Témoignages de Martine de Rabaudy Pierre Hamp, mon grand-père Mon
grand-père habitait Le Vésinet et j'y habitais aussi. J'avais 14 ans quand
il est mort. Je peux témoigner qu'il "bougeait" tout le temps,
oui, c'était un homme toujours en rébellion. Il "bougeait" beaucoup
et jusqu'à la fin, il partait en voyage, allait et venait. Je suis sûre
et certaine qu'il est allé sur place, à Donzère-Mondragon. Je m'en souviens
puisqu'il me l'a raconté. [...] Mon grand-père habitait chez ses livres. Il avait acquis cette maison du Vésinet, abritée par les pins, cernée de vérandas et ornée de treilles, en fonction d'eux. Ce qui emporta son choix, c'était cette vaste pièce au haut plafond dont la vocation initiale était d'être une salle de musique et qu'il envisagea, sur-le-champ, pour sa bibliothèque: des milliers de volumes, reliés dans de fines peaux de couleurs rouge, marine ou fauve, selon les siècles littéraires, et sur lesquelles était gravé au bas de chaque tranche son nom : Pierre Hamp. Mon frère et moi, trouvions à ce sanctuaire, enrobé d'obscurité, un aspect inquiétant de grotte mystérieuse. En effet, pour préserver la fraîcheur des reliures, il avait fait remplacer les vitres ordinaires des longues fenêtres par des vitraux multicolores qui tamisaient la lumière du jour. Seule encoche sur toute la surface murale de cet espace, une alcôve réservée à un lit étroit. Car il dormait comme il travaillait, là, dans l'inséparable compagnie de ses livres.
Extraits de "Pierre Hamp, Inspecteur du travail et écrivain humaniste, 1876-1962" Ouvrage collectif coordonné par Dominique Guyot, Collection Mémoires du Travail, L'Harmattan, Paris 2005.
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