Bernard Le Bris pour la Société d'Histoire du Vésinet, septembre 2018. Gustave Franconie, député de Guyane française Né à Cayenne en 1845 et mort à bord du Normandie, en février 1910, il est le fils d'Alexandre Franconie, commerçant, philanthrope, aux idées progressistes et de Marie Geneviève épouse Franconie, fille d'esclave [1]. Son action s'est alors manifestée dans plusieurs domaines. Il œuvre notamment pour favoriser l'immigration africaine libre. C'est une de ses premières démarches auprès du ministre des Colonies, après son élection de 1879. Il combattra ardemment pendant tous ses mandats pour le développement de la démocratie dans l'ensemble du territoire. Et il s'élèvera énergiquement contre la suppression par le gouvernement, des élections des conseils municipaux dans les communes rurales. Les habitants de ces communes rurales lui seront d'ailleurs reconnaissants, puisqu'à chaque élection, la masse la plus importante des bulletins qui lui étaient favorables, provenaient de ces communes. Réélu en 1881, 1885, 1889, 1890 (élection partielle provoquée par sa démission, le 31 mai, à la suite d'un différend avec le sous-secrétaire d'État des colonies, Eugène Étienne, au sujet de la suppression de neuf conseils municipaux guyanais) et 1893. Dans les années 1879-1880, Gustave Franconie est mêlé à l'aventure farfelue de la République de Counani [4], du fait de ses liens avec le journaliste Jules Gros. Les deux compères se retrouvent tous les vendredis soir, au restaurant du Grand Véfour à Paris. Autour d'un repas, marins, commerçants et politiciens, échangent leurs idées sur les questions coloniales. Dans ce club, Franconie est président et Gros secrétaire. La suite est connue et l'aventure de l'éphémère République se terminera en vaudeville, quelques années plus tard, sans que Gustave Franconie y ait réellement participé. Gustave Franconie passe beaucoup de temps en Métropole [5] et sa longue absence de Guyane finit par agacer. En 1898 et en 1902 il perd son siège au profit du radical-socialiste Henri Ursleur, jeune avocat guyanais et Maire de Cayenne. En janvier 1906, la fédération socialiste à laquelle il appartient, adhère à la SFIO. C'est donc en tant que « socialiste unifié » (de tendance guesdiste) qu'il reprend enfin son siège à Ursleur à l'occasion des élections législatives de 1906. Cette même année, son fils Henri âgé de 23 ans et candidat à l'École de médecine navale de Bordeaux, se suicide en se tirant une balle de revolver en plein cœur. **** Notes SHV et sources : [1] Enregistré à l'Etat civil de Cayenne le 11 mars 1845 sous le nom de Gustave Paul Geneviève, du nom de sa mère, l'enfant est légitimé après le mariage de ses parents, le 27 juillet 1853 à Cayenne. [2] Condamné par contumace à la déportation, Delescluze se réfugia à Londres où il fit paraître le Proscrit, la Voix du Peuple et le Peuple. Venu secrètement à Paris en 1853, il fut dénoncé, arrêté et condamné à 4 ans de prison. Il fut successivement transféré à Belle-Île, à Corte, à Toulon, au fort Lamalgue, à Brest et enfin à Cayenne (Ile du Diable). L'amnistie de 1859 le ramènera en France en 1860. Il mourra sur les barricades de la Commune de Paris en mai 1871. [3] Franconie laisse son nom au Musée territorial – départemental à Cayenne, situé près de la très belle place des Palmistes, installé dans l'enceinte de leur belle demeure créole à l'atmosphère si particulière, reconstituant un microcosme, un concentré de Guyane : des collections d'histoire naturelle au bagne en passant par les monstres, l'artisanat amérindien, boni, créole, des maquettes, des minéraux, des tableaux historiques. [4] La République indépendante de Guyane a été fondée en 1886 par les habitants de Counani avec quelques aventuriers français et des esclaves fugitifs sur une immense zone contestée de 350 000 km² entre la France et l'Empire du Brésil. Cette république, présidée depuis Paris par le journaliste Jules Gros, ne fut reconnue ni par la France, ni par le Brésil. Guigues, ancien fonctionnaire de la Guadeloupe, ex-commissaire de police des mines du Venezuela, pensait qu'un notable français donnerait de l'assise au projet. Il songea à Jules Gros, rencontré à Paris lors d'un dîner au Véfour, en compagnie du député de Guyane de l'époque, Gustave Franconie. Journaliste, écrivain raté, Jules Gros a partagé son enthousiasme pour les explorateurs dans le Journal des Voyages. [5] Durant son long séjour en Métropole, Gustave Franconie aurait habité dans les années 1875/1878 au Vésinet, puis à Asnières.
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