Jean-Paul Debeaupuis, SHV, mars 2013 (compléments juillet 2021). Jules Robichon (1839-1914), artiste peintre Jules Paul Victor Robichon est né à Paris (4e) le 30 août 1839, fils de Louis et Célestine Gilton, son épouse. Le 16 novembre 1867, à Paris (9e) il a épousé Jeanne Lestrem-Pussacq âgée de 21 ans, originaire de Mourenx, Basses-Pyrénées (aujourd'hui Pyrénées Atlantiques) couturière, fille d'agriculteurs. A cette date, Jules Robichon exerce la profession de peintre décorateur. En 1875, Robichon est installé à Pau où il compte vivre de son art. Mais une petite annonce parue dans L'Indépendant des Basses-Pyrénées nous apprend que, « pour cause de départ » aura lieu la vente « d'une collection de tableaux, dans laquelle se trouvent de très-belles copies des principaux tableaux du Musée, et quelques bonnes toiles de maîtres : Dessins originaux, aquarelles, gravures, objets d’art, meubles anciens et modernes, faïences, ustensiles ayant trait à la peinture ; le tout composant l’atelier de M. Jules Robichon, artiste peintre à Pau. La vente aura lieu dans l’atelier de l’artiste, rue Serviez, numéro 17, le mardi 23 mars 1875, à dix heures du matin, et jours suivants. » [3] C'est à Tours (Indre-et-Loire) que quelques mois plus tard « Un peintre de passage à Tours, M. Jules Robichon, qui [...] a laissé d’excellents souvenirs à Pau, expose en ce moment chez Mme Berthiaut, une vue de l'Ile Aucard. Ce paysage semble bien consciencieusement étudié : les premiers plans sont solides, la peinture large et facile. On y sent un artiste savant, pour qui la campagne n’a pas besoin de se mettre en frais de représentation, à qui le premier coin venu suffit. M. J. Robichon nous est du reste déjà connu ; son tableau « Les bords de la Loire », exposé au Salon de cette année et justement apprécié par un de nos meilleurs critiques d’art, dénote un réel tempérament de paysagiste. Nous espérons le retrouver au prochain Salon, et lui souhaitons bien cordialement le succès qu’il mérite. [4] Nous engageons les amateurs à visiter la collection de tableaux de M. Jules Robichon, qui sera exposée le mardi 14 novembre, de 10 heures à 2 heures, à l’Hôtel des ventes, rue Scribe, n°7. Les tableaux de ce jeune peintre sont consciencieusement étudiés, la peinture en est large et facile : on y sent un artiste d’avenir, peur lequel ta nature n’a pas besoin de se mettre en frais de représentation, |à qui le premier coin venu suffit. Au Salon de 1876 il a exposé, sous le numéro 1754, un tableau représentant une vue des bords de la Loire ; ce paysage a été justoment apprécié par un de nos meilleurs critiques d’art. [5] Satisfait sans doute de l'accueil des Tourangeots et de leur goût pour « la bonne peinture », Robichon organisera encore d'autres ventes à Tours quelques années plus tard. [6] En 1876, Jules Robichon apparaît sur le catalogue du Salon des Artistes français. Il habite alors au Vésinet, à l'angle de la rue du Pecq (n°8) et de la rue de l'Eglise (n°12) soit aujourd'hui angle Maréchal-Foch/Ernest-André. Sa mère, veuve, est domiciliée alors dans le même immeuble, au 14 de la rue de l'Eglise. Après le départ de Jules à Asnières, elle ira habiter jusqu'à sa mort au 14 route de Montesson. Membre de la Société des artistes français, Robichon expose chaque année au Salon des œuvres très classiques : Les bords de la Loire aux environs de Tours, l'hiver (1876) ; Une clairière dans le bois du Vésinet (1877) ; Retour du marché (1878) ; Une table dans la cuisine de mon père la veille de mes noces (1879) ; Provisions d'hiver, préparations des conserves d'oies dans le midi (1880) ; Intérieur d'une vieille cour à Rennes (1882). En 1879, l'Hôtel Drouot lui consacre un catalogue de 8 pages répertoriant 108 toiles. Jules Robichon, Une table dans la cuisine ..., 1879.
Jules Robichon, Cheval blanc et charette à foin [XXe] (date et lieu indéterminés).
Jules Robichon, Paysage, [33 x 46 cm]
Jules Robichon, Nature morte à la porcelaine chinoise [14,5 x 23 cm] 1888.
Jules Robichon, Nature morte aux accessoires d'atelier d'artiste [21 x 26,5 cm]
Jules Robichon, Nature morte à l'assiette et sculpture. Huile sur toile [19 x 25 cm]
Signature de Robichon dont les toiles sont toujours cotées. On peut noter que les premières oeuvres sont signées seulement "Robichon" et que les initiales des prénoms VPJ n'apparaissent que vers 1880.
Jules Robichon toile, [date et sujet non déterminés] Connaissez-vous cette église ? On trouve dans la presse locale la trace de ventes de ses tableaux à la salle des ventes de la rue Grande-Fontaine à St-Germain-en-Laye où à son domicile : Vente volontaire aux enchères publiques au Vésinet, rue de la Mairie, 35, le dimanche 5 Août 1888, à une heures, par le ministère de Me Besnier, huissier-priseur de 100 tableaux tels que : Paysages des environs du Vésinet, Natures mortes, Tableaux de genre. Vieilles faïences de Delft et plats anciens, beaux bronzes et objets divers. Le tout composant la collection de M. Robichon, artiste-peintre, exposant au Salon. Au comptant, 10% en sus. [7] Certaines natures mortes peintes au Vésinet entre 1876 et 1890 pourraient avoir pour sujets des objets de la collection de la famille Willet qui, à l'époque, conservaient dans leur villa du Vésinet une partie de leurs collections et entretenaient avec les artistes locaux, des relations amicales. On ne trouve pas, cependant, d'œuvres de Robichon dans les fonds du Musée Willet-Holthuysen.
Alphonse Pallu, 1878
Le fronton original qui orne la maison du 35 rue Jean-Laurent est-elle l'œuvre de Robichon ? Vers 1880, la famille Robichon s'est installée au n°35 de la rue de la Mairie (qui devient rue Jean-Laurent en 1889) et semble vivre de l'art de Jules. C'est là qu'elle cohabite quelque temps avec la famille De Vlaminck. [9] Robichon aura pour titre de gloire posthume d'avoir été l'un des « maîtres » de Maurice De Vlaminck, même si ce dernier n'en reconnait aucun et si, selon Maurice Genevoix, Vlaminck aurait été davantage influencé par un bourrelier du Vésinet « qui peignait des portraits sur des bouts de verre avec des teintures et des vernis à colliers.» S'il tenta de copier les œuvres de Robichon, il les trouvait « trop belles » pour s'en inspirer. En 1896, un des fils Robichon est pris à parti au Châlet des Cycles du Bois de Boulogne. Pris pour un voleur de bicyclette, il est roué de coups et ramené dans un triste état au Vésinet. L'article précise qu'il est professeur au "Pôle Nord", une patinoire fonctionnant toute l'année rue de Clichy.[10] Sépulture de Jules Robichon au cimetière du Vésinet (2020). Section 2, n°412 (cliché SHV) **** Notes et sources : [1] De lui on sait seulement qu'il sera ouvrier peintre et fera son service militaire dans la Marine à Bordeaux (1888-1892). On perd sa trace ensuite. [2] Paul Victor (1870-1940) né à Paris atteindra l'âge adulte, sera employé aux Chemins de fer du Nord (chef de gare) et fondera une famille ; les autres enfants de Jules et Jeanne Robichon auront moins de chance. Marie-Louise (1872-1881) née à Pau est morte chez sa grand-mère au Vésinet ; Renée (1873-1898) est morte à Asnières chez ses parents à 24 ans ; Gaston (1875-1891) est mort noyé au Havre dans des conditions mystérieuses, peut-être suite à une agression. [3] L'Indépendant des Basses-Pyrénées, numéros 63 à 68, mars 1875. [4] L'Union libérale, 25 août 1876. [5] Le Phare de la Loire, 12 novembre 1876. [6] Le Phare de la Loire, 15 janvier 1882. [7] L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye, 4 août 1888. [8] Catalogue de l'Exposition du Centenaire, Le Vésinet, 1975. [9] Les Robichon y sont domiciliés à partir de 1880. Il y sont recensés en 1881 et 1886 ; La famille De Vlaminck, qui en 1889, résidait encore chez la grand mère, avenue de la Princesse, y est seule recensée en 1891 ; elle n'y est plus en 1896. Selon Thibault & Deloison, les deux familles y sont domiciliées en 1892, le propriétaire étant M. Benoit. [10] Le Rappel, n°9588, 10 juin 1896. [11] Journal officiel de la République française. Lois et décrets. 24 janvier 1907. [12] Une source d'un club généalogique donne la bonne date mais à Asnières dans l'Eure. L'acte de décès à Asnières (Seine) porte le n° 276. [13] Les inscriptions de la sépulture sont désormais illisibles. Selon les données enregistrées à la mairie, le caveau contiendrait les dépouilles de Anne Gilton vve Robichon, la mère du peintre, décédée au Vésinet en 1897, Renée sa fille décédée à Asnières en 1898 et Jules Robichon, lui-même.
Société d'Histoire du Vésinet, 2014-2021 • www.histoire-vesinet.org |