La France, 2 décembre 1904.

Le Coq à travers l'Histoire

Voici un ouvrage curieux et original [1] où se déroule l’histoire de notre pays au milieu d'un musée extrêmement riche en documents de toutes sortes : estampes, médailles, jetons, armes, équipements militaires, drapeaux, etc. Ces souvenirs du passé sont évoqués par la photogravure et par la plume alerte de l’auteur. On les voit, on les comprend. Abeilles de Childéric, crapauds de Clovis, bannières et oriflammes de religion, pennons fleurdelisés, drapeaux aux soies jonquille, cramoisie, gorge de pigeon, drapeaux blancs ou tricolores, coqs et aigles enfin, viennent dire leur histoire, qui a été tant de fois dénaturée, pour exalter telle ou telle dynastie et rabaisser les autres régimes.
L’exemple le plus frappant de ces mensonges historiques est, ici, mis en pleine lumière par la réhabilitation du Coq gaulois, réhabilitation à laquelle l’auteur s'est voué passionnément. Il démontre péremptoirement que le coq est, par excellence, l’emblème du peuple français. Ainsi fut-il considéré sous les règnes de Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, ensuite sous la Première République, pendant la période du Consulat, sous le règne de Louis-Philippe, puis, enfin, sous la République de 1848. Les œuvres d’art, anciennes ou modernes, reproduites dans l’ouvrage, sont signées : Abraham Bosse, Lebrun, Mansard, Nicolas Coustou, Girardon, François Boutin-Dupré, Le Clerc, Prudhon, David, Darius, Fontaine, Girod et Rude, Victor Adam, Adam, Barre, Daniel Dupuis, Chaplain, Gardet, Vollon, Willette, etc.

Coqs de drapeaux de la collection personnelle d'Arthur Maury

Catalogue de vente après décès. - Collection Arthur Maury (1908)

Ce plaidoyer ou les ennemis du coq ont aussi la parole, est accompagné d’autres aperçus historiques, non moins curieux, sur tous les emblèmes de la France y compris les drapeaux. Ainsi, l'auteur nous apprend que le drapeau tricolore a mis près d’un siècle à se constituer et n’est vraiment stable que depuis 1858. Antérieurement, tous les chefs de corps tenaient à ce que tous leurs régiments eussent un drapeau distinctif et, quand les couleurs nationales furent improvisées par la cocarde, la lutte fut longue entre le tricolore et le blanc et se continua jusque sous la Terreur.
Le croirait-on? Le drapeau blanc est né de la Révolution et n’existait pas avant elle. Et pourtant, dira-t-on, la cornette et le panache blancs de Henri IV ? adoptées par le roi populaire étaient, hasard étrange, bleu, blanc, rouge, couleurs que conservèrent pour leurs costumes Louis XIV et ses successeurs. Ces erreurs singulières de notre histoire, l'auteur ne les a pas cherchées, mais écrivant sans autre souci que celui de la vérité, elles lui sont apparues parce qu'elles étaient en contradiction avec les documents qu’il étudiait consciencieusement. Cet ouvrage intéressera, non seulement les savants et les curieux, mais encore les artistes qui pourront y trouver les formes authentiques des emblèmes de la France, et particulièrement du coq, à différentes époques de notre histoire.

Arthur Maury, dernier cliché

Le Collectionneur de Timbres-poste326, décembre 1907.

Agréablement écrit, parfois même avec des élans patriotiques qui émeuvent, ce livre se recommande, de façon toute particulière, à la jeunesse, et fait honneur à son auteur qui fait preuve d'une grande érudition et sait captiver les lecteurs d'un bout à l'autre de son ouvrage. [2]

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    Notes et Sources:

    [1] Les emblèmes et les drapeaux de la France, Le coq gaulois, par Arthur Maury, magnifique volume sur beau papier, in-8° raisin, de 385 pages, renfermant 350 gravures et 27 planches hors texte, dont 11 en couleurs. Jolie couverture chromo en quinze teintes. Prix : 5 francs.

    [2] L'ouvrage a bénéficié d'une souscription du Gouvernement.


Société d'Histoire du Vésinet, 2021 • www.histoire-vesinet.org