D'après le Grand dictionnaire Larousse du XIXe siècle, Paris, (1876) et Wikipedia.

Les princesses de Conti

Six femmes portèrent ce titre, mais trois seulement étaient désignées ainsi par leurs contemporains.

Anne Martinozzi (1639-1672) princesse de Conti

Par sa mort prématurée et sa réputation de sainteté, Anne Martinozzi serait probablement la seule dont la mémoire pût être honorée par l'attribution de routes. Nièce du cardinal Mazarin, elle est née à Rome en 1639 et morte à Paris en 1672. Elle était fille de Girolamo Martinozzi, majordome du cardinal Barberini, neveu d'Urbain VIII, et d'une sœur du cardinal Mazarin. Le cardinal la fit venir en France avec ses cousines, Laure et Olympe Mancini, en 1649 afin de la pourvoir richement en s'entourant lui-même d'alliances. Anne Martinozzi, comme tout ce bataillon des fameuses nièces, était jolie. Peu de temps après que Laure Mancini eût épousé le duc de Mercceur, elle fut demandée en mariage par le prince de Conti, qui venait d'abandonner à Bordeaux les restes de la Fronde vaincue, s'était retiré dans son gouvernement de Languedoc et aspirait à faire la paix.
Ce fut son poète familier, Sarrazin, qui lui suggéra l'idée de cette union, et, quoiqu'il répugnât d'abord au frère de Condé et de Mme de Longueville d'épouser la nièce de leur ennemi personnel, il finit par le désirer vivement. De son côté, la nièce du cardinal eût préféré le duc de Candole, qui l'avait antérieurement demandée ; mais on fit taire ses préférences, tant il importait au ministre de s'allier à un prince du sang.
Les fiançailles furent célébrées en grande pompe à Compiègne le 21 février 1654. "La nièce de Mazarin était vêtue, dit la Gasette, d'un habit de velours noir qui étincelait de l'éclat des diamants dont il était couvert. Elle portait le lendemain, à la cérémonie du mariage, un habit de brocatelle, enrichi de perles. Le soir, on joua le Cid de Corneille."
La princesse de Conti n'eut pas l'existence tapageuse de ses cousines ; elle était pieuse, austère même et portée au jansénisme. Comblée de richesses et d'honneurs, elle aurait vécu plus volontiers dans un couvent qu'à la cour, si on l'eût laissée libre de suivre ses goûts. Ce fut surtout après une maladie dont elle faillit mourir que ses idées mystiques s'exaltèrent. Elle réforma ses toilettes, renonça aux bijoux et décida son mari à vivre dans le mariage comme dans le célibat. Un soir, Louis XIV voulut lui murmurer à l'oreille quelques paroles galantes ; elle fit un tel éclat que le crédit de son oncle en fut un moment ébranlé. Le duc de Candole et le marquis de Vardes échouèrent également. Devenue veuve à vingt-neuf ans, elle refusa de se remarier, afin de se livrer tout entière à ses pratiques de dévotion. Elle ne survécut, du reste, que quatre ans au prince de Conti.
Mme de Sévigné, dans une de ses lettres, à la date du 3 février 1672, a raconté ses derniers moments:

Cette nuit, Madame la princesse de Conti est tombée en apoplexie; elle n'est pas encore morte, mais elle n'a aucune connaissance; elle est sans pouls et sans parole; on la martyrise pour la faire revenir. Il y a cent personnes dans sa chambre, trois cents dans sa maison; on pleure, on crie: voilà tout ce que j'en sais jusqu'à présent ...

Madame la princesse de Conti mourut à quatre heures du matin, sans aucune connaissance. Elle appelait quelquefois Cécile, une femme de chambre, et disait: «Mon Dieu!» On croyait que son esprit allait revenir, mais elle n'en disait pas davantage.
Elle expira en faisant un grand cri, et au milieu d'une convulsion qui lui fit imprimer ses doigts dans les bras d'une femme qui la tenait. La désolation de sa chambre ne se peut représenter. Monsieur le duc, MM. les princes de Conti, Madame de Longueville pleuraient de tout leur cœur. Madame de Gesvres avait pris le parti des évanouissements; Mlle de Brissac de crier les hauts cris et de se jeter sur la Place : il fallut les chasser. Enfin, la douleur est universelle. Le roi a paru touché, et a fait son panégyrique en disant qu'elle était plus considérable par sa vertu que par la grandeur de sa fortune. Elle laisse, par son testament, l'éducation de ses enfants à Mme de Longueville.....

Il y a 20,000 écus aux pauvres, autant à ses domestiques. Elle veut être enterrée à sa paroisse, tout simplement comme la moindre femme...

Je vis hier sur son lit cette sainte princesse; elle était défigurée par le martyre qu'on lui avait fait à la bouche on lui avait rompu deux dents et brûlé la tête, c'est-à-dire que, si les pauvres patients ne mouraient point de l'apoplexie, ils seraient à plaindre de l'état où on les met. Il y a de belles réflexions à faire sur cette mort, cruelle pour tout autre, mais heureuse pour elle, qui ne l'a point sentie, et qui était toujours préparée."

Anne Martinozzi eut deux fils; l'aîné épousa Mlle de Blois, fille de Louis XIV et de Mlle de La Vallière, et mourut à vingt-quatre ans; le second fut le prince François Louis de Conti.

Louise Élisabeth de Bourbon-Condé (1693-1775) princesse de Conti

Une autre candidate, qui a la préférence de Georges Poisson, est Louise Élisabeth de Bourbon-Condé, princesse de Conti, puis princesse douairière de Conti, est née à Versailles le 22 novembre 1693 et morte à Paris le 27 mai 1775.
Fille du prince de Condé, et de la princesse de Bourbon, elle épousa le 9 juillet 1713 Louis Armand II de Bourbon-Conti (1695-1727), prince de Conti.
Jolie femme, d'un caractère très doux et de manières agréables, elle soigna courageusement son mari lorsqu'il fut atteint de la petite vérole en août 1716. Mais le mariage fut malheureux. Le prince de Conti était demi-fou et d'une jalousie maladive et violente et il trompait sa femme sans scrupule. La princesse, de son côté, n'avait pas tardé à prendre pour amant le marquis de La Fare, un cavalier de belle allure, futur maréchal de France. Devenue princesse douairière de Conti à la mort de son mari, elle se chargea, en 1746, de présenter officiellement à la Cour Madame de Pompadour.

Louise Élisabeth de Bourbon-Condé, princesse de Conti

Elle possédait à Louveciennes le château de Voisins et Louveciennes comptait aussi une "avenue de la Princesse [de Conti]". Mieux encore; si l'on se rapporte aux anciennes cartes du XVIIIe siècle où figure le château de Voisins et la longue allée bordée d'arbres qui y menait, sur le hameau de Louetienne, on peut remarquer qu'elle se trouve exactement dans l'axe de notre avenue de la Princesse.
Ce détail topographique nous fait penser qu'il s'agit de la bonne princesse car les allées du parc du Vésinet avaient avant tout un rôle esthétique et de perspective.

Marie Anne de Bourbon (1666-1739) princesse de Conti

On doit aussi mentionner une troisième princesse de Conti qui, selon le journal de Dangeau, accompagnait le roi à la chasse au Vésinet, le 23 septembre 1686. Fille naturelle de Louis XIV et de Louise de La Vallière, légitimée par lettres-patentes dès le mois de mai 1667. En 1674, elle est présentée à la cour qui loue déjà sa grâce et sa beauté. La Fontaine et Madame de Sévigné s'en firent l'écho.
La princesse sera la fille préférée du roi. Toute sa vie, elle sera également très proche de sa mère qu'elle visitera fréquemment en son couvent et de son frère le comte de Vermandois, disgrâcié par le roi.  Elle devint duchesse de la Vallière en
1675 mais continua à être connue sous le nom de Mademoiselle de Blois jusqu'à son mariage qui la fit Princesse de Conti (1680).

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