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Les Osages et la « garenne » du Vézinet

Les Osages sont une tribu d'Amérindiens vivant principalement dans le comté d'Osage en Oklahoma (USA) où la rivière Osage rappelle que cet affluent du Mississippi traverse le lieu historique de ce peuple dans l'État du Missouri.
Les Osages sont des descendants de peuples autochtones qui étaient en Amérique du Nord depuis des milliers d'années. Ils faisaient partie des tribus vivant dans la région de la vallée de la rivière Ohio, s'étendant jusqu'à l'actuel Kentucky, telles que les Poncas, les Omahas, les Kaws et les Quapaws. Chassés par les envahisseurs Iroquois (autres tribus venus de l'Est), ils ont migré vers l'Ouest à la suite de guerres et pour trouver plus de gibier.
Finalement, les Osages ont atteint leurs terres « historiques » : les Grandes Plaines. Au XVIIe siècle, de nombreux Osages s'étaient installés près de la rivière Osage dans la partie ouest de l'actuel Missouri. Ayant adopté le cheval, une ressource précieuse qui a contribué à leur commerce avec les Français occupant la Louisiane (au sens du XVIIe et du XVIIIe siècle), ils ont établi leur domination dans la région des Plaines en 1750, contrôlant pendant près de 150 ans plus de la moitié d'un territoire incluant le Missouri, l'Arkansas, l'Oklahoma et le Kansas (tels qu'ils existent aujourd'hui).
En 1673, les explorateurs français Jacques Marquette et Louis Jolliet, progressant vers le sud depuis l'actuel Canada, le long du fleuve Mississippi, ont été parmi les premiers Européens à entrer en contact avec les Osages. La carte de Marquette datée de 1676 signalait les tribus Osages sur un territoire correspondant au Kansas actuel.

    Il y a sur le Missoury et sur les bords de ses eaux un nombre infini de nations. Les mieux connues sont les Osages situés sur la rivière du même nom et sur la rive droite du Missoury, à quatre-vingts lieues environ de son confluent. Ils sont au nombre de mille guerriers, vivant sur deux établissemens à une très-petite distance l’un de l’autre. Ils sont d’une stature gigantesque, bien proportionnés, détestant les blancs et toutes les autres nations indiennes; ils commettent des déprédations depuis l’Illinois, jusqu’à Arkansas.

    Le commerce de cette nation est sous un privilège exclusif. C’est une race cruelle et féroce, haïe et redoutée de tous les autres Indiens. Le confluent des deux rivières, Osage et Missoury, est à quatre-vingts lieues environ du Mississipi.

    A soixante lieues plus haut, sur le même bord du Missoury, est la rivière Kansas, sur laquelle se trouve la nation du même nom, elle est placée à soixante-quinze lieues environ au-dessus de son embouchure. Elle contient deux cent soixante guerriers aussi féroces et aussi cruels

    que les Osages ; ils maltraitent souvent ceux qui vont commercer avec eux... [1]

Guerriers expérimentés et hardis cavaliers, les Osages se sont alliés aux Français, avec qui ils faisaient du commerce, contre les Illinois au début du XVIIIe siècle. La première moitié des années 1720 fut une période de plus grande interaction entre les Osages et les colonisateurs français. Étienne de Véniard, sieur de Bourgmont (1679-1735) fonda le fort Orléans sur leur territoire ; c'était le premier fort colonial européen sur la rivière Missouri.
Des missionnaires jésuites attachés aux forts français établirent des missions dans le but de convertir les Osages, apprenant leur langue pour s'attirer leurs bonnes grâces et en 1724, les Osages s'allièrent aux Français plutôt qu'aux Espagnols dans leur lutte pour le contrôle de la région du Mississippi.

Amérindien Osage peint par George Catlin (1796-1872) peintre américain

Smithsonian American Art Museum

En 1725, Bourgmont amena une délégation d'Osages et d'autres chefs tribaux en France, à Paris. On leurs fit faire le tour de la France, notamment une visite de Versailles, des châteaux de Marly et de Fontainebleaux. Ils chassèrent (le lapin précise-t-on dans certaines sources) avec Louis XV (alors âgé de 15 ans) dans une forêt royale [2]. Ils assistèrent à un opéra.
Les Sauvages, une pièce de musique baroque pour clavecin, de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) fut inspirée par ce passage à la cour de Versailles de ces amérindiens. De là à faire le lien entre cette chasse au lapin, et la « garenne » du Vézinet, alors affermée au maréchal-duc de Noailles, elle-même source d'inspiration pour Jean-Philippe Rameau (Le Vézinet), il n'y a qu'un pas que nous sommes tentés de franchir ... même si cet épisode n'a laissé nulle trace dans les chroniques.

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    Notes:

    [1] Recueils de pièces imprimées concernant les colonies [Bibliothèque de Moreau de Saint-Méry] éditions 1750-1820.

    [2] Ironie de l'histoire, c'est à cause d'une amende pour braconnage en 1698 (il avait 19 ans) que le sieur de Bourgmont avait quitté la France pour aller chercher fortune aux Amériques.

 


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