D'après Patrick Vazeilles dans Le Vésinet, revue municipale, n°75, juin 1986.

Ecolier au Vésinet en 1886

Les écoles de filles, de garçons et la maternelle du Centre furent construites en même temps que la mairie, en 1878-1879.

Ecole maternelle (au fond), école des filles et logement de la directrice.

L'école de filles (26, avenue de la Mairie) comprenait une entrée, un parloir, deux classes, une salle de dessin et couture. L'école de garçons (1, avenue des Pages) disposait également d'une entrée et d'un parloir, avait quatre classes, une salle de musique, de dessin, une bibliothèque et un atelier de travaux manuels. L'école maternelle (28, rue de la Mairie), qui existe toujours, une entrée et cuisine, deux classes. Les classes de garçons et de filles mesuraient 8m de largeur, 9m de longueur et 4,50m de hauteur, tandis que l'école maternelle disposait d'une classe de 7,50m de longueur et une autre de 14m.
Il y a cent ans, on dénombrait cent quatre-vingt-quinze élèves dans l'école de garçons, soixante-dix-huit pour celle des filles et soixante-quatre garçons, cinquante filles à l'école maternelle. L'école ouvrait ses portes le matin à 8h. Les classes duraient de 8h30 à 11h30 et de 13h à 16h.
En 1885 l'école fut agrandie.

École des garçons agrandie (la cour, les préaux).

Les programmes, conformes aux instructions ministérielles, proposaient également les jeudis un cours de dessin d'ornement, de 9h à 11h; les lundi et vendredi de 15h30 à 16h30 un cours de musique les mardi et samedi de 15h30 à 16h30 une leçon de gymnastique. Les classes étaient coupées par une récréation d'un quart d'heure; les élèves sortaient par classe et à tour de rôle. Des images patriotiques ou géographiques étaient distribuées aux élèves qui avaient eu suffisamment de bons points.
Dans les locaux de l'école maternelle, un "fourneau alimentaire" procurait de la nourriture aux trois écoles durant les "cinq mois d'hiver". Des vêtements et des chaussures étaient distribués aux enfants à Pâques et en novembre, les dépenses étant supportées par la Caisse des Écoles et le Bureau de Bienfaisance. La bibliothèque scolaire proposait environ sept cents ouvrages de littérature, d'histoire et de géographie, d'agriculture et de sciences. Un musée scolaire installé dans l'école de garçons renfermait des échantillons de roches, minéraux, métaux, diverses plantes et des animaux (reptiles, oiseaux...). L'atelier de travaux manuels, pour le travail du bois et du fer, mettait à la disposition des élèves qui avaient leur certificat d'études, six étaux, trois établis et une forge.
Enfin, un bataillon scolaire de quarante élèves, créé par le maire Jean Laurent en juillet 1882, pratiquait des exercices de tir.
La caisse d'épargne scolaire avait été fondée afin "d'apprendre l'épargne aux enfants et leur faire connaître que les économies répétées et bien placées ont une valeur considérable, et ce dans l'intérét de la moralité publique et de la richesse nationale". La caisse des écoles, créée en 1878, et qui avait pour but d'encourager et faciliter la création des écoles, d'aider au "développement de l'instruction parmi les enfants pauvres", organisait chaque fin d'année scolaire des promenades instructives et des excursions.

Voici le récit du voyage organisé en 1886, raconté par une des élèves dans le journal L'Avenir du 5 septembre 1886.

LE VESINET - Promenade scolaire de 1886.

 

" La promenade scolaire, organisée par la caisse des écoles en faveur des enfants les plus méritants des écoles communales, s'est effectuée dans d'excellentes conditions, sous la paternelle et intelligente direction de MM. THIBAULT et MORIN, instituteurs, et de Mme LE MOAL, institutrice, Quelques parents et amis se sont joints aux enfants. La petite caravane est partie du VESINET toute joyeuse, et le trajet s'est gaiement accompli, Après avoir visité ROUEN et ses curieux monuments historiques, sur lesquels nos maîtres et notre maîtresse nous ont fait un cours d'architecture et d'archéologie des plus intéressants, la petite troupe a pris passage à bord de l'Eclair.., à destination du HAVRE, via HONFLEUR. Ce genre de locomotion a été du goût de tout le monde - de moi excepté, je l'avoue, à ma honte, qui ai été prise d'un affreux mal de mer. Tandis que mes gais compagnons et mes aimables compagnes de voyage se laissaient agréablement bercer par le roulis du bateau tout en contemplant la mer dans ses majestueux mouvements, tout en admirant les paysages variés de la côte normande qui défilaient pittoresquement sous leurs yeux, hélas ! pauvre infortunée, insensible à toutes ces beautés de la nature, je souffrais et je gémissais, ayant hâte de mettre enfin le pied sur la terre ferme.

Les jeunes gens ont passé une nuit à bord d'un transatlantique, dont l'aménagement confortable et élégant les a enthousiasmés au plus haut point. Cette excursion de quelques jours restera profondément gravée dans notre esprit et dans notre coeur; nous n'oublierons jamais non plus les bienveillantes personnes auxquelles nous devons un voyage aussi agréable qu'instructif.

Qu'ils reçoivent tous, ici, l'expression sincère de la reconnaissance de la caravane tout entière. "

    Note:

    [1] Comité de la Caisse des écoles: M. Labouriau, vice-président, MM. Grandjean et Savoye, Etienne Pallu et Sauvalle. Bienfaiteurs de la Caisse des Ecoles : Henri de La Pommeraye l'éminent conférencier, Neveu dont le concours fut si précieux dans les concerts, Lalliet le haut-bois solo de l'Opéra, Sivori l'incomparable violoniste, Maria Deraismes qui fut de toutes les bonnes œuvres et notre excellent ami Jules Uzes.

     


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