D'après le Véloce-Sport, 29 avril 1886 (n°11, 2e année)
Championnat du monde des 50 milles - victoire de Duncan
Ce championnat, couru à Leicester sur la piste d'Aylestone le samedi 24 avril 1886, a réuni 16 partants sur 19 inscrits. Les absents étaient MM. Howell, Knowles et Vidal. Parmi les spectateurs qui étaient très nombreux, nous avons remarqué M. Clément, le sympathique constructeur français, le jeune Dubois, frère du grand coureur, et Vidal, le champion bordelais.
Voici le nom et les détails sur les partants :
1. H. Duncan
23 ans
74 kg
1m 42 (Rudge)
Montpellier
2. F. Wood
25 ans
72 kg
1m 47 (Humber)
Leicester
3. F. de Civry
24 ans
73 kg
1m 42 (Rudge)
Paris
4. T. Battensby
25 ans
75 kg
1m 44 (Rudge)
Newcastle
5. J. Dubois
24 ans
70 kg
1m 40 (Surrey)
Paris
6. F. Lees
31 ans
77 kg
1m 42 (Humber)
Leicester
7. J. Birt
23 ans
72 kg
1m 42 (Humber)
Northampton
8. A. Hawker
24 ans
73 kg
1m 47 (Humber)
Leicester
9. R. James
26 ans
71 kg
1m 45 (Humber)
Birmingham
10. J. Lumsden
25 ans
66 kg
1m 42 (Humber)
Aberdeen
11. S. Clarke
20 ans
68 kg
1m 42 (Rudge)
Newcastle
12. W. Tyre
25 ans
76 kg
1m 43 (Humber)
Newcastle
13. J. Lanb
26 ans
72 kg
1m 42 (Rudge)
Newcastle
14. J. Mac
43 ans
76 kg
1m 44 (Humber)
Birmingham
15. O. Farndon
24 ans
72 kg
1m 50 (Rudge)
Birmingham
16. A.-H. Robb
18 ans
64 kg
1m 37 (Rudge)
Birmingham
La course a été menée par Tyre et Dubois et les dix premiers milles sont faits en 30'33" (16 km). Wood à abandonné au 6e mille ainsi que Hawker, etc., etc.
Au 11e mille; l'ordre est: de Civry, Dubois, Lees, Duncan, Tyre et Battensby; les autres sont distancés à ce moment. Le champion de France qui n'avait nullement l'intention de fournir la course abandonne la piste et devient spectateur. Tyre est battu à 26 milles et Battensby à 33.
L'ordre reste à Lees, Duncan, Dubois et Birt; à 45 milles, ce sont les seuls coureurs sur la piste. Le train est très sévère. Au dernier tour, Lees mène, et ce n'est qu'à 180 mètres du but que le courageux Montpelliérain fait son effort, et emballant d'une vitesse inouïe, Duncan gagne par 10 milles [sic; probablement 10 m ou 10 yard]; Lees, second, à deux longueurs devant Dubois 3e.
Temps pour les 50 milles (80.450 mètres): 2 h 49 mn 35 s 1/5.
Le record des 41, 42, 43, 44, 46, 47, 48 et 49 milles a été battu avec Lees en tête. Dubois n'a pas mené le train autant que nous le pensions. La coupe de champion ayant été gagnée trois fois par Duncan, elle devient maintenant sa propriété absolue [1]. Dubois a abandonné son Surrey, et c'est sur un Rudge de 1m 42 qu'il a couru le championnat des 10 milles et, celui du mille. [...]
Le Rudge bicycle (1885) La machine des champions, D. Rudge & Cie, Coventry, UK
[1] - Il avait précédemment gagné en avril 1885 devant Birt et Cleminson, puis en août 1885, devant Wood et Hawker.
Commentaire d'un chroniqueur, Londres, 24 avril 1886.
Champion !
Sapristi! c'est beau ce nom-là! ça fait sur les masses un effet analogue au titre de... d'amiral suisse ou de... maréchal. Ce G. H. donne tout de suite un air de quelque chose à celui qui s'appelle le champion. Ainsi, voyez M. Dumolard, qui signe : Champion du Haut-Rhône.
Je n'aime pas trop ce mot champion. C'est bizarre peut-être, mais je préfère une expression plus douce et moins ronflante : lauréat, par exemple.
Je ne puis mieux comparer la dissonance que je ressens à mon oreille en entendant ce mot de champion, qu'au désagréable appel que crient les lutteurs de fêtes foraines, avec cette voix enrouée qu'on sait : "La représentation va continuer par une lutte entre M. X..., le rempart de Turin, et M. Y..., le serpent de l'Ariège."
Je n'y vois qu'une différence peu sensible..
Qui dit un champion dit un homme capable de soutenir une lutte homérique, un effort de tous les instants pour accréditer une renommée conquise peu à peu. Je me souviens toujours que la première fois que je dus être présenté au sympathique M. Duncan, notre ami commun me dit, en m'annonçant le célèbre coureur: "Je te présente M. Duncan, champion du monde" et il ajouta, plus bas "pour les cinquante milles".
Je ne dis pas certes que M. Duncan, en qui j'ai toute confiance comme véloceman, et qui a, comme homme, toutes mes sympathies, ne soit digne de ce titre pompeux ; mais, vrai, chers lecteurs, vous qui connaissez M. H.-O. Duncan, a-t-il le corps et l'allure massive que doit avoir un champion ?
Je me représente un champion avec des muscles proéminents, des bras énormes, des genoux noueux, un corps et une taille d'au moins six pieds, et non avec l'air doux et calme de mon ami H.-O. Duncan, et qui, quoique admirablement bâti, croyez-en mon dire de visu, est loin de ressembler au dénommé Hercule de Farnèse.
Société d'Histoire du Vésinet,
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