Monsieur le maire,
j'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre d'hier 3 octobre
par laquelle vous réclamez de moi une réponse au sujet des conditions
que vous m'avez faites relativement aux prétentions qu'élève votre commune
au sujet de certains droits d'usage sur la forêt du Vésinet. Cette affaire
intéressant beaucoup plus que ma société, la liste civile qui nous a
vendu cette propriété, j'ai communiqué que vos prétentions à monsieur
le ministre de la maison de l'empereur et ce n'est que le 24 du mois
dernier qu'il m'a fait faire sa réponse par l'administration générale
des domaines de la Couronne.
Je me proposais d'aller vous communiquer moi-même cette réponse mais
je suis tellement occupé que je n'ai pas pu trouver un moment pour avoir
l'honneur de vous voir. Monsieur le ministre me fait savoir par cette
lettre qu'il considère les prétentions de votre commune et de celle de
Montesson comme dénuée de tout fondement et m'invite à les repousser
de la manière la plus complète. Dans cette situation, je ne puis donc
répondre
à votre communication monsieur le maire que par un refus formel d'admettre
les prétentions de votre commune tout en vous témoignant le regrêt de
voir commencer mes rapports avec vous par une difficulté. Vous ne m'en
trouverez pas moins disposé, en toutes circonstances à rendre nos rapports
aussi agréables que possible car je suis convaincu que vous êtes animé
du même désir de votre côté.
Recevez, je vous prie, monsieur le maire, l'assurance de ma considération
très distinguée.
En me chargeant de l'affaire du Vésinet, j'ai été dominé
par la double pensée d'attacher mon nom à une grande entreprise, aussi
bien d'intérêt public que d'intérêt privé; je serais donc heureux, monseigneur,
de vous voir sanctifier par vos prières une oeuvre qui n'est pas seulement
pour moi une oeuvre de spéculation.
Discours à l'inauguration des machines hydrauliques
(1860)
Monseigneur, votre présence au milieu des travaux
de notre colonie naissante, les faveurs du ciel que vos prières viennent
d'y appeler, le haut et puissant intérêt dont MM. les ministres d'Etat
et des travaux publics veulent bien, en se joignant à vous, nous
donner ici un témoignage si direct, sont la plus haute récompense
morale des efforts qu'il nous a fallu développer pour mener à bonne
fin la tâche laborieuse que nous nous sommes imposée.
Je remercie Votre Grandeur, je remercie Vos Excellences, MM. les ministres,
au nom de tous ceux qui ont concouru à la création et à l'exécution de
l'oeuvre que nous accomplissons.
Déjà un grand encouragement nous avait été donné, lors que, dans son
auguste bienveillance, l'Empereur avait daigné m'admettre à l'honneur
de lui exposer nos projets. C'était, du reste, en nous inspirant des
hautes pensées qui ont présidé à cette belle création aux portes de Paris,
qui fait l'admiration du monde entier, que nous n'avons pas craint, nous
tout d'abord, simples particuliers, de donner à notre entreprise l'ampleur
et les proportions d'une oeuvre d'intérêt public.
Maintenant, messieurs, quelle en sera l'issue? c'est le secret de l'avenir.
Mais cet avenir, nous ne pouvons l'envisager qu'avec confiance, alors
que nous nous voyons entourés et soutenus par des sympathies si précieuses,
alors qu'une sainte prière vient de faire descendre sur nous les bénédictions
de la Providence.
Lettre à Monsieur l'abbé Moigno (1864) Publiée dans Les Mondes - Revue Hebdomadaire des Sciences, Paris , 1864.
J'ai eu l'honneur de vous entretenir plusieurs fois de mon projet d'établir un paratonnerre sur la flèche de l'église du Vésinet; j'en ai causé également avec divers physiciens et architectes; mais ces différentes conversations n'ont laissé que des incertitudes dans mon esprit. Je ne vois point les physiciens d'accord entre eux sur le meilleur système à adopter, et je recueille même des doutes sur l'efficacité de ce préservatif de la foudre. Plusieurs des architectes avec lesquels j'ai causé vont même jusqu'à repousser son établissement; je suis donc fort embarrassé.
J'ai causé longuement avec M. Perrot, ingénieur civil, qui a beaucoup étudié les paratonnerres, et dont les idées sont complètement en désaccord avec celles généralement admises jusqu'à ce jour; l'inefficacité des anciens paratonnerres, leurs dangers mêmes, tiennent, suivant lui, à ce qu'on a toujours établi une pointe unique et grosse de plusieurs centimètres, au lieu de pointes multiples et aiguës. J'ai été, je vous l'avoue, très-frappé de ses raisonnements et des expériences qu'il a faites devant moi; mais comme je n'ai aucune prétention à me croire un savant, je n'ose conclure par moi-même, et je prends la liberté de m'adresser à vous.
L'efficacité d'un paratonnerre tient surtout, suivant M. Perrot, à la multiplicité et à la finesse des pointes, mais aussi à sa communication avec la nappe d'eau souterraine, et c'est ici que se présente pour moi une grave difficulté. J'aurai beaucoup de peine à me créer au Vésinet un puits à niveau permanent, et je n'y arriverai pas sans d'assez grandes dépenses. Dois-je donc, en présence de la diversité des opinions, établir un paratonnerre qui sera assez coûteux, alors que je rencontre des esprits qui le considèrent même comme dangereux ?
Je vous serais bien reconnaissant, monsieur l'abbé, si vous vouliez bien me tirer promptement d'embarras, car on va poser la flèche du clocher d'un jour à l'autre.
Discours à l'inauguration de la première école
(20 mai 1866) Propos rapportés dans L'Industriel
de St-Germain du 26 mai 1866.
Quand les hommes se réunissent en société, et qu'ils
ont pourvu aux exigences de la vie, ils éprouvent le besoin d'élever
leur âme vers Dieu, ils veulent cultiver leur intelligence. [...]
Quand nous avons songé à créer le Vésinet, ma compagnie et moi, nous
avons voulu, avant tout, fonder une chose sérieuse et durable, et
pour toutes les études préparatoires que j'ai faites à cette époque,
je n'ai jamais séparé dans ma pensée les intérêts de ma compagnie
de ceux des habitants futurs du Vésinet [...]. C'est ainsi que profitant
d'un chalet que nous possédions à la station du Pecq, j'en ai fait
une maison d'école, en le transportant au village, et en le mettant à la
disposition d'un instituteur jusqu'au jour où la colonie du Vésinet
sera en mesure de fonder quelque chose de définitif. La population
du Vésinet s'augmente chaque jour rapidement, et nous avons déjà un
nombre assez considérable d'enfants des deux sexes appartenant aux
familles laborieuses. Le moment est donc venu de se préoccuper de
leur éducation [...].
Messieurs,
L'instruction administrative de l'érection du Vésinet en Commune est
aujourd'hui assez avancée pour qu'il devienne indispensable de vous exposer
quels doivent être, à mon avis, les rapports de la Société Pallu et Cie
et de la future commune, à raison de leurs intérêts collectifs et réciproques.
Depuis longtemps, vous le savez, cette question m'a préoccupé et depuis
longtemps aussi je l'ai étudiée et méditée, mais par un sentiment de
délicatesse que vous apprécierez, je me suis abstenu jusqu'à ce jour,
afin de laisser l'enquête se produire dans la liberté d'action la plus
absolue et pour que nos adversaires ne puissent alléguer que les votes émis étaient
le prix de concessions et de libéralités que la Société du Vésinet faisait à la
future Commune. L'article 2 du cahier des conditions générales qui régit
les ventes du terrain du Vésinet et qui est notre loi commune, est ainsi
conçu:
MM. Pallu et Cie, tant qu'ils demeureront propriétaires des voies de
communication et places, se réservent le droit exclusif de provoquer
l'érection du Vésinet en Commune et d'y donner leur consentement ; MM.
Pallu et Cie devront demeurer seuls juges de l'opportunité de cette mesure.
Cette stipulation qui semble arbitraire, au premier abord, n'a été inspirée
que par une pensée d'intérêt commun. Fondateurs d'une colonie dont les éléments
futurs leur étaient complètement inconnus. MM. Pallu et Cie devaient
protéger avant tout l'oeuvre qu'ils allaient entreprendre contre les
incertitudes de l'Avenir. Je savais, par une longue expérience, comme
ancien membre et secrétaire d'un Conseil Général, combien ces questions
de création de communes nouvelles, aux dépens de communes déjà existantes,
excitent de passions et de luttes acharnées. Je savais avec quelle irréflexion
elles sont parfois introduites en vue d'intérêts qui ne sont pas toujours
ceux de la communauté tout entière et sans être précédées d'une étude
suffisamment approfondie des voies et moyens.
MM. Pallu et Cie n'ont eu d'autre pensée, en se réservant le droit d'initiative à cet égard,
que de préserver les futurs habitants du nouveau pays qu'ils allaient
créer, des conséquences de démarches intempestives et prématurées. Mais,
ni ma Compagnie, ni moi qui en suis la personnification n'avons jamais
entendu conserver indéfiniment ce droit. En effet, quand la population
du Vésinet eut atteint le chiffre de deux mille âmes, quand ses habitants
eurent appris à se connaître, que le désir de former un groupe distinct
se manifesta parmi eux, je crus qu'il était de mon devoir de provoquer
une réunion générale de tous les propriétaires pour connaître leurs besoins
et leurs vœux.
Le 23 août 1867, je les convoquai pour le 1er septembre suivant ; je
me bornai à indiquer dans la circulaire de convocation que la réunion
aurait pour objet l'examen de diverses questions d'intérêt général, évita à dessein,
de parler de l'érection du Vésinet en Commune, afin de laisser l'opinion
se produire, à cet égard, en toute liberté. Dans cette assemblée qui
m'appela à l'honneur de la présider, il fut question d'organiser des écoles
gratuites, de favoriser le développement d'une société musicale en voie
de formation, d'appeler l'intérêt des habitants du Vésinet sur la Société des
Jardiniers et ... de provoquer l'érection du Vésinet en Commune.
L'examen de toutes ces questions, dont les unes étaient d'un intérêt
prochain, les autres d'un intérêt plus ou moins éloigné, conduisit l'assemblée à décider, à l'unanimité la
formation d'une commission de dix-huit propriétaires qui auraient pour
mission de représenter les intérêts collectifs des habitants du Vésinet,
dans toutes les questions d'intérêt général, sans toutefois pouvoir engager,
en quoi que ce soit, les habitants. Par une circulaire du 5 septembre
1867, je portais cette délibération à la connaissance de tous les propriétaires
et habitants du Vésinet.
Le résultat de ces études successives m'a fait accepter l'idée de transformer
le Vésinet en commune et de suivre, comme je l'ai fait depuis deux ans,
avec toute l'activité dont je suis susceptible, la réalisation de ces
projets. Si, dernièrement, j'ai cru devoir m'abstenir, en raison de ma
qualité de gérant de la Société du Vésinet, dans l'enquête qui a été faite
au mois de décembre dernier, vous en savez le motif. Vous connaissez
tous, Messieurs, la délibération du Conseil Municipal de Chatou, du 15
juillet dernier, qui représente les habitants du Vésinet comme obéissant,
sans s'en douter, aux intérêts de spéculation de la Société Pallu et
Cie. Vous savez tous, le cas que vous devez faire de semblables assertions
renouvelées de l'enquête sur l'érection de la paroisse, mais il ne suffisait
pas que tous les habitants fussent parfaitement fixés sur notre rôle
véritable, il fallait qu'il ressortit de l'enquête même, que MM. Pallu
et Cie n'ont exercé aucune pression sur les électeurs. Tel a été le motif
de mon abstention.
Je finis en résumant avec vous, Messieurs, les différentes questions
qui se rattachent à la transmission de la Société Pallu et Cie à l'administration
municipale de la future commune, de diverses dispositions d'intérêt commun...
1° — Consentement plein et entier, de MM. Pallu et Cie, à l'érection
du Vésinet en Commune.
2° — Abandon gratuit, par eux à la future commune, des voies de communications
et places, y compris celle du marché, des sentiers de promenades, ponts,
passerelles et du sol des coulées et pelouses. Le tout à la charge:
De conserver la disposition donnée aux routes, allées, sentiers, ponts
et passerelles, coulées et pelouses et la destination d'intérêt commun
qui leur est affectée, de les maintenir et entretenir sans jamais pouvoir
aliéner les coulées et pelouses, la future commune devant être substituée
activement et passivement aux droits et obligations du cahier des conditions
générales, qui lie la Compagnie avec les acquéreurs et les acquéreurs
entre eux.
6° — Abandon gratuit, à la future Commune, de l'Eglise, et de sa Place,
ainsi que du presbytère.
9° — Don à la Commune d'un terrain de six mille mètres, situé sur la
route Impériale, pour y construire la Mairie, les Ecoles et la Salle
d'Asile.
10°— Abandon gratuit à la future commune, de la place du Marché et du
droit d'exploitation dudit marché, dont MM. Pallu et Cie sont actuellement
investis.
Messieurs,
En prenant possession de l'écharpe municipale, que je dois à la
confiance de vos électeurs et à celle du gouvernement, ma pensée se reporte
naturellement vers une autre époque où, comme aujourd'hui, je dus accepter
l'honneur, en même temps que le fardeau, d'administrer la commune de
Pontgibaud, que j'habitais depuis 13 ans, comme directeur des mines argentifères
de ce pays.
Nous étions en 1849, la France venait de traverser la crise révolutionnaire
de 1848, les passions politiques maintenues sous la pression d'un gouvernement
régulier frémissait encore quand le fonctionnement légal de la constitution
amena des élections municipales qui me portèrent, en mon absence et contre
ma volonté, au conseil de la commune qui me nomma maire.
J'avais toujours décliné les honneurs municipaux qui m'avaient
paru incompatibles avec les nombreuses occupations que m'imposait l'entreprise
considérable qui faisait et qui fait encore la richesse du pays qui voulut
m'avoir pour maire.
Je résistais longtemps mais je dus me résigner à accepter ces honorables
fonctions car le conseil municipal était tellement divisé que j'étais
le seul lien possible qui pût lui permettre de fonctionner.
J'ai vécu ainsi pendant quatre ans en bonne harmonie avec ce conseil
jusqu'au jour où j'ai quitté ce pays pour me fixer à Paris. J'ai pu,
avec son concours, et avec des ressources budgétaires presque nulles,
fonder des écoles, créer une halle, une mairie, une justice de paix,
faire réparer des fontaines, etc.
Ces efforts m'ont valu la plus douce récompense
qu'un maire puisse ambitionner, l'inscription de mon nom sur la façade
de la Mairie, votée par le conseil municipal. Cette expression de
la reconnaissance de toute une population, je la dois à la ligne
de conduite dont je ne me suis jamais départi : respect des lois
de mon pays, franchise et loyauté.
Je vous prie de m'excuser, Messieurs, d'avoir pris ainsi la liberté
de vous faire remonter mon passé, car je ne l'ai fait que pour arriver
à vous dire combien ma tâche deviendra facile avec un conseil comme le
nôtre qui renferme dans son sein des hommes de haute capacité.
Les mêmes motifs qui m'ont fait hésiter en Auvergne à accepter
les fonctions de Maire se sont présentées de nouveau à mon esprit quand
M. le Préfet voulut bien insister pour me les faire prendre au Vésinet,
car je retrouve ici les mêmes difficultés de concilier mes nombreuses
occupations avec les mille détails de l'administration municipale.
J'ai eu aussi une autre raison de réfléchir. Quelques personnes
m'ont dit : "Mais n'allez-vous pas vous trouver dans une position
délicate ? Vous êtes le fondateur du Vésinet. Les intérêts de la Commune
ne vont-ils pas se trouver parfois en opposition avec ceux de votre Compagnie
?"
J'avoue que ceci a augmenté momentanément mes hésitations, mais
elles ont dû céder devant l'examen que j'ai fait des nombreux abandonnements
obtenus par moi de ma Compagnie en faveur de notre nouvelle Commune et
aussi devant le risque de voir se perdre du côté de l'administration
municipale la tradition qui doit conduire Le Vésinet à son entier achèvement.
Dans l'examen auquel je me suis livré je n'ai pu découvrir deux
intérêts : ceux de la Commune et de la Compagnie sont les mêmes, la prospérité
de l'une fera la prospérité de l'autre ; leur connexité est donc absolue
et personne mieux que le fondateur du Vésinet n'est en état de leur donner
une entière satisfaction, surtout avec votre concours, Messieurs.
Tout m'y pousse en effet : mon intérêt personnel, moral, matériel,
le sentiment de mon devoir envers la Compagnie que j'ai l'honneur de
représenter, le sentiment de mes devoirs envers les nombreux habitants
du Vésinet qui ont eu confiance dans son avenir en venant ici créer leurs
propriétés et qui peuvent se dire, eux aussi, les fondateurs de notre
nouveau pays.
Je vous promets, Messieurs, franchise, loyauté et bienveillance
pour tous, concours empressé à tout ce qui est utile et respectable.
Je vous promets aussi résistance énergique contre tous les empiétements,
d'où qu'ils viennent, résistance absolue contre les mauvaises passions.
Je vous promets enfin le respect des lois de mon pays, soit qu'il faille
les faire observer, soit que je doive les observer moi-même. D'une époque
aussi troublée que la nôtre, où les respects ont disparu, c'est un devoir
pour tout homme honnête de travailler à la reconstruction du respect
de la loi, le seul aujourd'hui possible dans l'état actuel de nos moeurs.
C'est assez vous dire Messieurs que je respecterai surtout la constitution
qui fait de la France un gouvernement républicain. Je souhaite que l'union
qui est le principe d'un tel gouvernement, se fasse dans toute la France
et qu'elle ne soit jamais troublée dans notre nouvelle Commune dont elle
fera la force et la prospérité."
Monsieur l'Adjoint,
L'esprit de conciliation dont j'ai fait preuve dans bien des circonstances,
m'a empêché hier encore, d'insister pour que la protestation que
jai eu l'honneur de lire au Conseil municipal, fut insérée au procès-verbal.
En cela, j'ai obéi comme toujours, à l'opinion de la majorité et, si
j'ai donné ma démission de Maire, c'est qu'il ne m'était plus possible
de rester à la tête d'un conseil avec lequel, d'accord quant aux principes,
je me suis vu trop souvent en désaccord quant aux voies et moyens.
Aujourd'hui, les mêmes raisons me font un devoir de ne plus siéger parmi
vous, et je crois de ma dignité de me séparer du conseil municipal.
J'emporte dans ma retraite, la satisfaction du devoir accompli dans toutes
circonstances, aussi bien envers le pays que j'ai créé, qu'envers la
commune que j'ai fondée, et à laquelle j'ai suffisamment donné de gages
de mon intérêt et de ma sympathie.
Veuillez agréer, Monsieur l'Adjoint, l'assurance de ma considération
très distinguée.
Discours à l'inauguration des bâtiments municipaux
(1879)
A. Pallu a quitté ses fonctions de Maire
depuis quelques semaines et n'occupe plus de fonction officielle.
Il répond à l'adresse personnelle du Ministre de l'Intérieur, Monsieur
Lepère.
Monsieur le Ministre,
Je vous remercie des souhaits que vous formez pour cette commune qui
m'est chère à tant de titres. J'ai voulu créer à proximité de Paris,
une ville de laquelle vous venez de visiter les bâtiments, et j'y
suis parvenu.
Permettez-moi de vous le dire Messieurs, ce n'est pas aujourd'hui que
je me sacrifie. Voilà 51 ans de travaux et d'efforts que j'ai dépensés
pour le bien du Pays. J'ai donc eu, par conséquent de lourds impôts à
supporter, des charges et des soucis sans nombre, afin de sauvegarder
les capitaux que j'avais à administrer. J'ai compris de bonne heure toute
l'importance de l'instruction et de l'éducation des masses ; toute ma
vie, j'ai suivi les inspirations de ma conscience dans cet ordre d'idées.
J'ai fondé en Touraine deux grandes usines et, il y a cinquante ans à Pontgibaud,
j'ai été un des premiers à fonder la Caisse de Prévoyance. Je puis dire
que dans toutes les circonstances de ma vie, mes actes ont eu pour but
la vulgarisation de l'enseignement et des institutions charitables. Et
je crois avoir ainsi rempli mon devoir et avoir, dans la mesure de mes
forces, participé à la loi commune qui demande que les bonnes volontés
des hommes s'unissent pour faire le bien. A la fin de ma carrière, je
suis heureux de voir mes efforts couronnés de succès ...
Société d'Histoire du
Vésinet, 2005-2007 - www.histoire-vesinet.org