de leur sombre panache".
Les vents sont moins fréquents et moins vifs que dans les
environs. L'influence purifiante de la verdure qui règne au
Vésinet et des forêts voisines se fait sentir de
façon évidente.
Les eaux Près de la seconde moitié de la plaquette
est consacrée à l'examen de la qualité des eaux du
Vésinet: le Docteur Maison y reproduit un article qu'il avait
rédigé en septembre 1884 dans le "Journal de
Médecine de Paris", la narration prend un ton nettement
différent: la description est rigoureuse mais perd le charme
naïf qui se dégage, pour le lecteur d'aujourd'hui, de la
première partie. C'est un exposé didactique qui nous est
présenté, sur lequel seuls des spécialistes
pourraient porter un jugement autorisé. L'auteur passe en revue
le milieu aquatique: les végétaux microscopiques, les
herbes, les mollusques, les "gaz dissous dans l'eau", tous
éléments concourant au classement des eaux en six types,
qui vont de l'eau claire et potable à "certaines flaques
d'eau à Gennevilliers, provenant des "égouts". Quant
à elle, "la population du Vésinet boit une eau
excellente, à peine chargée de sels de chaux", ce
qui est "très favorable à la nutrition des enfants,
et à la formation de leurs os en particulier". En terminant,
le Docteur Maison affirme que les eaux de la Seine à
Asnières sont "encore buvables" et que "le
bétail les préfère aux eaux de sources".
La tentation est grande,
avouons-le, d'ajouter un point d'exclamation. Tout cela était
écrit en 1884-1885, Le Vésinet comptait alors quelque
3.800 habitants. En achevant la plaisante lecture de cette plaquette,
on conserve la curieuse impression d'une "certaine idée"
du Vésinet, paradis des "tousseurs de toute espèce".
Heureusement, M. Fred Robida m'a précisé que le Docteur
Maison, qu'il a connu autrefois, passait pour un original.
Alain-Marie FOY
[§] Le Docteur Maison était le
médecin attitré de l'Orphelinat St-Charles, médecin de l'Etat-Civil, et fut
conseiller municipal.
Société
d'Histoire du Vésinet, 2003 - http://www.histoire-vesinet.org