Histoire du Vésinet > Histoire de l'Urbanisme > Ville du Vésinet – Étude historique et paysagère (1995) Commandée par la municipalité du Vésinet à l'automne 1994, elle s'inscrivait dans le prolongement d'un certain nombre de recherches concernant l'histoire de la commune à la suite desquelles, deux ouvrages avaient permis de faire le point sur la création du Vésinet et son développement ultérieur : • En 1975, à l'occasion du centenaire de l'érection du Vésinet en commune, une exposition eut lieu. La même année vit la publication de l'ouvrage de Georges Poisson, La curieuse histoire du Vésinet. L'auteur y offre un panorama complet de l'histoire du Vésinet, des origines de la forêt à l'établissement de la colonie, et de la transformation de celle-ci en commune. • En 1989, un Cahier de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Le Vésinet, modèle français d'urbanisme paysager, 1858-1930, donne à différents chercheurs l'occasion d'étudier la ville sous un angle nouveau. La préface, rédigée par l'historien de l'architecture François Loyer, et la première partie de l'ouvrage, écrite par l'historienne de l'art Sophie Cueille, replacent la création du Vésinet au sein du contexte général de création contemporaine de colonies et lotissements paysagers. Cet ouvrage permet également d'apprécier les interventions des différents collaborateurs du promoteur du lotissement, Alphonse Pallu, et notamment celle du comte de Choulot, dont on commençait à redécouvrir l'existence depuis à peine quelques années. Après la réalisation d'un inventaire-diagnostic du patrimoine arboré du domaine public effectué par la commune en 1992, il est apparu nécessaire de fonder le futur plan de gestion sur une étude historique et paysagère de la composition, afin d'orienter au mieux les différentes opérations d'aménagements qui devaient voir le jour dans les années suivantes, tout en respectant au plus près les intentions des auteurs du Vésinet, en les adaptant au contexte de la ville actuelle et aux exigences de la vie contemporaine. le Contrat Départemental d'Environnement (1991-1994). Le dossier, sous-titré "Le Patrimoine Paysager du Vésinet – Quel avenir ? "avait été réalisé par Sylvie Dumont, urbaniste, Adeline Hamon, historienne et Dominique Pinon, paysagiste. L'étude s'inscrivait dans le cadre d'un Contrat d'Environnement établi en 1991 entre le département des Yvelines et la commune du Vésinet. Il portait, d'une part sur l'établissement par un ingénieur-écologue d'un diagnostic sanitaire du patrimoine arboré de la commune et d'autre part sur la réalisation par un paysagiste d'une étude paysagère de l'ensemble du territoire communal, tant public que privé, avec définition d'objectifs et proposition d'un plan de gestion chiffré. Les principaux partenaires concernés, outre les services municipaux en premier lieu, étaient : l'historienne chargée du cahier de l'Inventaire sur le Vésinet, l'ingénieur-écologue chargé du diagnostic sanitaire, l'architecte des bâtiments de France et l'inspecteur des sites, les principales associations (Syndicat d'Initiative et de Défense du Site, Syndicat des propriétaires et des copropriétaires du Vésinet, Association pour la Sauvegarde du Vésinet et la Société d'Histoire du Vésinet). Le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement des Yvelines et la Société Lyonnaise des Eaux (encore propriétaire des lacs et rivières) furent également partie prenante. Les Contrats d'Environnement, créés quelques années auparavant par le département des Yvelines avaient été établis afin de réaliser un programme d'investissements en vue de la préservation, la restauration et la mise en valeur de l'Environnement et dont la diversité de nature, la recherche de cohérence, l'importance, l'échelle du territoire concerné, rendent inadaptées les procédures classiques et indispensable l'intervention de partenaires techniques et financiers divers. En 1994, les Contrats d'Environnement furent recentrés sur la protection du patrimoine naturel et des paysages. C'était le cas de la ville-parc du Vésinet représentant l'un des éléments majeurs du patrimoine à la fois architectural, urbanistique et paysager de la région parisienne. Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager. Art 70 (extr.): "Sur proposition ou après accord du conseil municipal des communes intéressées, des zones de protection du patrimoine urbain et paysager peuvent être instituées autour des monuments historiques et dans les quartiers, sites et espaces à protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d'ordre esthétique, historique ou culturel. L'objectif est d'assurer une meilleure protection du patrimoine en adaptant la protection au site et de créer un outil juridique décentralisé de gestion de ce patrimoine. En effet, les dispositions prévues pour la mise en valeur du patrimoine sont définies par la commune et par l'Etat. Ces dispositions sont transcrites sous forme de règles, qui s'imposent aux demandeurs d'autorisation d'occupation du sol. La ZPPAUP est une servitude d'utilité publique dont le périmètre et les règles sont annexés au POS. La proposition de créer une telle zone de protection d'un nouveau genre ne fut pas alors retenue par la Municipalité. Cette question n'apparaissait plus dans l'Etude Historique et Paysagère publiée l'année suivante. Il faudra attendre une décennie pour qu'un projet de ZPPAUP soit lancé au Vésinet. Plan de gestion et secteurs d'ambiance Après la réalisation de l'inventaire-diagnostic du patrimoine arboré du domaine public effectué par la commune en 1992, il était apparu nécessaire de fonder le futur plan de gestion sur une étude historique et paysagère de la composition. Ceci afin d'orienter au mieux les différentes opérations d'aménagements à venir. Ce projet, présenté au public en décembre 1995 (83 pages illustrées), se fondait presque in extenso sur le texte du contrat départemental de 1994. Il était enrichi du travail de plusieurs nouveaux intervenants s'ajoutant aux auteurs déjà cités : Marie-Laure Comon et Philippe Raguin, architectes-paysagistes, Jean Waniowski, architecte DPLG. En continuité directe avec cette première phase, le Comité de pilotage institué en 1994, choisit de porter l'attention sur certains secteurs d'ambiance incluant des parcelles publiques et privées dont certaines furent inventoriées de manière plus précise puis développées et incluses dans l'étude. - Les avenues de la Princesse et du Général de Gaulle - L'ensemble promenades d'Outremont et d'Oakwood - Le Lac de Croissy - Le Grand Lac et l'Ile des Ibis - Les Pelouses des Fêtes et du Moulin - La Grande Pelouse, Pelouses de la Cuvette et d'Angleterre Les propositions d'aménagement faites sur ces secteurs étaient alimentées par divers documents disponibles (plans, cartes postales anciennes, photographies, etc.) afin de saisir au mieux la pensée créatrice des fondateurs du Vésinet, et confrontées avec l'observation fine du terrain. Les orientations d'aménagement proposées sur les différents secteurs choisis par le Comité de Pilotage au printemps 1995, firent apparaître les points suivants : 1° Le diagnostic sanitaire établi en 1992, suivi du Plan de Gestion proposé alors, aboutit à l'abattage d'un arbre sur 3 sur le domaine public du Vésinet, à effectuer dans les 15 ans. Cette campagne n'est pas seulement nécessaire du point de vue sanitaire : pour les espaces paysagers les plus caractéristiques de la ville (lacs, rivières et pelouses); ce renouvèlement conditionne l'identité paysagère de la Ville. L'envahissement végétal étouffe l'espace, écrase les profondeurs et ferme certains lointains. La lumière n'atteint plus assez des sols surpiétinés que l'herbe ne peut couvrir.
2° A cet apauvrissement de la composition, s'ajoute un vieillissement du système hydraulique : berges apauvries et monotones, qualité médiocre des eaux, « durcissement » des rives par érosion ou renforcement des margelles béton, etc... Mais aucune requalification sérieuse de l'ensemble ne peut s'envisager sans une étude hydro-écologique complète faisant le point sur les conditions du milieu et préconisant des systèmes techniques d'amélioration du réseau. Ainsi, la réfection des berges reste soumise à un diagnostic global par un hydraulicien, pour le maintien ou non du fond béton sur l'ensemble du système par exemple.
3° Dans tous les cas, l'essentiel des travaux d'abattage, de replantation ou de réduction des couronnes peut commencer dès maintenant. L'urgence semble se porter sur l'alignement des avenues de la Princesse et du Général de Gaulle pour les 3 à 4 années à venir. Cependant, et en parallèle, le secteur du Grand Lac nous semble être, de part son rayonnement, le plus propice pour débuter la réfection de l'ensemble du réseau. C'est également l'occasion d'un rajeunissement possible du mobilier, de l'éclairage, des sols, etc. et d'une revitalisation de cet espace très fréquenté.
4° C'est aussi de là que peut partir une campagne d'information et de sensibilisation des travaux à venir, en lançant des promenades vers les futurs lieux de rénovation, tout en faisant redécouvrir aux vésigondins comme aux autres, la richesse des promenades. Cette campagne de sensibilisation paraît d'autant plus nécessaire que les Vésigondins sont très attachés au maintien de leurs arbres. Il faut cependant répéter que Le Vésinet n'est pas seulement une certaine quantité d'arbres au m². C'est une "composition" où l'arbre à sa place en créant des "tableaux" pris dans des parcours. Ces scènes tiennent autant à la forme du réseau viaire, aux contours des lacs ou des parcelles privées, à la position du bâti...qu'aux plantations. Il est donc nécessaire de faire comprendre ce qui fait la spécificité de ce patrimoine, pour en reconduire avant tout des "principes" et pas seulement des formes mortes, vides de sens. Aidée par certains riverains les plus dynamiques, secteurs par secteurs, la municipalité doit montrer l'exemple sur le domaine public et faire partager ses intentions, expliquées à tous. Une large exposition serait à monter, relayée sur le terrain par des panneaux informatifs, interactifs, pris dans des parcours et illustrant le principe des « tableaux» à recomposer. Le regard de chacun doit avant tout être « réveillé » sur place, de visu, pour que le message passe bien. Ce diagnostic sévère et les mesures radicales (et fort coûteuses) préconisées n'ont pas recueilli l'assentiment du public ou des élus pour être mis en œuvre. L'annonce de certaines actions comme le remplacement de tous les platanes de l'axe avenue de la Princesse / avenue du Général de Gaulle provoqua l'indignation. La campagne de sensibilisation tourna court.
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