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L'inséparable duo
          de Marta Eggerth et Jan Kiepura

Chanteur et acteur, Jan Kiepura est né le 16 Mai 1902, à Sosnowitz, en Silésie, alors dans le Royaume de Prusse (actuel Sosnowiec, en Pologne). Étudiant de la faculté de droit de Varsovie, il renonce contre l'avis de ses parents, boulangers, à une carrière d'avocat pour devenir chanteur. Le jeune homme suit les cours de chant de Waclaw Brzezinski et de Tadeuz Leliwa, à Varsovie. Ses parents ne tardent pas à s'apercevoir du réel talent de leur fils et le soutiennent alors dans sa nouvelle voie.
En 1924, il se produit pour la première fois sur scène (un remplacement dans le Chœur de l'Opéra de Varsovie). En 1925, Jan Kiepura décroche le rôle titre dans l'opéra de Gounod Faust à Lemberg. En 1926, il apparaît pour la première fois au cinéma, dans un film muet polonais oublié. [O czym sie nie mysli, 1926] Durant la fin des années vingt, vedette de l'Opéra de Varsovie, il obtient plusieurs engagements pour chanter les grands rôles du répertoire classique sur les scènes les plus prestigieuses d'Europe, de Paris à Vienne, en passant par la Scala de Milan. Le jeune prodige est alors l'un des plus grands ténors de la scène lyrique mondiale.
En 1930, tout en continuant à se produire sur scène un peu partout dans le monde, et en particulier en Amérique du Sud, Jan Kiepura entame une carrière au cinéma, devenu parlant. Déjà très populaire comme ténor, il devient rapidement une star de l'écran. Parmi ses plus grands succès on retiendra La ville qui chante (1930) avec Brigitte Helm, La chanson d'une nuit (1932) avec Magda Schneider et Mon cœur t'appelle (1934) avec dans la version française Danielle Darrieux et dans la version allemande, une jeune hongroise nommée Marta Eggerth. Sa rencontre avec Marta, chanteuse et actrice talentueuse, se solde d'heureuse façon, par un mariage, en octobre 1936.

Marta Eggerth a vu le jour le 17 avril 1912 à Budapest, en Hongrie, d'un père banquier, pianiste amateur à ses heures et d'une mère, Tilly Herzog, talentueuse chanteuse d'opéra qui arrêta sa carrière à la naissance de ses enfants.

 

A 8 ans, Marta chantait déjà sur scène Le Barbier de Séville. La critique fut impressionnée par sa performance et le directeur du Magyar Theatre l'engagea et la lança. A 10 ans (1922), elle était déjà l'idole nationale de la Hongrie. L'opérette Pogasza fut spécialement écrite pour elle en raison de son âge.
En 1930, l'avènement du cinéma parlant lui tendit les bras parce que sa voix de soprano éblouissait toujours autant les foules. Elle joua notamment dans Csak Egy Kislány Van A Világon (1930) [production hongroise], Trara Um Liebe (1931) [production allemande], Where is this Lady? (1932) [production britannique], Traum Von Schönbrunn (1932) [production allemande], Der Zarewitsch (1932) [production finlandaise], Mon coeur t'appelle (1934) [production française] avec Jan Kiepura. Ce fut le coup de foudre ! et en 1936, elle épousait le célèbre ténor polonais.

 

Marta déclara plus tard qu'elle avait découvert Jan Kiepura alors qu'elle avait 16 ans et qu'elle était dès ce moment, tombée amoureuse de lui. Le couple dès lors, sera inséparable, à la ville comme à l'écran ou sur les scènes européennes et américaines. Il aura deux enfants: Jan Sharbek (1944) artiste lyrique, et Marjan (1950), producteur et pianiste de renom.

Dès après le mariage, le couple Kiepura-Eggerth, prend ses distances avec le régime nazi en délaissant la Prusse orientale pour élire domicile en Autriche. Mais ils continuent leurs tournées sur scène dans toute l'Europe et jouent ensemble dans plusieurs films: Sa bonne étoile (1936) de Carmine Gallone et Le charme de la Bohème (1937) de Géza von Bolváry, une adaptation de l'opéra de Puccini. En mars 1938, lorsque l'Allemagne annexe l'Autriche, Jan et Marta, tous deux d'origine juive, se réfugient en France, dans leur maison du Vésinet, la villa Les Cèdres, 46, avenue de la Princesse.
Au début de 1940, Martha Eggerth part pour les Etats-Unis. Jan Kiepura, après un bref passage dans le groupe polonais de la Légion étrangère, rejoint sa femme à New-York. Là, il fera tout son possible pour aider ses compatriotes émigrés outre-atlantique, fuyant la guerre, en leur consacrant une bonne part de ses cachets.

Ci-contre Marta Eggerth et Jan Kiepura dans Le Charme de la Bohème (Paris, 1937)

 

Ci-dessous, Les Cèdres, leur villa du Vésinet, 46 av. de la Princesse,

qu'ils ont habitée de 1938 à 1940 puis, épisodiquement de 1946 à 1953.

Entre 1943 et 1946, le couple interprète à Broadway: La veuve joyeuse et Polonaise. Le grand succès de La veuve joyeuse, leur permettra de rétablir une situation très compromise par la guerre qui a englouti une bonne partie des biens que le couple possédait en Europe et spécialement en Pologne.
Mais si Martha parvient à se faire engager à Hollywood et tourne en second rôle au côté de Judy Garland dans deux comédies musicales: Me and my gal (1942), sous la direction de Busby Berkeley et Presenting Lily Mars (1943), Jan Kiepura ne parvient pas à s'imposer au cinéma. Devant le peu de proposition, après la capitulation de l'Allemagne, les Kiepura reviennent à Paris (et au Vésinet) et tournent dans Adieu Mimi (1947), un remake de Charme de la Bohème, de Carmine Gallone et dans La valse brillante (1949) de Jean Boyer. En 1950, le couple connaît encore le succès sur la scène du Théâtre de Paris dans Princesse Czardas de Emmerich Kalmans.

En 1952, Jan tourne en Allemagne, son dernier film Das Land des Lächelns (Le pays du sourire) toujours avec son épouse et Paul Hörbiger.
En 1953, le célèbre duo s'installe définitivement au États-Unis, pour ne pas perdre la nationalité américaine obtenue temporairement durant la guerre. Elle leur sera acquise peu après. Mais, loin de leur public européen, leur carrière s'étiole. Les spectacles se font rares et le cinéma ne fera plus appel à eux. Jan Kiepura meurt d'une crise cardiaque le 15 août 1966, à Rye, Etat de New York. Après la mort de son mari, Martha restera aux États-Unis, se consacrera à ses enfants et ne remontera sur scène que pour de rares récitals, et en 1982 pour une pièce de théâtre, Colette au côté de Diana Rigg.

Après trente ans d'absence, Martha Eggerth est revenue en Europe et a fait quelques apparitions sur scène à Vienne (1992) et à la télévision polonaise (1995 et 1999). En 1999, elle a tenu un petit rôle dans une série télé allemande: Tatort. Elle est remontée sur scène en avril 2002 à l'occasion de la célébration du centenaire de la naissance de Jan Kiepura resté très populaire à Varsovie. C'était aussi son 90e anniversaire !

Marta Eggerth en 2005,
entre ses deux fils
Marjan et Sharbek

Martha Eggerth en 2005

Marta Eggerth s'est éteinte dans son sommeil le 26 décembre 2013 à son domicile de Rye, dans l'Etat de New York. Elle avait 101 ans.

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