D'après Antoine Desbarrières dans Le Semeur de Versailles, 1911-1912. Voirie et cantonniers Sous le titre «  Le Vésinet  -  Questions de voierie  », le journaliste versaillais Antoine Desbarrières publiait à la fin de 1911 [1], le papier suivant que les promeneurs vésigondins comprendront  : Le Vésinet, pays de villégiature par excellence, est entouré d'une ceinture de rivières artificielles qui en feraient sa beauté et son agrément si la Compagnie des Eaux les entretenait suffisamment. Il arrive qu'en été, le courant étant presque nul, se dégagent des odeurs fort désagréables. Quand parfois les employés ratissent les feuilles et les immondices qui en recouvrent le fond, on devrait choisir un autre dépotoir pour cette boue nauséabonde que les bois de cette Compagnie. Les propriétaires ou locataires en bordure en sont fort incommodés.   Le lieu-dit le bassin aux carpes ...Vers le milieu de cette cascade existait un assemblage de pierres pour permettre aux piétons de passer d'un bord à l'autre.       Si le Directeur de la Compagnie faisait de temps en temps une petite promenade sentimentale le long des rivières, il s'apercevrait que les cascades en général, et celle qui est située non loin de l'avenue d'Alsace-Lorraine, en particulier, sont en très mauvais état. L'eau s'infiltre silencieusement sous les rocailles et l'on n'entend jamais murmurer sa joyeuse chanson. Vers le milieu de cette cascade existait un assemblage de pierres pour permettre aux piétons de passer d'un bord à l'autre. Ces blocs ont été changés de place par des mains malveillantes et les personnes qui veulent circuler par ce raccourci sont obligées de faire un assez grand détour pour rejoindre la rue. Cependant deux cantonniers sont logés juste en face et ont dû constater ce mauvais état de choses. Ils ont sans doute crû que la présence d'un employé de ladite Compagnie, habitant non loin de là, suffisait à la besogne... Entre les rues de la Cascade et de la Prise d'eau existe un petit pont en bois. Il tombe en ruine. Avant peu les malheureux piétons qui s'aventureront dessus iront prendre un bain forcé des plus désagréables. Nous espérons qu'il suffira d'indiquer à la Compagnie des Eaux ces réparations urgentes et nécessaires pour que les rivières soient plus propres et que nos cascades chantent la chanson du printemps.      
Entre les rues de la Cascade et de la Prise d'eau existe un petit pont en bois. Il tombe en ruine. Quelques semaines plus tard, dans le même hebdomadaire local, le même journaliste se faisait l'écho – disait-il – de la vox populi toujours insatisfaite de l'état d'entretien de la Ville-parc, s'en prenant cette fois aux employés couramment désignés sous le nom de cantonniers...[2] Les cantonniers du Vésinet Depuis environ un mois, bien des personnes s'abordent par ces mots « Avez-vous vu le cantonnier? » et l'interlocuteur de répondre  : «oui, je l'ai vu une fois cet été  depuis j'ignore ce qu'il est devenu...» En effet, les cantonniers du Vésinet sont comme les oiseaux migrateurs  ils fuient aux premiers froids. Vers le commencement du printemps, on vit ces braves gens par nos rues et nos chemins, faire diligence pour sarcler les herbes qui encombrent les trottoirs, ratisser les immondices et niveler les bordures. Ce premier travail est assez long, en raison des nombreux kilomètres de route qu'ils ont à entretenir. Il est vrai qu'ils ne s'occupent guère que des trottoirs  on ne sait pourquoi les chaussées ne les intéressent pas. Bref, vers la fin de l'été, ou tout au commencement de l'automne. De la dépouille de nos bois... on les aperçoit encore pour le dernier coup de la toilette d'hiver. Les feuilles sont ratissées et mises en tas mais, hélas, le vent, la pluie, les voitures et les pieds des chevaux les dispersent de nouveau. Après un mois et demi, les tombereaux passent pour les recueillir. Elles se sont envolées avec les derniers vents d'automne, en même temps sont disparus les cantonniers... A quoi peuvent donc être occupés ces employés municipaux durant les mois d'hiver ?   Le fontainier de la Compagnie des eaux à l'ouvrage   Le cantonnier du Vésinet, fauchant les 30 hectares de pelouses.   Le même un peu plus tard.   Il nous semble que par ces mauvais temps de pluie et de boue on devrait les voir redoubler d'activité pour empêcher nos rues devenir des lacs et des rivières. Ces Messieurs de la Commission de Voierie ne sont donc jamais passés avenue des Pages, en face l'établissement du Dr Ravegeot [sic], devant la gare du Pecq, face au lac, à la grande pelouse, route des Bouleaux, etc.. les jours des grandes pluies pour nous informer du motif qui rend ces endroits impraticables !... Sans doute, ces Messieurs ont les pieds au chaud, pendant que les pauvres prolétaires souillent les leurs aux boues du chemin ... Il y a cependant au Vésinet un agent-voyer, Que fait-il donc  ? Et pourquoi ne signale-t-il pas les endroits sales et marécageux, pour y porter remède  ? Il est urgent de parer au mauvais état de la voierie du Vésinet et de rendre à notre belle ville sa propreté d'autrefois. Il faudra attendre le printemps 1926 pour que la ville se décide à régler la question du bas-fond des Pages, qui se remplissait d'eau à chaque pluie importante, rendant inaccessible l'entrée principale de la clinique du docteur Raffegeau. La construction d'une canalisation destinée à supprimer le bas-fond fut décidée et votée en conseil municipal du 20 mai 1926 et les travaux réalisés peu après. [3] On a dit que le cerf de fonte qui orne le rond point Royal depuis juin 1928, fut offert à la ville par le fondateur de la clinique des Pages en remerciement de ces travaux. Veillons à la beauté du parc. Lorsqu'on se promène du côte de l'ancien champ de courses on aperçoit, dans l'île, une construction très ordinaire, qui a servi à un établissement de restaurant, limonadier. A côté, un vaste rectangle sur lequel s'élève une construction inachevée, ouverte à tous les vents et l'on se demande ce que cela peut bien être. Et il y a déjà longtemps que cette ruine lamentable existe, et l'on n'y fait rien. Il nous semble cependant que la municipalité fait à peu près ce qu'elle peut pour donner en général un aspect agréable aux promenades du Vésinet. Comment donc n'arrive-t-elle pas à faire supprimer cette vilaine construction qui donne l'impression des restes d'un bâtiment, non d'un édifice, détruit par le feu ou une secousse sismique  ? Nous comptons sur la vigilance et le bon goût de nos édiles pour trouver la solution d'un problème simple. Et puisque nous dirigeons nos pas de ce côté, signalons le vandalisme de gens qui ont dû se divertir à arracher de tout jeunes arbres, des arbres à racines nues  y en avait sept, plantés au bord, côté ouest, du grand lac. Il n'y en a plus que trois, les quatre autres ont été arrachés presque à fleur de terre. Ii serait utile d'exercer une surveillance active. Le parc du Vésinet est beau, il ne faudrait pas le laisser entamer par malveillance. C'était il y a plus de cent ans. Photographie aérienne du grand lac le 7 août 1923 - © IGN. On distingue le « casino » avant son agrandissement, à l'ouest un bâtiment à la place duquel sera édifié l'hôtel, et à l'est les trois premiers cours de tennis aménagés en 1921-1922. **** Notes et sources : [1] Le Vésinet - Questions de voierie, Le semeur de Versailles, 19 novembre 1911. On a conservé dans les citations la forme ancienne de « voierie ». [2] Les cantonniers du Vésinet, Le Semeur de Versailles, 21 janvier 1912. En 1912, les pelouses appartenaient à la ville (depuis 1876) et leur entretien était assuré par les employés municipaux. Les lacs et rivières appartenaient encore à la Compagnie des Eaux & Terrains qui devait en assurer la maintenance. En 1914, le grand Lac (lac des Ibis) passera aux mains de la commune. [3] le Cri des Cantons de Saint-Germain-en-Laye, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 5 juin 1926. [4] Le Semeur de Versailles et de Seine-et-Oise, 1er janvier 1911.
Société d'Histoire du Vésinet, 2019 •  histoire-vesinet.org |