D'après Claude BEAUD, Vice-Président de l'AC78. La Marche de l'Armée, 29 mai 1904 Six mois furent nécessaires au journal
Le Matin pour organiser "la Marche de l'Armée" après
celle des Boursiers, du personnel de l'Alimentation, des Midinettes etc...
L'épreuve se déroula sous une chaleur anormalement élevée pour cette fin de mai qui provoqua, selon les rapports officiels "de regrettables incidents" : une quarantaine de concurrents furent transportés dans des hôpitaux. Le bruit a même couru qu'un des soldats de la marche aurait succombé à Garches. Il résulte des recherches que cette nouvelle était inexacte. Une ambulance avait été établie dans cette commune chez un Monsieur Leroy. Pas plus d'un dixième des coureurs terminèrent l'épreuve. [A la suite de la parution de cette page web, la famille du caporal Maurice Antoine Baconnet, du 134e RI, nous a communiqué la copie de son acte de décès, en date du 29 mai 1904, à Paris rue de Sèvres n°151 et transporté au Val de Grâce, ainsi qu'un extrait de son livret militaire attestant de la cause de sa mort "insolation", alors qu'il participait à l'épreuve.]
Le vainqueur fut "un grand diable
harassé et poussiéreux dont les longues jambes, flageolant sous le pantalon
de treillis, semblent de taille à lutter avec les fameuses bottes de sept
lieues" (Le Monde Illustré, juin 04). Il s'agissait du
soldat Girard, 149e régiment d'infanterie d'Epinal, en 5 heures 18 minutes
48 secondes (d'après L'Illustration), 5 heures 19 minutes 48 secondes
(d'après F.F.A.C.N. Manche), 5 heures 10 minutes 45 secondes (d'après
la France Militaire).
Toutes ces prouesses furent enregistrées par un jury présidé par le général Marcot, commandant l'Ecole de St-Cyr. Après quelques repos et soins prodigués dans la Galerie des Machines, les soldats dispos firent honneur à un buffet monstre, qu'on en juge :
Ouf! On note quand même qu'il n'est pas
fait mention de vin; le "gros rouge" n'aurait donc pas eu les
faveurs de l'armée ? Quant au soldat Girard, il reçut, outre la coupe de Sèvres offerte par le Président de la République, un prix du Président du Sénat, des ministres, des élèves de l'Ecole Militaire de Saint-Cyr, un revolver de luxe du ministre de la Guerre, un livret de Caisse d'Epargne de 70 frs, un bon pour un complet, une bicyclette et ... une médaille de la Ville du Vésinet [seule ville traversée à avoir prévu une récompense !] coll. Ghestem Hélas, "pas de belles fêtes sans
lendemains" dit le proverbe. Une pareille épreuve ne pouvait aller
sans quelques graves inconvénients. Aussi fit-elle fait l'objet de nombreuses
et sévères critiques, et même d'une interpellation à la Chambre. En effet,
au Palais-Bourbon, le lieutenant-colonel Rousset interpella le ministre
de la Guerre, le général André. Ce dernier répondit à la tribune qu'il
"regrettait les conséquences de cette manifestation sportive, qu'il
n'avait pas prévues". Il demanda ensuite le vote d'un ordre du jour
le déchargeant purement et simplement de toute responsabilité et il l'obtint. Sources:
Société d'Histoire du Vésinet, 2006 - www.histoire-vesinet.org |