Texte de la fin du XIXe siècle Les ravages
des « Northmans » à Croissy, Chatou et Le Vésinet Dès le IXe
siècle, les premiers établissements ont dû se faire
voir sur les confins de la forêt du Vésinet. Et c'est sur
les bords de la Seine, à l'est, vers Chatou et Croissy, que les
abbayes et les seigneuries viennent d'abord s'implanter. Et
bientôt, autour, se groupent et s'abritent quelques serfs et
quelques cultivateurs. Cette première prospérité, ou du moins cette
première existence sur la forêt du Vésinet, ne
devait pas être de longue durée. En effet, dès 841, sous Charles-le-Chauve, les hordes
envahissantes et pillardes des Northmans apparaissent, brûlant et
saccageant tout sur leur passage. Trois routes privilégiées leur sont ouvertes pour venir
presque sous Paris détruire les villes et les villages, piller
les abbayes et les monastères et assiéger les seigneuries
et les châteaux forts. Et de cette époque de 841 datent des stations provisoires ou bourgades de Northmans, dont les noms, révélés par les chroniqueurs et conservés jusqu'à nos jours, indiquent l'origine malsaine et la terreur qu'ils inspirèrent aux voisins. Ces noms sont, sur la rive gauche du fleuve, Malmaison, Mala Mansio, Malasport, Malus Reportas, Maubuisson, Mala Dumus, qui existent encore ou dont on a gardé le souvenir et, sur la rive droite, sur les terres du Vésinet, Mauport, Malus Portus, qui n'existe plus, mais qui existait encore sous Louis XIV et qui occupait le territoire actuel de Croissy.
Après avoir
pillé ces lieux, les Northmans disparaissent, pour revenir
quelques années plus tard. Et, en 845 et 846, Charles-le-Chauve
vient en personne jusqu'à la Malmaison combattre les Barbares,
qui se sauvent dans leurs barques, les uns redescendant le fleuve, les
autres se jetant dans les bois du Vésinet, qu'ils abandonnent
après avoir mis le feu aux derniers débris encore debout
des monastères et des domaines seigneuriaux. Visiniolum , le Vésinet. C'est le titre le plus ancien et le premier nom que nous trouvons sur la forêt du Vésinet. [2] Echaufour, Cornillon sont donc des appellations postérieures, que rien n'explique jusqu'à ce jour. Mais plus la monarchie se développe, plus les abbayes se font de revenus, plus elles excitent l'envie et attirent la cupidité et la rapacité des Barbares. En effet, les Northmans trouvent une source de richesses dans leurs courses aux environs de Paris. Ils reparaissent en 850. Dans leurs premières courses, ils avaient pillé les dépendances de l'abbaye de Saint-Wandrille. Cette fois-ci, c'est Saint-Wandrille même qu'ils saccagent et brûlent. Et, quant au butin qu'ils peuvent faire sur le territoire d'Aupec, il doit être de mince importance, les abbayes et les seigneuries n'ayant eu ni le temps ni le loisir de reconstituer des domaines toujours sujets à la destruction et à l'incendie. Cependant, les Barbares disparaissent, et l'on voit surgir
bientôt les bourgs de Chatou et Croissy (Catno ou Chatoe,
et Crociaco). *** Note de la SHV [1] Les « Northmans » ou Normands. Les invasions normandes des IXe et Xe siècles ont vivement excité la curiosité des auteurs du XIXe siècle. Elles tiennent, dans l'histoire, entre le grand mouvement des peuples germaniques du Ve siècle et la réaction de l'Occident chrétien contre l'Orient musulman qui enfanta les croisades, une place trop importante pour qu'ils aient pu les négliger. L'Histoire des invasions des Northmans dans la Morinie, par A. Paillard de Saint-Aiglan (1817-1903), chez Fleury-Lemaire (Saint-Omer) 1859, en est un bel exemple. [2] Divers articles mentionnent sans préciser la source que les romains nommaient ce lieu Vesigondum, ce qui donna le nom Vésigondin qui, de nos jours désigne les habitants du Vésinet. Nous n'en avons pas retrouvé l'origine.
© Société d'Histoire du Vésinet, 2002 - www.histoire-vesinet.org |