Habitants du Vésinet célèbres > Cécile Rol-Tanguy (shv, 2024) Cécile Rol-Tanguy, militante et Résistante Le 8 mai 2020, jour du 75e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie face aux forces alliées, mourait la résistante Cécile Rol-Tanguy à l'âge de 101 ans. Jusqu’à sa mort, elle défendit le souvenir de l’insurrection parisienne à laquelle elle prit part en tant qu’agent de liaison.[1] Épouse du colonel Rol-Tanguy (1908-2002), chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de la région parisienne, connu pour avoir mené la libération de Paris avant l’entrée des blindés du général Leclerc, le 24 août 1944, Cécile Le Bihan était née le 10 avril 1919 à Royan (Charente-Maritime). Son père, issu d'une famille d'agriculteurs Bretons était venu louer ses jeunes bras dans les cultures maraîchères de la région parisienne, à peine âgé de 12 ans. Grâce à un engagement dans la Marine où il apprit un métier et devint quartier-maître électricien, François Le Bihan (1893-1942) découvrit la vie ouvrière, le syndicalisme, le militantisme, le communisme. ... Cécile suivit le cours Pigier de sténodactylo ... et fut embauchée en novembre 1936 au Syndicat des métaux CGT de la région parisienne... © Documentation PCF. En 1936, Cécile Le Bihan est embauchée comme dactylographe à la fédération CGT de la métallurgie, où elle fait la connaissance d’Henri Tanguy, un Parisien d’origine bretonne qui a quitté l’école à 13 ans et a été renvoyé de plusieurs usines d’automobiles pour y avoir organisé des grèves. Elle deviendra sa marraine de guerre lorsqu'il rejoindra les Brigades internationales pendant la guerre civile en Espagne, en 1937-38. Il en reviendra avec une blessure à la poitrine et un surnom de guerre « Rol », le nom de son ami Théo, tué par les franquistes. Je n’avais plus rien, racontait-elle. Mon père avait été arrêté, mon mari, je ne savais pas où il était, et j’avais perdu ma petite fille. Qu’est-ce qui me retenait ? Je rentrai dans la Résistance. Ça m’a aidée. Ça m’a apporté quelque chose. » Contactée par la CGT, devenue clandestine, elle accepte de dactylographier des tracts et des articles pour des journaux de la Résistance. Lorsque son mari rentre à Paris, en octobre, elle devient son agent de liaison. [4] Deux autres enfants, Hélène et Jean, naîtront en 1941 et en 1943. Cécile se sert de la poussette qui les transporte pour y cacher des documents secrets pour le réseau communiste des Francs-tireurs et partisans (FTP). Sous les rutabagas et les poireaux de son cabas, elle dissimule pistolets, grenades et détonateurs. Alors que son mari passe de planque en planque, elle vit avec sa mère et utilise des prénoms d’emprunt. « J’ai pris ma place dans ce qui allait être notre combat à tous les deux », raconte Cécile, toujours avec une simplicité qui force le respect. Et la petite dactylo des débuts, impressionnée par cet homme plus âgé, va devenir une résistante de premier plan. Au lendemain de la Libération, elle put enfin « marcher dans la rue sans avoir, comme durant les quatre années précédentes, à se retourner ». [4 ] Cécile Rol-Tanguy sort de l’ombre. Elle est reçue au ministère de la guerre, avec son mari ainsi qu’une vingtaine de chefs de la Résistance parisienne, par le général de Gaulle. [5] Le colonel Rol-Tanguy et Madame (1945) Archives municipales de Monteaux (41) Au lendemain de la Libération, alors qu’Henri Tanguy, désormais Rol-Tanguy (le patronyme sera officialisé en 1970) [4] rejoignait le général Koenig au Gouvernement militaire de Paris et commençait une carrière militaire, Cécile fut notamment chargée d’organiser le service social de l’état-major régional FFI, créé en octobre 1944, et qui fut intégré dans l’armée régulière en mars 1945. Dès lors, et jusqu’à la mise à la retraite d’office d’Henri en mai 1962, Cécile Rol-Tanguy resta au foyer, s’occupant en toute priorité des enfants. La famille s’était agrandi avec les naissances de Claire (2 octobre 1946) et de Francis (18 juillet 1953). La résistante Cécile Rol-Tanguy, lors du 65e anniversaire de la libération de Paris, devant l’Hôtel de Ville, le 25 août 2009. © Le Monde - crédit : Bertrand Guay / AFP. Par un étrange signe du destin, Cécile Le Bihan épouse Rol-Tanguy, celle dont Roger Bourderon, dans son ouvrage consacré à Rol-Tanguy [6] estime qu’elle fut « un rouage essentiel au côté de l’une des figures majeures de la Résistance, de la Libération, et de l’engagement communiste », est morte à Monteaux (41) le 8 mai 2020, alors que l'on célébrait le 75e anniversaire de la Victoire sur l'Allemagne nazie. Elle y est inhumée. **** Notes et Sources : [1] D'après Antoine Flandrin, Le Monde, 08 mai 2020. [2] Après avoir vécu quelques mois à Chatou (19, rue du Lieutenant Ricard), la famille Le Bihan habita au Vésinet, au 13 rue Jean-Laurent (derrière l'église Ste Marguerite) puis au 6 place de l'Eglise et enfin, de l'autre côté de la place, au n°9. [3] Originaire du Finistère, ouvrier électricien à la CPDE, François Le Bihan était, en 1926, secrétaire de la fraction communiste du syndicat CGTU de cette entreprise à Saint-Ouen. Il fut élu à la commission exécutive de la Fédération CGTU des Services publics et de l’Éclairage au Ier congrès de fusion en septembre 1927. En mai 1936, il signa un article célébrant la victoire électorale du Front populaire dans le Producteur d’électricité. Militant communiste clandestin, il fut arrêté (avril 1940) déporté (juin 1941) et mourut à Auschwitz-Birkenau le 19 septembre 1942. Une plaque salue sa mémoire au 8 de la rue Louis-Ganne à Paris (20e) où il habitait. Sa femme, Germaine Le Bihan née Jaganet, fut agent de liaison de l’EM-FFI de l’Ile-de-France en 1944. (Le Maitron). [4] Ibid. Le Monde, 08 mai 2020. [5] Le 28 août 1944, elle était la seule femme invitée à la réception du général de Gaulle au Ministère de la Guerre (Roger Bourderon). [6] Les souvenirs de Cécile Rol-Tanguy, résistante de la première heure » diffusé à la télévision les 11 juin 2011 et 20 octobre 2012. [7] Autorisé à substituer au nom Tanguy celui de Rol-Tanguy en application du décret du 21-10-1970 (Instructions du Parquet de Paris du 29-3-1972). (Mention marginale à l'acte de naissance, du 22 avril 1972). [8] Médaille de la Résistance (décret du 6 septembre 1945). Homologuée lieutenant FFI en janvier 1946. Chevalier de la Légion d'Honneur (10 juin 1984), officier (31 décembre 2002), commandeur (11 juillet 2008), grand officier (12 juillet 2013). Grand-croix de l'ordre national du Mérite (Élevée directement à la dignité de grand-croix en 2017 pour récompenser ses 75 ans de services). [9] Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Paris, Tallandier, 2004, 768 p.
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