Sources: Archives municipales du Vésinet (1914-1919) Consommation, ravitaillement, rationnement Dès 1914, le problème de ravitaillement se pose. Les oeuvres sociales existantes, le bureau de bienfaisance, le fourneau économique seront en première ligne durant les premiers mois du conflit, soutenus par les habituels généreux donateurs tels le conseiller municipal Plumkett qui organisera une distribution de repas gratuits.
A son retour de Bordeaux, Gaston
Rouvier met en place une "Commission de ravitaillement" (en
vertu de l'état de siège, par arrêté municipal du 2 août 1914). Elle se
réunit le dimanche 24 janvier 1915, pour examiner les questions relatives
à l'augmentation progressive du prix de certaines denrées au Vésinet et
à la non-diminution du prix du pain. Elle décide d'entrer immédiatement
en pourparlers avec les six boulangers de la ville, et de faire surveiller
attentivement le cours des autres denrées. Elle compte sur le patriotisme
des commerçants, pour ne plus voir se renouveler les plaintes qui ont
été apportées à la mairie. MM. Bonnefond, Rouveirolly et Tabart, conseillers
municipaux, sont désignés pour constituer cette commission.
Le conflit s'éternisant, les difficultés
de ravitaillement se généralisant, les autorités municipales sont amenées
à mettre en place une structure qui prendra en charge elle-même la distribution
des produits dits de première nécessité. Ce sera le Syndicat Communal
de Consommation pour l’abaissement du prix des denrées de première nécessité,
pendant la durée de la guerre (SCC) qui fonctionnera de 1916 à 1919.
Il organisera le commerce de la viande grâce à une Boucherie Municipale.
Il achètera et distribuera le charbon, le Cardiff, le Northumberland,
l'anthracite puis le coke et le "poussier".
Et ainsi de suite. La progression des péniches devant débarquer leur précieux chargement au Pecq était suivie avec impatience. Les nouvelles et les décisions du SCC étaient diffusées par voie d'affiches, souvent manuscrites.
Les livraisons se font par secteurs
tirés au sort. Les réserves de charbon sont vite épuisées: " Le Cardiff
et l'anthracite déjà vendus sont livrés dans le plus bref délai. Cardiff,
anthracite tel quel, anthracite "recriblé". On prend ce qu'on
trouve. Les acheteurs seront prévenus de la date approximative de livraison.
Toute commande non réceptionnée à la livraison devra être reprise à la
mairie par l'acheteur, à ses frais. Il sera dû, pour mise en cave, dix
centimes par sac. Lorsque les négociations permettent une réduction
des prix, acheteurs sont remboursés : "...Une somme approximative
de 11 francs par tonne sera prochaînement rendue aux acheteurs de Cardiff."
Il n'est pas question que le Syndicat fasse des bénéfices.
L'hiver 1917 est exceptionnellement rigoureux. Le dimanche 11 février 1917, dans la confusion et les bousculades, 57 500 kilos de charbon sont vendus au sac ! "Il n'y a pas de stock qui puisse suffire à de pareilles ventes" se lamente Gaston Rouvier. Le dernier arrivage ayant été inférieur de 100 tonnes à la quantité demandée, le conseil d'administration du S.C.C. estimant de son devoir d'en prêter une partie à l'usine de guerre, qui en avait un pressant besoin, et la température étant devenue plus douce on suspendit la vente jusqu'au dimanche 25 mars ! Pendant l'hiver, des ventes directes de
denrées de première nécessité ont lieu, dans la salle des Fêtes de l'avenue
des Pages, le dimanche matin, de 9 à 11 heures et le lundi après-midi,
de 3 à 4 h½. Elles comprennent légumes frais (carottes, poireaux et navets),
légumes secs (haricots, lentilles et févettes), pommes de terre, pâtes
alimentaires (macaroni, nouilles, vermicelle, petites pâtes), riz caroline,
savon de qualité extra. "De nouveaux achats sont à l'étude".
Une importante commande d'huile d'olive pure, non fruitée, est en route
(on l'espère). "Les adhérents qui ne se présenteront pas ces jours-là,
se priveront ainsi du bénéfice de toute vente pendant un certain temps.
La carte verte sera exigée de tout acheteur.
Pour obvier à la pénurie de lait, le S.C.C.
avait organisé la vente de lait concentré, sucré et non écrémé, des établissements
Nestlé [sic], tous les jours, au détail, au prix de un franc les 250 grammes,
dans les dépôts suivants: Maison Mancelle, 63 boulevard Carnot, Maison
Séguin, 130 boulevard Carnot, Maison Ferry, 18 route de Montesson. Dans
les mêmes points de vente, on se réjouit de trouver du saindoux de première
qualité, au prix de 4,80 frs le kilo, qui pouvait remplacer l'huile d'olive
en rupture de stock ! Malgré
l'armistice proclamée le 11 novembre 1918, le rationnement fut maintenu
et les tickets de pain pour le mois de décembre fûrent retirés à partir
du 20, à la mairie comme si de rien était. Le charbon reprenant la première
place avec le retour des frimas, on se préoccupait de connaitre son tour
en consultant les tableaux d'affichage: "Numéros [de
la carte de charbon] : 1 à 600, lundi 9 décembre,
de 9 h à 11 h ; 601 à 900, lundi 9 décembre, de 2 h à 4 h ; 901 à 1200,
mardi 10 ; 1201 à 1500, mercredi 11 ; 1501 à 1800, jeudi 12 ; 1801 à 2400,
vendredi 13 ; 2401 à 3000, samedi 14. Dans la limite des quantités
disponibles. Prix pour décembre, le sac de 50 kilos : houille, 5 francs
; anthracite, boulets, coke, 8 francs. [1] La maison Michel Perret, à Paris commercialisait alors différents appareils de conception américaine, ancètres de nos chaudières.
Société d'Histoire du Vésinet, 2006 - www.histoire-vesinet.org |