Le tableau de M. Comerre,
exposé au Salon de 1882, est devenu presque populaire, tant il a été
fréquemment reproduit par la gravure. Une danseuse est assise sur un
étroit tabouret de satin bleu. Elle a les bras déployés, les poings
fixés sur les hanches. La jambe droite se croise au-dessus du genou de
la jambe gauche, laissant les formes se dessiner dans le tissu d'un
maillot rosé. Toute la jupe fait la roue derrière la ballerine. ... La danseuse a la
physionomie de sa profession. Les traits du visage dénotent du courage,
de la hardiesse. Si le peintre avait permis la moindre grimace de
coquetterie à l'Etoile, il donnait à toute son œuvre un insoutenable
accent de libertinage. Mais elle n'a conscience que de la libre allure
à laquelle elle s'abandonne dans sa force pour goûter un instant de
repos. Ce tableau a aussi le mérite de la difficulté vaincue. Le fond
est de satin blanc, la danseuse n'est vêtue que de blanc. Un ballon de
gaze rayé d'argent s'enlève sur ce décor. La poitrine, les bras, sont
nus, d'un ton de chair qui rappelle le vers de Musset: "Non.la neige est moins pure et le marbre moins blanc".Il y a de l'air entre le fond et le sujet, de l'air dans ce ballon de danseuse aux étages de volants superposés et palpitants.
Critique, 1888
Société d'Histoire du Vésinet, 2004 - www.histoire-vesinet.org