J.-P. Debeaupuis pour la Société d'Histoire du Vésinet, mars 2023.

La Maison Sépot, au Vésinet

Napoléon Sépot apparait sur la liste des acheteurs des parcelles vendues par la Compagnie Pallu dès le mois d'Octobre 1858, lors de la deuxième adjudication.
Acquéreur de plusieurs parcelles, il fera édifier sa maison sur une vaste propriété au bord du Lac de la Station du Pecq. A cette époque où les numéros de rues n'ont pas encore été rendus obligatoires, on désigne la propriété par le seul nom du propriétaire : La Maison Sépot. [1] Elle est décrite comme une belle propriété sise au Vésinet, à la station du Pecq, et se compose ainsi :

Une très jolie maison de campagne élevée sur cave, d’un rez-de-chaussée et d’un premier étage, comble au-dessus. Le rez-de-chaussée et le premier étage sont éclairés sur la façade par trois fenêtres, et sur le derrière par trois croisées. Magnifique vue donnant sur le lac de la station et sur les propriétés voisines. La maison est entourée d’un très beau jardin anglais planté d’arbres.

Une orangerie et d’une serre très bien installées.

Un réservoir avec salle de bains.

Une basse-cour.

Une maison de jardinier.

Dès les premiers rapports de visite pour la Société d'horticulture de St-Germain-en-Laye, la commission de quatre membres (MM. Cappe, Lecoq, Foucault et Laurent), chargée de la visite témoigne du désir des propriétaires de la colonie de cultiver leur jardin et fait aussi état de belles réalisations parmi lesquelles Le jardin de M. Sépot, négociant parisien créé par Emile Cappe lui-même, [qui] étale sa rampe fleurie sur les bords de la rivière. Le jardinier chargé de l'entretien, M. Tournefiez, est aussi mis à l'honneur.
Le journal L'Industriel de St-Germain, au détour d'un article, cite M. Napoléon Sépot, l'un des plus anciens propriétaires du Vésinet, et dont la charmante villa se mire coquettemeut dans les eaux du petit lac de la station du Pecq.

Napoléon Sépot vers 1870 (détail)

Photographe : Trinquart, 10 rue de Port-Mahon, Paris

Qui est donc ce Monsieur Sépot ?
Il est né à Sceaux, alors dans le département de la Seine, le 27 mai 1810 d'un père ancien soldat de la Grande Armée reconverti dans le négoce, ce qui peut expliquer le prénom peu usité – mais par la suite très répandu chez les garçons de toute la famille. Devenu tailleur d'habits, installé dans le pays d'origine de sa femme, Napoléon Sépot jouissait à Carcassonne d'une certaine notoriété que l'on mesure par la teneur d'un article paru dans Le Messager du Midi (avril 1867) :

La maison fondée par M. Méningue, il y a plus d'un demi-siècle, jouissait sous sa direction d'une réputation méritée ; après lui, elle obtint plus de vogue encore sous M. Napoléon Sépot, qui la quitta pour diriger à Paris un établissement qu'on peut classer au premier rang ...

En 1837, Napoléon Sépot épousait à Carcassonne Marguerite Graves, veuve depuis 1833 de Barthélémy Méningue, marchand tailleur d'habits mentionné plus haut. Dans les années qui suivirent, il assura le succès de son commerce. En 1845, M. Sépot achetait à Paris, au 22 rue St-Marc (2e), un fonds de marchand-tailleur (civil et militaire) qu'il ne tarda pas à faire prospérer.
De son mariage avec Marguerite Graves [2], naitra une fille unique Eulalie Ernestine (1835-1895). Cette dernière héritera de la propriété du bord du Lac, avec son mari Pierre Marius dit Mario Gavarry, négociant, après la mort des ses parents : Marguerite en 1867 et Napoléon en 1871. [3]
Deux vitraux seront offerts par la famille Sépot à la toute récente église Sainte Marguerite. L'un au nom de l'épouse décédée, l'autre par le mari. Le détail de ces dons fut rapporté dans un long article de L'Industriel de St Germain consacré à l'Art chrétien et aux vitraux peints, l'essentiel de l'article se rapportant aux verrières de la nouvelle église du Vésinet :

Le vitrail de la chapelle de la Sainte Vierge représente la Vierge-Mère Immaculée, patronne de la confrérie canoniquement établie dans l’église Sainte-Marguerite. Au-dessus de la tête de la Vierge, un lys d’une éclatante blancheur sort d’un buisson d’épines, avec cette devise, tirée de la Bible et s’appliquant à la vierge Marie sicut lilium inter spinas, devise qui est répétée à l’autel de cette chapelle, sur la bannière et sur les médailles de la confrérie. Au panneau du dessous figure le Pape, entouré des cardinaux et promulguant, en 1854, le dogme de l’Immaculée Conception.

Le vitrail de la chapelle des fonts baptismaux représente saint Jean-Baptiste, armé de sa croix et prêchant dans le désert ; au-dessus de ce sujet, on remarque une légende du XIIIe siècle, figurant Notre-Seigneur descendant aux Limbes, et au-dessous le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain par saint Jean. [4]

****

Notes et sources :

[1] Elle donne sur la Route n°2-Rive gauche désignée aussi comme route de l'Arrivée. Ces appellations ne figurent que rarement sur les plans de l'époque. Le nom de route de la Station du Pecq a aussi été employée, jusqu'en 1878, où elle sera officiellement dédiée à Georges Bizet. En 1889, 18 ans après la mort de son propriétaire et fondateur, la Maison Sépot était encore désignée ainsi sur la liste d'Eugène Benard, secréaire de mairie.

[2] Marguerite Graves avait épousé en premières noces Barthélémy Méningue, tailleur d'habits avec lequel elle eut deux enfants : Polymnie (1820-1894) et Hilarion (1825-1880). Veuve en 1833, elle épousa Napoléon Sépot le 19 janvier 1837. Leur fille Eulalie, née en 1835, fut légitimée lors du mariage.

[3] Marguerite Napoléon Sépot (sic) est morte au Vésinet, commune du Pecq, le 6 novembre 1867. Son mari, Claude Napoléon Sépot l'a suivie dans la tombe le 28 août 1871. Au moment de ces décès, le cimetière du Vésinet n'existait pas encore.

[4] L'Industriel de St-Germain, 18 avril 1868. Il ne faut pas confondre les deux chapelles dont il est question ici, situées de part et d'autre du grand portail, avec celles édifiées plus tard avec le déambulatoire, en 1895, par Louis Gilbert.

Société d'Histoire du Vésinet, 2023 • www.histoire-vesinet.org