Bulletin Municipal n°14, Décembre 1969 et n°21, Avril 1972 [illustrations complémentaires SHV]

Hommages à Gaston Rouvier
Maire du Vésinet de 1908 à 1919

A l'occasion du centenaire de la naissance de Gaston Rouvier, nous avons tenu à lui rendre hommage, en rappelant ici l'œuvre importante accomplie par lui dans notre commune.
Au mois d'août 1907, alors simple Conseiller Municipal, Gaston Rouvier fonde la Société Mixte de Tir du Vésinet, qui est donc l'une de nos plus anciennes associations locales et qui, depuis 60 ans, est toujours aussi active dans son stand du chemin du Tour des Bois. En 1909, la ville ne possédant alors que trois gendarmes, Gaston Rouvier crée, grâce à une souscription demandée aux habitants et après de multiples démarches, le premier poste de Police du Vésinet, composé à l'époque de trois agents et d'un brigadier, Van Langhenhoven, ce dernier devant devenir ensuite le premier Commissaire de Police.
En 1910, le mandat de Gaston Rouvier est marqué par la création du lavoir municipal et des premiers bains-douches publics (par subvention de l'Etat sur les jeux). C'est aussi l'amélioration de l'éclairage public, avec l'apparition des premiers becs à incandescence, du genre Auer, et de multiples encouragements à la Société d'Horticulture du Vésinet qui, à cette époque, était très dynamique et rendait de multiples services à tous les propriétaires de jardins.

En 1910, également, Gaston Rouvier obtint la cession de l'avenue de la Princesse, propriété de la Société des Eaux et de l'Eclairage [1], grâce à une subvention de 15.000 francs obtenue par la ville, et il fit mettre dans son axe le passage à niveau, élargi et muni de barrières métalliques.

Le passage à niveau avant (en haut) et après l'élargissement et la mise en place des barrières métalliques.

La même année, à l'aide de diverses adjudications et d'un don de deux mille francs de la Société des Eaux, il fit procéder à la réfection totale, à l'agrandissement et à la décoration de la salle dite "de gymnastique" qui devint la salle des Fêtes. Vaste et belle salle, dont le rideau de scène, décoré de marguerites, se leva bien souvent sur l'immense sapin de Noël des écoles ou sur les tables couvertes de livres, le grand jour de la distribution des prix, ou encore sur des pièces de théâtre, des conférences, des orchestres. On sait que cette salle des Fêtes dut, en 1957, être sacrifiée lors de la construction de la nouvelle poste.

L'ancienne salle des fêtes de l'avenue des Pages.

Entre temps, Gaston Rouvier avait fait ériger et inaugurer par le Ministre Guisthau, la statue de la République sur la place du Rond-Point (devenue Place de la République) qui garda son nom après la disparition de la statue, en 1941.
Gaston Rouvier marqua toujours un attachement particulier pour les problèmes de l'Enseignement primaire et c'est à lui que nous devons la construction de l'Ecole Pasteur, boulevard Carnot en même temps qu'il faisait élever le bâtiment du bureau de Poste auxiliaire voisin, pour les besoins du quartier du Rond-Point.

En avril 1911, Gaston Rouvier fût le fondateur et le premier Président d'Honneur du Syndicat d'Initiative pour le "Développement et la prospérité du Vésinet", dont l'intérêt évident pour une cité comme la nôtre, suscita aussitôt, de nombreuses adhésions [2]
Le Vésinet doit enfin, à Gaston Rouvier, la précieuse acquisition, en 1914, après de longues tractations, du site unique de l'Ile des Ibis, jusqu'alors propriété de la Société des Eaux. Le Pavillon, aujourd'hui Hostellerie, y existait déjà sous le nom de
Casino des Ibis, et il devint le lieu de bien des banquets municipaux. Tout proche, à sa droite, fut créé le théâtre de verdure, où se produisirent les plus grands artistes, dont Madeleine Roch, du Théâtre Français, inoubliable dans son interprétation de la Marseillaise, aux matinées offertes gracieusement à la population le 14 juillet. Sur la pelouse voisine du champs de Courses, la Fête foraine de la sainte Marguerite revêtait, à l'époque, un éclat particulier, mais elle dût être supprimée à la suite du procès intenté à la ville par le comte Robert de Montesquiou-Fezensac qui demeurait alors au Palais rose.

Pendant la guerre de 1914, bien qu'il fut appelé constamment à remplir d'importantes et délicates missions au service de l'Etat, du fait de ses fonctions d'Inspecteur Général des services administratifs du Ministère de l'Intérieur, Gaston Rouvier se dépensa sans compter pour la commune et pour son ravitaillement. Il assura l'alimentation de toute la ville jusqu'à la fin des hostilités grâce à la création d'une coopérative et d'une boucherie municipales. Il assura aussi le chauffage de tous pendant les hivers les plus rudes grâce à une licence de charbon, qu'il fût alors le seul Maire de France à posséder avant que l'Etat ne s'en assura le monopole. Aussi, en septembre 1918, reçut-il une adresse des habitants du Vésinet, "en reconnaissance des très grands services rendus par lui à la commune pendant la guerre".
Après l'Armistice, Gaston Rouvier fut chargé d'aller étudier sur place une réorganisation administrative et financière de la Tunisie, à la demande du Bey, mais auparavant, il avait été délégué a la Commission d'Armistice de Spa, où il présida avec autorité la Sous-commission Franco-Allemande de récupération de toutes les archives emportées par l'ennemi, et cela sous les ordres directs du Maréchal Foch et en collaboration avec les plus hautes autorités militaires.

C'est en récompense des services rendus, tant à l'Etat qu'à sa commune, que Gaston Rouvier fut nommé Officier de la Légion d'Honneur en juillet 1919. Le mois suivant, le Président du Conseil, Clemenceau, réorganisant l'Administration Préfectorale des régions libérées, et bien qu'il n'appartint pas à cette administration nomma Gaston Rouvier, Préfet des Vosges pour la réorganisation du département.
C'est alors qu'il dut, à son grand regret, renoncer à la Mairie du Vésinet, pour incompatibilité de fonctions. Sa tâche achevée, Gaston Rouvier, Préfet hors-classe devait reprendre ses hautes fonctions au Ministère de l'Intérieur couronnées par une dernière distinction, celle de Commandeur de la Légion d'Honneur, puis il prit sa retraite au Vésinet au milieu de ses livres et de ses écrits.

En 1950 il s'éteignait, dans sa propriété de la route de la Borde, entouré des siens, et en particulier de sa fille aînée, Mme Claris, que nous remercions ici d'avoir bien voulu nous communiquer ces souvenirs, qui font partie de l'histoire de notre commune, en hommage à la mémoire de son père.


Le 19 février 1972, le maire Alain Jonemann et le président du Syndicat d'Initiative Pierre Amelot inauguraient la stèle érigée à l'entrée de l'Ile des Ibis à la mémoire de Gaston Rouvier en présence des membres de sa famille.

La stèle porte l'inscription suivante : « L'Ile du Grand Lac fut acquise en 1914 par la Ville à l'initiative de Gaston Rouvier, maire du Vésinet de 1908 à 1919. »

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    Notes SHV:

    [1] En 1910, la Société des Eaux et de l'Eclairage n'était pas encore au Vésinet. La Société des Eaux et Terrains du Vésinet, dite aussi Société d'Anterroches, propriétaire des Lacs, rivières et pelouses ainsi que de quelques voies privées ne passera sous contrôle de la Société Lyonnaise des Eaux et de l'Eclairage qu'en 1921-24. Quant à l'avenue de la Princesse, elle était la propriété de l'Asile national de Convalescentes qui avait la charge de son entretien et souhaitait y renoncer.

    [2] Dès les premières années de la colonie du Vésinet, il existait un Comité de Propagande et d'Initiative qui devint avec l'érection du Vésinet en commune la Commission d'Initiative et de Propagande. Elles furent animées l'une et l'autre par Aimé Foucault. En 1911, le recours à la forme associative type loi de 1901 donna de la souplesse à cette structure. La plupart des avantages ainsi acquis disparut par l'adoption de lois sanctionnant la gestion de fait.

Société d'Histoire du Vésinet, 2002-2016 • www.histoire-vesinet.org