Né à Nice, le 23 avril
1876, fils d'un ouvrier cuisinier et d'une mère brodeuse lingère, Pierre
Hamp (de son vrai nom Henri Bourrillon) est, à 14 ans, envoyé par
son père comme apprenti à la pâtisserie Laborde, dans le quartier des
Termes à Paris (il raconte son apprentissage dans son ouvrage autobiographique:
Mes Métiers, paru en 1929). A 17 ans, il part à Londres et restera
7 ans en Angleterre devenant, à 21 ans, ouvrier qualifié (chef rôtisseur).
Il exerce dans plusieurs pays (Angleterre, Espagne, Amérique) et devient
polyglotte. Il aura aussi été moniteur de boxe et secrétaire d'un organisme
d'éducation ouvrière.
A 24 ans, il décide de quitter l'Hôtellerie-Restauration et suit les cours
de l'Université populaire de Belleville où il est formé entre autres par
Henri Baulig, Paul Desjardins et Jean Schlumberger. A ces relations s'ajoutent
les contacts avec le cercle politico-littéraire des Cahiers de la Quinzaine
de Charles Péguy et de l'Union pour la vérité.
A sa sortie, il devient employé aux écritures à la Compagnie du Chemin
de fer du Nord, puis sous-chef de gare de Calais-Maritime. En 1909, il
entre à l'École Spéciale des Travaux Publics et réussit (avec le numéro
4 sur 111 candidats) le Concours de l'inspection du Travail dont il exerce
la fonction à Cambrai et à Lille. Guère tenté par
une vie sédentaire, il succombe aux charmes des changements fréquents.
Il est directeur de tissage, puis d'un atelier d'apprentissage en mécanique,
ou encore professeur à l'École d'Hôtellerie de Saint-Paul l'Ermite au
Canada. Entre temps, enquêteur mondial, il a parcouru
l'Europe centrale, l'Afrique du Nord (avec Gide en 1923), les États-Unis
et même la France.
Ces périgrinations lui fournissent la matière de quarante volumes, dont
certains publiés sous le titre de série "La Peine des Hommes".
L'oeuvre littéraire de Pierre Hamp est expérimentale. Il
ne parle que de ce qu'il a pratiqué. Créateur du "Nouveau Réalisme",
il décrit les métiers de l'intérieur, les ayant exercés ou ayant vécu
avec ceux qui les pratiquaient. Il fait d'abondantes recherches et réunit
une importante documentation pour bâtir ses oeuvres, à la manière de Zola.
Il dénonce la condition pénible du travailleur manuel,
les injustices sociales, les méfaits du patronat. Il en impute la responsabilité
à la société, à la bourgeoisie, à l'argent. Ardent défenseur du "travailleur",
il affiche un parti pris peu nuancé, ce pourquoi son oeuvre est restée
mineure. Il a reçu le prix Lasserre en 1920. Traduits
en sept ou huit langues, notamment dans les Pays de l'Est, certains de
ses ouvrages ont été publiés à trois cent cinquante mille exemplaires.
En Union soviétique il fut l'auteur le plus traduit jusqu'en 1927.
On doit aussi à Pierre Hamp quatre pièces de théâtre (dont
La Maison avant tout, 1923) et plus de trois cents articles publiés
dans une centaine de journaux français ou étrangers. Ainsi "Les
métiers du fer", l'un des fascicules d'un ouvrage encyclopédique
consacré à La France au travail, un reportage qui a contribué,
dans l'Entre-deux guerres, à faire reconnaître au public la grandeur du
travail sidérurgique.
L'oeuvre de Pierre Hamp a fait l'objet de plusieurs thèses en Angleterre,
en Allemagne, aux États Unis et en Italie dont, en particulier Joan J.
Henry, Londres (PhD); Douglas J. Noble, Liverpool (Master of Arts), et
Evelyn Kuhn, Columbia University, New-York (PhD).
Bibliographie
Vin de champagne, 1908
Dix contes écrits dans
le Nord, 1908
La Peine des hommes,
1908
Le Rail, 1912
Marée fraîche,
1913
L'Enquête,
1914
Gens, 1917
Le Travail invincible,
1918
Les Chercheurs d'or,
1920
Le Cantique des Cantiques,
1922
Un nouvel honneur,
1922
L'Art et le travail,
1923
Gens, deuxième
tableau, 1923
Le Lin,
1924
Une nouvelle fortune,
1926
Gens, troisième
tableau, 1928
Gens, quatrième
tableau, 1928
Il faut que vous naissiez
de nouveau, 1932
Dieu est le plus grand,1937
Gueules noires,
1938
Braves gens de France,
1939
Moteurs, 1942
Mes métiers, 1943
Et avec ça, Madame Hamp,
1946
Les métiers blessés,
1947
En passant par la Lorraine,
1947
L'éternel, 1948
Hormidas le Canadien,1952
Kilowatt, 1957
Citations
Ce sont ces règlements
impossibles dans la pratique dont l’inexécution est un crime en cas de
catastrophe.
La fatigue bête est une destruction de
la pensée.
Un nouvel honneur (1922)
Dans le respect populaire,
le travailleur des durs métiers est au plus bas, l’employé en haut.
Dans la considération bourgeoise, l’industriel, le fabricant, sont derniers,
l’écrivain premier.
L'art et le travail (1923)
Les bêtes s'écartent de
ce qui leur est funeste. […]
L'Homme ne s'abstient pas de périlleux
travail.
Gueules noires (1938)
Toute l'intelligence humaine
agissait pour sauver la vie de la machine. Peu était prévu pour sauver
la vie de l'homme […]
La vie d'un homme ça ne compte pas beaucoup sur le Canal […]