Moritz Moszkowski,

pianiste, violoniste, compositeur, professeur

Moritz Moszkowski est né le 23 Août 1854 à Breslau, alors capitale de la Silésie en Prusse Orientale [devenue Wroclaw, Pologne], dans une famille juive aisée.
En 1865 la famille s'installe à Dresde où Moszkowski, qui manifeste un don précoce pour la musique, est admis au Conservatoire. Ses premières compositions datent de cette époque. Il donne un quintet pour piano à l'âge de treize ans. Arrivé à Berlin en 1869, il continue ses études, d'abord au Conservatoire Julius Stern avec pour professeurs Eduard Frank (piano) et Friedrich Kiel (composition), puis plus tard à la Theodor Kullak Neue Akademie der Tonkunst où les frères Xavier et Philipp Scharwenka sont ses condisciples. Tous les trois intégreront le corps enseignant de l'Académie Kullak où Moszkowski restera en poste durant plus de vingt-cinq ans.
C'est à Berlin en 1873 que Moszkowski obtint ses premiers succès comme pianiste. Ses nombreuses tournées dans toute l'Europe lui assurèrent rapidement une réputation de premier ordre, tant comme virtuose que pour ses interprétations du répertoire classique.
En 1875, Philipp Scharwenka et lui organisèrent un concert à Berlin au cours duquel Moszkowski interprèta comme soliste un Concerto pour piano dont il était l'auteur. Liszt le remarqua et l'arrangea, allant jusqu'à prendre part à un récital à deux pianos. Pourtant, ce concerto ne fut jamais publié, et le manuscrit est aujourd'hui perdu. On le confond parfois avec le concerto publié sous l'opus 59 en 1898, qui fut composé bien plus tard. A peu près à cette époque, les premières compositions de Moszkowski paraissaient. Sa série de Danses Espagnoles pour piano à deux ou quatre mains (opus 12) adaptées plus tard pour orchestre par Philipp Scharwenka et Valentin Frank, connurent un immense succès populaire et lui assureront la notoriété tout au long du XXe siècle alors que ses autres compositions seront presque oubliées.


Moritz Moskowski au Vésinet

Moszkowski fut aussi un bon violoniste et selon la musicologue américaine Amy Fay dans son livre Music Study in Germany, il tint souvent le rôle de premier violon dans l'orchestre de l'Académie Kullak. Il a aussi composé un excellent concerto pour violon, qui mériterait d'être représenté. Le pianiste Earl Wild, considère la transcription pour piano de Moszkowski de la Mort d'Isolde supérieure à celle de Liszt (The Art of Transcription, Carnegie Hall, 1981). Son Concerto en Mi est un des meilleurs de la période romantique. Il a été enregistré par de nombreux artistes. Sa suite pour deux violons et piano est un des délicieux exemples du style de Moszkowski.Henriette Moszkowski Chaminade

Durant les années 1880, Moszkowski commença à souffrir de troubles neurologiques qui réduisirent sévèrement ses activités de concertiste virtuose, et le conduisirent à se consacrer principalement à la composition. Il mènera aussi une honorable carrière de chef d'orchestre.
A l'invitation de la Philharmonic Society, il effectua, à partir de 1885, plusieurs visites en Angleterre, y présentant plusieurs pièces pour orchestre ainsi que son poème symphonique Jeanne d'Arc (opus 19). Il ne fera ses débuts à Londres comme pianiste que le 12 mai 1898, avec la première anglaise du Concerto en Mi majeur.
En 1884, il épousait la plus jeune sœur de
Cécile Chaminade, Henriette, au grand désespoir des parents d'Henriette désespérés de voir leur petite dernière partir pour Berlin. Une légende veut qu'ils n'aient pas assisté à la cérémonie de mariage célébrée le 28 octobre 1884 à la mairie du Vésinet. Il n'en est rien. Il n'y eut cependant ni contrat de mariage ni dot !
Henriette donna à Maurice Moszkowski deux enfants, Marcel (1887) et Sylvia (1889). Mais le mariage fut un échec. En 1890, Henriette abandonna sa famille à Berlin et rentra seule à Paris. Le divorce fut prononcé en 1892. Henriette se remaria en 1898 mais décéda deux ans plus tard.
Séjournant régulièrement à Paris depuis 1887, Moritz Moszkowki s'y installait définitivement en 1897 avec ses enfants. Il fit durant une dizaine d'années de fréquentes visites au Vésinet où Cécile Chaminade résidait toute l'année, le plus souvent avec sa mère.
Pour cette période,
on doit à Moszkowski un opéra Boabdil, roi des Maures (1892), teinté d'un exotisme alors à la mode, surtout apprécié pour son ballet, et de très nombreuses musiques de chambre. Membre honoraire de la Société philharmonique de Londres, membre de l'Académie royale de Berlin, iI connaissait alors une prospérité considérable en raison principalement de la grande popularité de sa musique.
Il était aussi très apprécié comme professeur et malgré une réputation d'extrème exigence. Il fut toujours plus que généreux en venant en aide aux jeunes musiciens débutants. En 1904, le jeune Thomas Beecham vint aux leçons d'orchestration de Moszkowski sur la recommandation de André Messager. Comme pianistes il eut aussi pour élèves Josef Hofmann et Wanda Landowska.
Avec le siècle cependant, la chance commença à tourner et Moszkowski, dont la santé déclinait eut la douleur de perdre prématurément, en 1906 sa fille Sylvia, agée de 17 ans. Elle est inhumée dans le caveau familial des Chaminade à Croissy. au côté de sa mère et de ses grands parents.


Moszkowski et ses enfants, Le Vésinet vers 1900.

Les goûts musicaux évoluant, l'opinion commençait à changer et se détournait des œuvres de Moszkowski qui restait inexorablement ancré dans les idéaux et les traditions du XIXe siècle. A mesure que sa popularité pâlissait, il se repliait sur lui-même et sa créativité s'évanouit avec sa perte d'ambition et d'enthousiasme. Il vécut les dernières années de sa vie dans la pauvreté. Il avait investi toute sa fortune dans des placements allemands, polonais ou russes qui furent anéantis par la Guerre en 1914 et la crise qui s'ensuivit. Malgré un concert à son profit organisé à Paris, avec la participation de célébrités du moment comme Percy Grainger et Leopold Godowsky, il mourut à peu près oublié à Paris le 4 mars 1925 d'un cancer de l'estomac.

Sources::

  • Martin Eastick, Moritz Moszkowski, The New Grove Dictionary of Music and Musicians, London: Macmillan, 2001.
  • Gilya Hodos (2004) Cécile Tardif (2005) communications personnelles pour la SHV.
  • Dictionnaire national des Contemporains, Tome 2, Paris, 1906.
  • Sources iconographiques :BNF Richelieu Musique, fonds estampes.

 


Société d'Histoire du Vésinet, 2007 - www.histoire-vesinet.org