D'après les publications du docteur Emile Sergent (1867-1943).

L'Hôpital Temporaire du Vésinet (1916-1919)

Pr Emile Sergent (1867-1943)"La grande guerre, la guerre vengeresse et libératrice déchaînée sur l'Europe, fauche, en une folie de carnage, la jeunesse de notre pays. La mitraille abat nos soldats. Nous saluons, ces morts glorieux et nous acceptons, résignés et confiants, le sacrifice de leurs vies à la patrie. L'ouragan souffle avec rage; il passera; et, le calme revenu, les hommes cesseront de tomber sur les champs de bataille.
Mais, déjà, beaucoup succombent, sans même avoir été blessés, qu'atteint cette autre "grande faucheuse", la phtisie. Prenons garde que leur nombre augmente et qu'après la colère des armes gronde celle de la maladie, plus durable et plus meurtrière.
"

C'est ainsi que, dans une chronique du Figaro daté du 15 avril 1915, le docteur Emile Sergent (photo), sous le pseudonyme de « un prévoyant », alerte ses compatriotes sur la prolifération de la tuberculose dans l'armée après seulement quelques mois de conflit. A la philosophie de l'Etat Major qui considère que La balle d'un phtisique est aussi meurtrière que celle d'un homme bien portant, il oppose que le phtisique est aussi meurtrier par les balles qu'il tire que par les crachats qu'il expectore. Seulement les balles sont pour l'ennemi et n'atteignent pas toujours leur but, tandis que les crachats sont pour les camarades du dépôt ou de la tranchée qu'ils ne manquent presque jamais.

Dès 1915, la loi du 18 octobre « porte ouverture d'un crédit de deux millions pour assistance aux militaires en instance de réforme ou réformés pour tuberculose ». Pour l'exercice 1916, c'est un crédit de quatre millions de francs qui sera voté. Les fonds seront affectés à la création et au fonctionnement d'hôpitaux et de stations sanitaires sous l'impulsion de l'Assistance publique, des préfets et du député Honnorat, auteur parlementaire du projet. Dans les hôpitaux sanitaires seront hébergés et soignés les tuberculeux évolutifs. Dans les stations sanitaires seront accueillis les tuberculeux ouverts et latents où, durant les trois mois qui précèdent la réforme, ils recevront une éducation hygiénique appropriée.
Les mots "tuberculose" et "sanatorium" ont été bannis de la désignation de ces établissements afin de ne pas effaroucher le public. Lorsqu'il s'agit de procéder à l'achat ou à la location des locaux, les propriétaires et les riverains, effrayés par la perspective d'une promiscuité empoisonnée, oublient toute ferveur patriotique et se dérobent.

Hôpital Temporaire du Vésinet - Entrée principale.

Archives municipales du Vésinet

Médecin consultant d'un centre de triage des tuberculeux, à l'Hôpital de la Charité, à Paris, le docteur Emile Sergent, qui fait déjà autorité dans le domaine des maladies pulmonaires, se voit confier l'aménagement d'un "hôpital sanitaire temporaire" dans les locaux de l'Asile national du Vésinet. Quelques larges extraits de ses publications et quelques clichés conservés aux archives municipales et à l'hôpital du Vésinet ou au musée du Val-de-Grâce, permettent de reconstituer un épisode peu connu de l'histoire de cet établissement.

L'organisation générale de l'hôpital-sanitaire type "hôpital temporaire"
Extrait d'un rapport lu à la réunion des phtisiologues au Val de Grâce, le 12 avril 1917.

    "Dans ce cas, on aura recours à des constructions peu coûteuses, en bois, suivant le type anglais, à des baraquements suffisamment espacés les uns des autres et combinés avec des galeries de cure. Ces galeries pourront être indépendantes des baraquements ou leur être immédiatement annexées, suivant la disposition que nous avons réalisée au Vésinet. Un tel hôpital sanitaire, type de formation temporaire de fortune, ne saurait être donné comme type de l'hôpital sanitaire en général, lequel est, en somme, un sanatorium obéissant à toutes les règles exigibles pour l'organisation de ce genre d'établissement. Il conviendra surtout aux malades peu atteints, j'oserai presque dire à ceux qui, tout en étant-tuberculeux, ne sont pas bacillaires, ou, tout au moins — j'en demande pardon à mon collègue et ami Rist — ne crachent pas, dans le moment présent, de bacilles.
    C'est dans cet esprit et pour cette catégorie de tuberculeux que nous avons conçu l'hôpital sanitaire du Vésinet.
    On a dit que "la rapidité de la tuberculose est en raison directe de la densité de la population par unité de surface métrique".
    Bien que l'esprit géométrique ne soit guère, à mon avis, adaptable aux choses de la médecine, dont le principal intérêt réside dans la discussion qu'elles laissent ouverte aux idées philosophiques, j'ai retenu cette phrase parce qu'elle pourrait, si nous voulions, nous aussi, mesurer exactement l'hygiène nosocomiale, nous servir d'étalon dans l'appréciation de la superficie et de la contenance optimes d'un hôpital sanitaire-type.

    "Sous la direction de M. le médecin-inspecteur Sieur, directeur du Service de Santé du G.M.P., et sous la surveillance de M. le médecin principal Arnaud sous-directeur, nous avons organisé dans le parc de l'Hôpital Temporaire de l'asile du Vésinet un hôpital-sanatorium de fortune, en dix baraques pouvant contenir chacune vingt lits. Les baraques choisies, d'accord avec le génie, ont été les baraques Favaron.
    Ces baraques, convenablement espacées, ont été surélevées [comme on peut le voir sur la photo], de façon à laisser l'air circuler librement par-dessous et à éviter ainsi l'humidité. Chacune d'elles, comporte quatre petites chambres placées, par deux, à chaque extrémité; deux de ces chambres (à la même extrémité) ont été consacrées, l'une à l'aménagement d'un W.-C. avec tout-à-l'égoût, et l'autre à un poste d'eau avec lavabo à quatre places, à eau courante; les deux petites chambres de l'autre extrémité sont utilisées comme chambre d'isolement et comme bureau et chambre de l'infirmier de garde. — Les baraques sont chauffées chacune par deux poêles et munies d'un éclairage électrique branché sur l'éclairage général de l'asile."

Baraquements destinés à la cure des tuberculeux en hôpital-sanatorium de fortune : la galerie de cure adossée à la baraque
Extrait d'une note accompagnant des photographies remises au Musée du Val-de-Grâce,

Une galerie de cure, de cent mètres de longueur, a été montée dans une grande avenue du parc, convenablement orientée, de façon à permettre l'aération continue des malades. Cette galerie peut recevoir cent chaises-longues; elle a une élévation (4 m) et une profondeur (4 m) suffisantes pour que l'air et le soleil pénètrent facilement sans que la pluie puisse incommoder; rien ne serait plus simple, d'ailleurs, que de disposer sur tringles ou sur anneaux des rideaux contre la pluie fouettante ou le soleil trop ardent ou trop bas.

Hôpital temporaire - baraquement

Hôpital Temporaire du Vésinet - La galerie de cure adossée à la baraque
Collection Musée du Val de Grâce

Cette galerie de cure, ne pouvant contenir que cent chaises-longues et nos malades étant au nombre de deux cents, avant de faire construire une seconde galerie, nous avons eu l'idée de proposer à M. le médecin-inspecteur Sieur un dispositif qu'il a accepté, en raison des avantages que nous faisions valoir. Ce dispositif consiste à adosser directement à la baraque une petite galerie de cure [photo], pouvant contenir vingt chaises-longues, c'est-à-dire exactement autant de chaises-longues qu'il y a de lits dans la baraque. Il a l'avantage d'être très économique, puisque l'une des parois de la baraque sert en même temps de fond à la galerie de cure. Il a également l'avantage d'assurer en hiver une température plus supportable aux malades qui font la cure sur chaises-longues, puisque la galerie reçoit une partie de la chaleur de l'intérieur des baraques. Il a enfin l'avantage de permettre le passage direct des malades de la chambre-baraque à la galerie de cure; ils évitent ainsi la pluie et l'humidité du sol, inconvénients auxquels ils sont soumis, s'ils doivent se rendre à la galerie de cure et si celle-ci est distante et installée en une autre partie du parc.

Asile national avec, à l'arrière, les baraquements de l'hôpital temporaire 64.

Cliché IGN, 1919

Ces galeries-adossées ne présentent que des avantages. On ne saurait objecter qu'elles enlèvent de la lumière et de l'air à l'intérieur des baraques, si on prend soin de donner à leur toiture une inclinaison suffisante.
En outre, elles ne nécessitent point un personnel supplémentaire, la surveillance s'exerçant directement par le personnel attaché au service des baraques.
Ce dispositif nous a paru donner les résultats les plus satisfaisants et nous croyons devoir le signaler à ceux de nos collègues qui auront reçu la mission d'organiser un hôpital-sanatorium de fortune en baraquements."

Plaies pénétrantes de poitrine et particulièrement leurs phases secondaires et lointaines
Notes cliniques et thérapeutiques sur cent cas observés à l'hôpital complémentaire de l'Asile national du Vésinet.
En collaboration avec E. LECHEVALLIER
[1], Journal de Médecine et de Chirurgie pratiques, 25 janvier 1917.

Nous avons pu suivre, en une collaboration médico-chirurgicale constante, une centaine de cas de plaies de poitrine.
Avant de déduire de ces observations les conclusions séméiologiques et thérapeutiques qu'entraîne leur étude, il nous semble utile de préciser d'abord quelles catégories de blessés nous avons reçus dans notre formation, puis quels procédés d'examen nous avons suivis et quelle est la valeur relative de chacun d'eux.
Nos blessés peuvent être répartis en quatre catégories.

    1° Plaies récentes, fermées, sans infection pleurale, arrivées au Vésinet du 4e au 20e jour,

    2° Plèvres infectées et ouvertes, drainées soit par le trajet, soit par une thoracotomie, toutes avec résection costale.

    3° Séquelles lointaines de plaies de poitrine, du 3e au 10e mois.

    Il s'agit d'anciens blessés de poitrine envoyés par la Place de Paris, soit à la consultation de la Charité pour expertise, soit directement au Vésinet pour examen et observation,

    4° Anciens blessés de poitrine envoyés au Sanatorium du Vésinet avec le diagnostic de "tuberculose traumatique".

L'étude et le traitement des blessés de poitrine nécessitent la collaboration intime du médecin et du chirurgien ; nous y ajouterons celle, indispensable, d'un radiologue exercé et entraîné aux examens radiologiques du thorax.

Valeur des renseignements donnés par l'examen médical:

    a) Examen clinique local; signes sthétacoustiques. — Cet examen est facile et concluant, aussi bien à la portée du chirurgien que du médecin, quand il s'agit de grosses lésions: pneumonie, volumineux épanchement ; mais quelles difficultés ne rencontre-t-on pas dans le diagnostic des lésions profondes ou minimes: petits abcès du poumon, pleurésies enkystées, pleuro-pneumonies corticales limitées, adénopathies trachéobronchiques.

    C'est dans ces cas que l'avis d'un médecin autorisé s'impose. L'existence de la douleur, ses localisations, ses irradiations, le type de la gêne respiratoire et de la dyspnée, les caractères de la toux, de l'expectoration, de la voix, les modifications du rythme cardiaque, de la stabilité du pouls, sont autant d'indications séméiologiques dont la valeur sera toujours notée par un médecin entraîné aux difficultés d'un diagnostic clinique précis.

    b) La température. — Les frissons, l'élévation thermique aux hautes altitudes, qui accompagnent les grandes infections ne sauraient passer inaperçus. Mais il est de toute nécessité de prendre matin et soir la température de ces blessés déjà anciens de quelques semaines, qui se lèvent, sortent et semblent des convalescents.
    C'est la seule façon de dépister les minimes élévations vespérales à 37,8° - 38°C survenant après de longues périodes d'apyrexie, à la suite d'une fatigue, d'un refroidissement, et qui trahissent la persistance ou le réveil d'une infection locale.
    Des suppurations abondantes peuvent se collecter ainsi sans fracas. Nous avons vu évoluer en particulier des pleurésies interlobaires (un litre de pus dans une de nos observations) sans que la température atteignit 38,5°C.

    c) Le Poids. — Dans ces suppurations subaiguës, le poids a, à notre avis, une valeur diagnostique beaucoup plus importante que la température, Tant que les blessés restent en traitement, il est nécessaire d'établir la courbe évolutive de leur poids par pesées hebdomadaires: le fléchissement de cette courbe, avec une altération même légère de l'état général (anorexie, pâleur, asthénie), doit faire penser à une suppuration profonde méconnue. La chute du poids a, dans ces cas, la même valeur diagnostique que dans les suppurations latentes de l'oreille moyenne et du cerveau.

Valeur des renseignements donnés par la radiologie.

    Les rayons X sont indispensables, non seulement pour voir et repérer les corps étrangers, mais pour suivre toute l'évolution des plaies de poitrine. Eux seuls permettent de préciser les lésions pariétales, les réactions pleurales, surtout les réactions profondes (médiastine, diaphragmatique ou interlobaire), d'y déceler des épanchements, les abcès du poumon, les foyers de pneumonie chronique autour des corps étrangers,les troubles mécaniques de la respiration par symphyse ou épanchement (aspiration, déformation, immobilisation du diaphragme, modifications statiques du foie, du coeur, de l'estomac...)

    A propos de ce dernier organe, nous signalerons deux cas dans lesquels l'examen sthétacouslique nous donna tous les signes d'une cavité hydro-aôrique de la base gauche coïncidant avec une plaie de poitrine du même côté et remontant en arrière jusqu'à la pointe de l'omoplate : l'examen radioscopique démontra qu'il s'agissait d'une immobilisation très haute du diaphragme gauche et du dôme gastrique.

    Cet examen est nécessaire, non seulement à l'arrivée du blessé, mais presque aussi souvent qu'un examen clinique complet, en moyenne tous les quinze jours et chaque fois que l'on a constaté de l'hyperthermie, même légère, ou de l'amaigrissement, La radiologie, toutefois, ne saurait donner un diagnostic complet ; la symphyse pleurale épaisse, surtout si elle s'accompagne de fibrose corticale, donne la même image qu'un épanchement pleural fermé, enclos dans une plèvre adhérente ;

    l'inclinaison du malade ne modifie pas l'opacité comme dans les épanchements en plèvre libre. La ponction et la thoracotomie exploratrice reprennent ici leurs droits.

    Tous les corps étrangers (23 observations) ont été localisés. Nous avons utilisé le vieux procédé des deux axes : le corps étranger est placé sur le trajet du rayon normal, l'entrée et la sortie du rayon sont marqués sur la peau du blessé au crayon dermographique. Sans bouger l'ampoule, on fait tourner le blessé sur ses talons et on fait de nouveau coïncider le corps étranger avec le rayon normal. Les quatre points marqués sont reportés sur un cyrtomètre en plomb moulé sur le thorax et dont le bord supérieur affleure les traits rouges du crayon ; le cyrtomètre avec ses points de repère sert à établir un calque.

    Comme contrôle, nous avons pris le plus souvent trois rayons au lieu de deux.

Salle de radiologie

Hôpital du Vésinet - Salle de radiologie

Collection Hôpital du Vésinet

Syndrome de bronchite chronique avec emphysème et adéno-médiastinite chez les anciens intoxiqués par les gaz.
Soc. méd. des Hôp., 13 Juin 1919. A propos d'une communication de MM. Clerc et Rousselot,intitulée "Symptômes cardio-vasculaires chez les ypérités".

"J'ai vu défiler, tant à la Charité, dans mon service de triage de tuberculeux, qu'au Vésinet, dans mon service spécial de "gazés", plus d'un millier d'anciens "gazés". Pour ne parler que des intoxiqués par l'ypérite, je dirai que j'ai été frappé par l'extrême fréquence des bronchites chroniques, accompagnées d'emphysème. J'insiste particulièrement sur la fréquence d'une toux coqueluchoïde des plus rebelles ; chez les hommes qui en sont atteints, l'examen radiologique permet de constater l'importance des adénopathies péri-bronchiques et hilaires et de l'imperméabilité de l'espace rétro-cardiaque. Je crois que ce syndrome est la conséquence de l'irritation bronchique persistante et que ces sujets sont atteints d'une sclérose broncho-pulmonaire étendue avec emphysème et dilatation des bronches, qui constitue une véritable infirmité, vraisemblablement définitive. Je reviendrai, d'ailleurs, sur ces faits lorsque je pourrai dépouiller les nombreuses fiches que j'ai réunies. [2]
J'ajoute que le plus grand nombre de ces anciens "gazés" sont envoyés dans les centres de triage de tuberculeux comme tuberculeux, et que, cependant, la tuberculose est tout à fait exceptionnelle chez eux. Sans doute, il en est quelques-uns qui étaient tuberculeux antérieurement et qui le restent ; mais ce qui me paraît incontestable, c'est que l'ypérite, pas plus, d'ailleurs, que les autres gaz toxiques employés au cours de la guerre, n'est un facteur d'éclosion tuberculeuse".

Hôpital Temporaire du Vésinet - Cortège d'ambulances

Archives municipales du Vésinet

De son expérience vésigondine, Emile Sergent [3] a tiré de nombreuses publications scientifiques et deux livres qui ont fait date dans la lutte contre la tuberculose, l'un sur les études cliniques et physiopathologiques sur les nombreux soldats passés par l'Hopital temporaire du Vésinet [4], l'autre sur les applications de la radiologie à l'étude de l'appareil respiratoire [5].
Pour une synthèse de la question, voir l'article de Pierre Darmon [6].

    Notes et sources:

    [1] Esprit François Ernest Lechevallier, chirurgien détaché pendant quelques mois à l'hôpital du Vésinet entre deux affectations aux ambulances de l'avant, où il est mort en opérant, terrassé par la broncho-pneumonie, le 7 nov 1918.

    [2] Emile Sergent et Joseph Haas - La tuberculose pulmonaire et les sequelles des intoxications par les gaz, La Médecine, mai 1920.

    [3] Émile Eugène Joseph Sergent (1867-1943), professeur de médecine, fut président de l'Académie de médecine et dirigea l'hôpital Boucicaut à Paris durant la Seconde Guerre mondiale.

    [4] Études cliniques sur la tuberculose (1908-1920), avec un appendice sur les mesures de préservation sociale, contre la tuberculose, par Émile Sergent, 2e édition, A. Maloine et fils (Paris) 1920.

    [5] Études cliniques et radiologiques sur les maladies de l'appareil respiratoire, par Émile Sergent, A. Maloine et fils (Paris), 1922.

    [6] La Grande Guerre des soldats tuberculeux- Hôpitaux et stations sanitaires, par Pierre Darmon, Annales de démographie historique, 2002 n°103.


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