L'Architecture Usuelle, E. Thézard & fils éd., Dourdan (Seine & Oise) p. 173-176. Eglise Sainte-Pauline du Vésinet (Seine-et-Oise) "Je me félicite, disait un brave curé à l'un de ses confrères, d'avoir choisi M. X... comme architecte. Grâce à lui, mon village sera doté d'une cathédrale en miniature". On rapporta le propos à l'architecte; homme d'esprit, il se contenta de sourire. Comme notre confrère, celui-ci n'avait jamais eu l'idée de faire une cathédrale ni une miniature, mais simplement une église moderne de réalisation économique et nous ne pouvons mieux faire que de résumer, ci-après, le rapport rédigé par M. Croisilles pour l'inauguration. Il est assez curieux de constater que l'architecture religieuse, en France, depuis ces dernières années, a pris un essor nouveau que l'on eut été fort en peine de prévoir. Alors que des considérations de toutes natures semblaient devoir, de moins en moins, encourager la construction d'édifices affectés aux cultes, on a pu vérifier, tout au contraire, et par quelques exemples, notoirement typiques, qu'il y a en notre pays des artistes pour bâtir des églises et des fidèles pour les fréquenter. C'est exactement ce qu'a pensé M. Debeauve-Duplan, lorsqu'il fut appelé, sur le désir d'une généreuse donatrice, à composer les plans et à choisir la matière en laquelle serait réalisée l'église Sainte-Pauline du Vésinet. Le programme était celui d'une église pour une charmante petite cité, dont la prospérité s'accroît de jour en jour, le Vésinet. Cette ville possède déjà une autre église qui a été rendue célèbre par l'ensemble des compositions picturales que créa pour elle M. Maurice Denis. L'église Sainte-Pauline ne visait à autant d'importance, ni à autant d'honneur; elle voulait être l'édifice simple, économiquement construit et tel pourtant qu'il s'adornât d'une parure digne de sa destination. L'intéressant de cet effort était qu'il devait répondre à la nécessité première de ne pas outrepasser un capital donné, on pourrait même dire généreusement donné [1]. M. Debeauve-Duplan adopta comme "matériau" le ciment aggloméré Système Bérard. C'est depuis quelques années seulement que cet ingénieux et logique emploi du ciment aggloméré a fait ses preuves, mais on doit reconnaître qu'il les fit de façon si éclatante qu'il bénéficia dans l'opinion, et du premier coup, d'une renommée incontestable.
Le plan de l'église Sainte-Pauline du Vésinet est celui d'une église à nef centrale et à deux collatéraux. La nef est en berceau, soutenue par une pile gothique à quatre fûts accolés, et les collatéraux sont, eux aussi, traités en berceau, et clos par un système de claires-voies élancées, favorisant dans l'intérieur de l'édifice une abondante distribution de lumière. Derrière cette abside se greffe une partie plus basse, à usage de sacristie et de services divers. C'est sous cette annexe que prend jour la descente vers le sous-sol, descente adroitement arrangée en façade postérieure, suivant le dispositif d'un perron dont un seul rampant monte alors que l'autre est originalement remplacé par les gradins descendant au sous-sol. En ce sous-sol, une salle de catéchisme, une chaufferie et divers services. Le caractère de l'œuvre a une netteté d'allure qui, sans aucun doute, correspond à la franchise des procédés de construction. C'est là une démonstration excellente, et une fois de plus, du sage emploi d'une matière disciplinée elle-même et nettement conditionnée par l'aftectation qu'on lui donne.
C'est ainsi que, dans le clocher, apparaît nettement la technique d'une construction qui revient à superposer des blocs préalablement moulés et rigoureusement goujonnés, les joints très avoués déterminant le volume de chaque élément. Ainsi en va-t-il dans le reste de cette façade principale et surtout dans les façades latérales où la technique collabore presque automatiquement, pourrait-on dire, à suggérer à l'architecte un heureux mode de décoration. En effet, par le simple agencement de meneaux et d'arcatures où, de bloc à bloc, peut exactement se préciser dans quelle proportion participent, à l'équilibre général, des éléments types, homogènes de matière et mécaniquement réalisés par une économique industrialisation, on peut arriver à se rendre compte que la proportion des baies ne pouvait être différente. Sans avoir jamais été commandé par son matériau, l'architecte, en la circonstance, s'est en quelque sorte appuyé sur lui, sur les qualités qu'il lui savait et sur les conditions de sa fabrication, pour aboutir à définir le style de son édifice. C'est là un fait capital et dont l'importance s'élève bien plus haut encore que la pointe du clocher de l'église Sainte-Pauline du Vésinet. [1] Don de Madame Adèle Chardron, en souvenir de son mari, Joseph Armand Chardron. Le nom de Pauline est celui de Pauline Chardron, leur fille, disparue en 1886, à l'âge de 20 ans.
Société d'Histoire du Vésinet, 2011- www.histoire-vesinet.org |