Habitants célèbres du Vésinet > Gabriel Fauré (1845-1924)

Les séjours au Vésinet dans la vie et l'œuvre de Gabriel Fauré

Le 27 mars 1883, Gabriel Fauré s'est marié avec Marie Frémiet, fille du sculpteur Emmanuel Frémiet (1824-1910) et de Marie Adélaïde Ricourt. La cérémonie religieuse a été célébrée le 28 à l'église de la Madeleine. Le jeune couple s'est installé au 93 avenue Niel à Paris 17e. C'est là que nait leur premier enfant, Emmanuel, le 29 décembre. Entre temps, Gabriel a composé Trois Romances sans paroles ; Impromptus ; Barcarolle n°1 ; les Nocturnes n°1, 2 et 3. Il composera les Nocturnes n°4 et 5 durant l'année suivante et les Barcarolles n°2 et 3 en 1885. Le couple séjourne au Vésinet au cours des étés 1885 à 1887 au 26, rue Alphonse-Pallu.

La maison de Gabriel Fauré au Vésinet, 26 rue Alphonse Pallu, en 1887.

Bibliothèque nationale de France, département Musique, VM EST-10 (13)

La quarantaine passée, Fauré était encore obligé, pour survivre et entretenir sa famille, de donner de nombreuses leçons de piano à domicile, à Paris ou en banlieue, en particulier durant l'été, ce qui l'empêchait d'entreprendre les voyages qu'il aimait. En 1885, ainsi « cloué » à Paris, il voulut au moins installer sa famille dans une demi-campagne et loua pour l'été, au Vésinet, dans le village où les prix étaient moindres que dans le quartier résidentiel, une petite maison avec jardin au 26 de la rue Alphonse-Pallu. De là, il prenait presque chaque jour le train pour Paris. [1]

    « Tuez-moi, écrivait-il, du Vésinet, la même année à Mme Beaugnies, car je n'ai encore rien fait depuis l'été. Je n'ai pas cessé d'aller à la Madeleine et mes élèves sont à Versailles, à Ville-d'Avray, à Saint-Germain, à Louveciennes. J'ai environ trois heures de chemin de fer par jour. J'aurais vraiment besoin, ne fut-ce que dix jours, d'interrompre tout cela, de voir d'autres pays que l'éternelle gare Saint-Lazare, d'autres gens, de ne plus entendre de sonates, de changer d'air et d'airs. » [2]

Le 25 juillet 1885, Toussaint Fauré, le père de Gabriel, meurt à Toulouse. Il est inhumé au cimetière de Gaillac-Toulza, près de Cintegabelle (Haute-Garonne). Gabriel veut exprimer son chagrin dans une messe de Requiem. Cette œuvre capitale de la musique française a été en partie composée au Vésinet où il semble l'avoir terminée en août ou septembre 1887.

Gabriel Fauré à l'époque de ses séjours au Vésinet

En octobre 1886, le couple Fauré a déménagé pour s'installer au 154 boulevard Malesherbes dans un appartement de 6 pièces au 5ème étage. C'est l'année du Quatuor n°2 pour piano et cordes. Fauré travaille son Requiem. En 1887 il donne O Salutaris, pour baryton et orgue, en si majeur, op. 47 n°1, dédié au baryton Jean-Baptiste Faure qui l'interprète lors de la première audition donnée le 21 novembre à la Madeleine. Le 31 décembre voit le décès de sa mère.
En juillet 1888, Fauré se rend avec Messager à Bayreuth où ils retrouvent Debussy et Bréville et rendent visite à la famille Wagner.
A partir de 1888 la famille séjourne en été dans une résidence au Bas-Prunay, à Bougival, que le couple a reçue des beaux-parents Frémiet. Philippe Fauré y voit le jour le 28 juillet 1889 et Gabriel y achève la mélodie Au cimetière en mi mineur op. 51, n°2, sur des paroles de Jean Richepin. [3]

****

    [1] Cité par Georges Poisson, La Curieuse Histoire du Vésinet, 1975.

    [2] Selon une lettre d'Emmanuel Fauré à Pierre Villain, communiquée par ce dernier.

    [3] Certaines anecdotes citées par Georges Poisson, rapportées par Emmanuel Fauré, concernent plus probablement les séjours à Bougival.


Société d'Histoire du Vésinet, 2019 • www.histoire-vesinet.org