Habitants célèbres du Vésinet > Luis Mariano >

MaGreLuMa ou « Les Lionceaux »
La villa de Luis Mariano au Vésinet

Après avoir habité durant quelques années dans une autre maison du Vésinet rachetée au compositeur Francis Lopez en 1949 [1], Luis Mariano acquiert en 1952, au 86, boulevard Carnot une villa construite en 1925. C'est une grande maison blanche de style néo-classique qui comporte un étage et un toit terrasse couronné par une balustrade. La façade principale est pourvue d'un porche de quatre colonnes toscanes. Mariano y fera réaliser d'importants travaux d'amélioration et d'agrandissement pour parvenir au bâtiment qu'il a occupé durant près de vingt ans et qui a peu changé d'aspect depuis. [2]


Magreluma avant la modification de la façade.

© Cliché Noir & Blanc, 1970

Il lui donne le nom de Magreluma (première syllabe des prénoms de ses parents et de leurs deux enfants : Mariano, Gregoria, Luis, Maria-Luisa). On la connaît maintenant comme la villa Les Lionceaux.


Luis Mariano devant sa villa en avril 1956.

© Paris Match 1970.

En 1956, le maire Jean Louvel, à la requête insistante du Syndicat d'Initiative, demande à son illustre concitoyen de faire retirer les tôles qu'il a fait installer pour occulter complètement sa propriété. Il se voit opposer une fin de non recevoir. A la décharge du Ténor à la voix de Velour, il faut reconnaître que la villa était régulièrement assiégée par une cohorte de groupies (le nom n'était pas encore à la mode mais le phénomène prenait de l'ampleur !) Ce fâcheux précédent n'eut pas de conséquences immédiates. La Mairie put, durant une trentaine d'années encore, faire respecter les règles d'urbanisme en matière de clôtures qui sont tellement bafouées de nos jours.
Du vivant de Luis Mariano, plusieurs reportages ou émissions de télévision ont été réalisés à la villa les Lionceaux. Ainsi, l'émission enregistrée le 21 octobre 1958, Mariano interprétant sept chansons ou encore l'émission Au-delà de l'écran le 13 mars 1966 ou l'enregistrement d'une interview au sujet de l'opérette Le Prince de Madrid pour le Journal Télésoir du 27 février 1967.
Dans son livre consacré à Luis Mariano, Jean-Louis Chardans, ami intime de l'artiste, offre une description de la maison en 1969 : [3]

    La grande villa du boulevard Carnot ressemble parfois à une auberge. La vedette même absente, il y a foule, invités, amis, parents, parasites. Qui a connu la maison au temps des grandes années ne la reconnaîtrait plus, la belle ordonnance, le cadre raffiné semble bouleversé, des enfants jouent dans le hall d’honneur sur le prestigieux tapis, copie de celui de l’hôtel de ville de Saint-Sébastien. Sur les galeries-balcons surplombant l’entrée passent demi-nus des danseurs gitans regagnant leurs chambres après le bain.

    Sur les meubles précieux reposent des cadeaux de pacotille, les lambris de bois clair s’auréolent de taches, dans les vases de Baccarat paradent des fleurs de plastique. Dans le salon de musique, près du grand piano, un peintre ami a déménagé son atelier, pour exécuter plus à l’aise! le portrait... des enfants de la maison.

    Les pelouses du parc, hirsutes, froissées révèlent l’abandon et le renoncement. Des éclairages de fortune cloués à la diable pendent aux arbres. Au fond de la piscine hollywoodienne, sur deux doigts d’eau croupissent des jouets rouillés, des ballons crevés. Sur les marches du perron l’élégante biche de bronze n’est plus qu’un portemanteau de jardin. Le Vésinet ressemble à Sainte-Hélène...

Malade et alité, Luis Mariano demeura au Vésinet jusqu'au 24 mai 1970, date à laquelle il s'en ira vers son chalet d'Arcangues qu'il devra quitter le 9 juillet pour être hospitalisé à Paris où il décèdera le 14 juillet à la Salpétrière. [4]

La villa Les Lionceaux aujourd'hui


La grille austère de la propriété de Luis Mariano, toujours en place.

La revue Belles Demeures [5] nous offre l'occasion de découvrir l'intérieur de la villa d'aujourd'hui :

    [...] Le ténor Luis Mariano résidait dans la ville la plus select des Yvelines. L'ancienne demeure du « Chanteur de Mexico » s'entrouvre pour nous, le temps d'un après-midi ensoleillé. Dans l'ouest parisien, Le Vésinet est une commune discrète qui fait pourtant rêver. Le long de ses vertes avenues, bordées d'arbres centenaires, elle est parsemée de parcs, de lacs, de rivières artificielles et de châteaux occupés par des capitaines d'industrie ou des célébrités qui y ont élu domicile, comme le chanteur Luis Mariano, autrefois propriétaire de la villa « Les Lionceaux ».


    Telle une villa romaine, la villa des Lionceaux se dresse au cœur d'un parc paysager, face à une somptueuse piscine © DR

    Avec sa façade étincelante, son ancien hôtel particulier de style Restauration est édifié sur un parc arboré de 2 500 m² où trône une piscine de belle taille. Dans le grand hall d'entrée, au cachet classique, le salon et la salle à manger sont prolongés par un escalier à 2 faces qui mène à l'étage noble et à la chambre de maître. Roucoulades et mélodies ensoleillées y résonnent encore…

    Le ténor en tomba amoureux et l'acheta, au début des années 1950, en la baptisant « Magreluma », première syllabe des prénoms de ses parents et de leurs deux enfants. Après l'avoir transformée et agrandie, Mariano Eusebio Gonzalez y García, dit Luis Mariano, y coula des jours heureux pendant près de vingt ans, s'y réfugiant entre deux tournées pour mieux répéter ses nouvelles chansons.

    Majestueuse, l'entrée affiche les goûts de luxe du chanteur d'opérette pour son sweet home. © DR

    L'escalier qui mène aux chambres fait un clin d'œil à l'art contemporain que le ténor affectionnait. © DR

     

    Dans le salon, art, confort et calme absolu se conjuguaient pour le bien-être de Luis Mariano. © DR

 

****

    Notes et sources :

    [1] Cette maison, aujourd'hui disparue et remplacée par des immeubles, est décrite comme « vétuste, de style normand au milieu d'un grand parc avec de nombreux arbres et de broussailles et qui abritait quelques vestiges, comme un kiosque chinois et un petit pont rustique en ciment façon « faux bois » sous lequel affluait un mince cours d'eau qui s'écoulait en cascade au milieu de rocades. A l'entrée du parc, une dépendance de gardien avec garage.» Située au 43, avenue de Lorraine La bâtisse infestée par les termites menaçant de s'écrouler, Mariano et sa famille s'installèrent dans la dépendance qui sera aménagée dans un style basque. Dans un coin du parc, un grand mur fut transformé en fronton de pelote basque. Jacques Rouhaud, Luis Mariano, une vie, éditions Sud-Ouest, 2006.

    [2] La façade a subi quelques transformations, en particulier, le porche à colonnades a été surélevé au premier étage et surmonté d'un fronton dans les années 1990.

    [3] J'ai connu un prince, Luis Mariano par Jean-Louis Chardans. La Table Ronde, 1976 (Préface de Raymond Castans).

    [4] Regards sur Luis Mariano, 100e anniversaire de la naissance de Luis Mariano par Christian Cadoppi, Edilivre, 2014.

    [5] Magazine Belles Demeures, janvier 2017. L'aspect de la "piscine" doit beaucoup à la focale utilisée. Le bassin fait en réalité 6,5 m x 10 m et la propriété consiste en une parcelle de 2300 m² environ.

     


Société d'Histoire du Vésinet, 2017-2019 • www.histoire-vesinet.org