Lettres &
discours de M. Alphonse Pallu

Lettre au maire de Chatou (1857)

Monsieur le maire,
j'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre d'hier 3 octobre par laquelle vous réclamez de moi une réponse au sujet des conditions que vous m'avez faites relativement aux prétentions qu'élève votre commune au sujet de certains droits d'usage sur la forêt du Vésinet. Cette affaire intéressant beaucoup plus que ma société, la liste civile qui nous a vendu cette propriété, j'ai communiqué que vos prétentions à monsieur le ministre de la maison de l'empereur et ce n'est que le 24 du mois dernier qu'il m'a fait faire sa réponse par l'administration générale des domaines de la Couronne.
Je me proposais d'aller vous communiquer moi-même cette réponse mais je suis tellement occupé que je n'ai pas pu trouver un moment pour avoir l'honneur de vous voir. Monsieur le ministre me fait savoir par cette lettre qu'il considère les prétentions de votre commune et de celle de Montesson comme dénuée de tout fondement et m'invite à les repousser de la manière la plus complète. Dans cette situation, je ne puis donc répondre à votre communication monsieur le maire que par un refus formel d'admettre les prétentions de votre commune tout en vous témoignant le regrêt de voir commencer mes rapports avec vous par une difficulté. Vous ne m'en trouverez pas moins disposé, en toutes circonstances à rendre nos rapports aussi agréables que possible car je suis convaincu que vous êtes animé du même désir de votre côté.
Recevez, je vous prie, monsieur le maire, l'assurance de ma considération très distinguée.

Lettre à l'Evêque de Versailles (1860)

En me chargeant de l'affaire du Vésinet, j'ai été dominé par la double pensée d'attacher mon nom à une grande entreprise, aussi bien d'intérêt public que d'intérêt privé; je serais donc heureux, monseigneur, de vous voir sanctifier par vos prières une oeuvre qui n'est pas seulement pour moi une oeuvre de spéculation.

Discours à l'inauguration des machines hydrauliques (1860)

Monseigneur, votre présence au milieu des travaux de notre colonie naissante, les faveurs du ciel que vos prières viennent d'y appeler, le haut et puissant intérêt dont MM. les ministres d'Etat et des travaux publics veulent bien, en se joignant à vous, nous donner ici un témoignage si direct, sont la plus haute récompense morale des efforts qu'il nous a fallu développer pour mener à bonne fin la tâche laborieuse que nous nous sommes imposée.
Je remercie Votre Grandeur, je remercie Vos Excellences, MM. les ministres, au nom de tous ceux qui ont concouru à la création et à l'exécution de l'oeuvre que nous accomplissons.
Déjà un grand encouragement nous avait été donné, lors que, dans son auguste bienveillance, l'Empereur avait daigné m'admettre à l'honneur de lui exposer nos projets. C'était, du reste, en nous inspirant des hautes pensées qui ont présidé à cette belle création aux portes de Paris, qui fait l'admiration du monde entier, que nous n'avons pas craint, nous tout d'abord, simples particuliers, de donner à notre entreprise l'ampleur et les proportions d'une oeuvre d'intérêt public.
Maintenant, messieurs, quelle en sera l'issue? c'est le secret de l'avenir. Mais cet avenir, nous ne pouvons l'envisager qu'avec confiance, alors que nous nous voyons entourés et soutenus par des sympathies si précieuses, alors qu'une sainte prière vient de faire descendre sur nous les bénédictions de la Providence.

Lettre à Monsieur l'abbé Moigno (1864)
Publiée dans Les Mondes - Revue Hebdomadaire des Sciences, Paris , 1864.

J'ai eu l'honneur de vous entretenir plusieurs fois de mon projet d'établir un paratonnerre sur la flèche de l'église du Vésinet; j'en ai causé également avec divers physiciens et architectes; mais ces différentes conversations n'ont laissé que des incertitudes dans mon esprit. Je ne vois point les physiciens d'accord entre eux sur le meilleur système à adopter, et je recueille même des doutes sur l'efficacité de ce préservatif de la foudre. Plusieurs des architectes avec lesquels j'ai causé vont même jusqu'à repousser son établissement; je suis donc fort embarrassé.
J'ai causé longuement avec M. Perrot, ingénieur civil, qui a beaucoup étudié les paratonnerres, et dont les idées sont complètement en désaccord avec celles généralement admises jusqu'à ce jour; l'inefficacité des anciens paratonnerres, leurs dangers mêmes, tiennent, suivant lui, à ce qu'on a toujours établi une pointe unique et grosse de plusieurs centimètres, au lieu de pointes multiples et aiguës. J'ai été, je vous l'avoue, très-frappé de ses raisonnements et des expériences qu'il a faites devant moi; mais comme je n'ai aucune prétention à me croire un savant, je n'ose conclure par moi-même, et je prends la liberté de m'adresser à vous.
L'efficacité d'un paratonnerre tient surtout, suivant M. Perrot, à la multiplicité et à la finesse des pointes, mais aussi à sa communication avec la nappe d'eau souterraine, et c'est ici que se présente pour moi une grave difficulté. J'aurai beaucoup de peine à me créer au Vésinet un puits à niveau permanent, et je n'y arriverai pas sans d'assez grandes dépenses. Dois-je donc, en présence de la diversité des opinions, établir un paratonnerre qui sera assez coûteux, alors que je rencontre des esprits qui le considèrent même comme dangereux ?
Je vous serais bien reconnaissant, monsieur l'abbé, si vous vouliez bien me tirer promptement d'embarras, car on va poser la flèche du clocher d'un jour à l'autre.

Discours à l'inauguration de la première école (20 mai 1866)
Propos rapportés dans L'Industriel de St-Germain du 26 mai 1866.

Quand les hommes se réunissent en société, et qu'ils ont pourvu aux exigences de la vie, ils éprouvent le besoin d'élever leur âme vers Dieu, ils veulent cultiver leur intelligence. [...] Quand nous avons songé à créer le Vésinet, ma compagnie et moi, nous avons voulu, avant tout, fonder une chose sérieuse et durable, et pour toutes les études préparatoires que j'ai faites à cette époque, je n'ai jamais séparé dans ma pensée les intérêts de ma compagnie de ceux des habitants futurs du Vésinet [...]. C'est ainsi que profitant d'un chalet que nous possédions à la station du Pecq, j'en ai fait une maison d'école, en le transportant au village, et en le mettant à la disposition d'un instituteur jusqu'au jour où la colonie du Vésinet sera en mesure de fonder quelque chose de définitif. La population du Vésinet s'augmente chaque jour rapidement, et nous avons déjà un nombre assez considérable d'enfants des deux sexes appartenant aux familles laborieuses. Le moment est donc venu de se préoccuper de leur éducation [...].

Discours à MM. les Syndics (18 mars 1870)

Messieurs,
L'instruction administrative de l'érection du Vésinet en Commune est aujourd'hui assez avancée pour qu'il devienne indispensable de vous exposer quels doivent être, à mon avis, les rapports de la Société Pallu et Cie et de la future commune, à raison de leurs intérêts collectifs et réciproques.
Depuis longtemps, vous le savez, cette question m'a préoccupé et depuis longtemps aussi je l'ai étudiée et méditée, mais par un sentiment de délicatesse que vous apprécierez, je me suis abstenu jusqu'à ce jour, afin de laisser l'enquête se produire dans la liberté d'action la plus absolue et pour que nos adversaires ne puissent alléguer que les votes émis étaient le prix de concessions et de libéralités que la Société du Vésinet faisait à la future Commune. L'article 2 du cahier des conditions générales qui régit les ventes du terrain du Vésinet et qui est notre loi commune, est ainsi conçu:
MM. Pallu et Cie, tant qu'ils demeureront propriétaires des voies de communication et places, se réservent le droit exclusif de provoquer l'érection du Vésinet en Commune et d'y donner leur consentement ; MM. Pallu et Cie devront demeurer seuls juges de l'opportunité de cette mesure.
Cette stipulation qui semble arbitraire, au premier abord, n'a été inspirée que par une pensée d'intérêt commun. Fondateurs d'une colonie dont les éléments futurs leur étaient complètement inconnus. MM. Pallu et Cie devaient protéger avant tout l'oeuvre qu'ils allaient entreprendre contre les incertitudes de l'Avenir. Je savais, par une longue expérience, comme ancien membre et secrétaire d'un Conseil Général, combien ces questions de création de communes nouvelles, aux dépens de communes déjà existantes, excitent de passions et de luttes acharnées. Je savais avec quelle irréflexion elles sont parfois introduites en vue d'intérêts qui ne sont pas toujours ceux de la communauté tout entière et sans être précédées d'une étude suffisamment approfondie des voies et moyens.
MM. Pallu et Cie n'ont eu d'autre pensée, en se réservant le droit d'initiative à cet égard, que de préserver les futurs habitants du nouveau pays qu'ils allaient créer, des conséquences de démarches intempestives et prématurées. Mais, ni ma Compagnie, ni moi qui en suis la personnification n'avons jamais entendu conserver indéfiniment ce droit. En effet, quand la population du Vésinet eut atteint le chiffre de deux mille âmes, quand ses habitants eurent appris à se connaître, que le désir de former un groupe distinct se manifesta parmi eux, je crus qu'il était de mon devoir de provoquer une réunion générale de tous les propriétaires pour connaître leurs besoins et leurs vœux.
Le 23 août 1867, je les convoquai pour le 1er septembre suivant ; je me bornai à indiquer dans la circulaire de convocation que la réunion aurait pour objet l'examen de diverses questions d'intérêt général, évita à dessein, de parler de l'érection du Vésinet en Commune, afin de laisser l'opinion se produire, à cet égard, en toute liberté. Dans cette assemblée qui m'appela à l'honneur de la présider, il fut question d'organiser des écoles gratuites, de favoriser le développement d'une société musicale en voie de formation, d'appeler l'intérêt des habitants du Vésinet sur la Société des Jardiniers et ... de provoquer l'érection du Vésinet en Commune.
L'examen de toutes ces questions, dont les unes étaient d'un intérêt prochain, les autres d'un intérêt plus ou moins éloigné, conduisit l'assemblée à décider, à l'unanimité la formation d'une commission de dix-huit propriétaires qui auraient pour mission de représenter les intérêts collectifs des habitants du Vésinet, dans toutes les questions d'intérêt général, sans toutefois pouvoir engager, en quoi que ce soit, les habitants. Par une circulaire du 5 septembre 1867, je portais cette délibération à la connaissance de tous les propriétaires et habitants du Vésinet.
Le résultat de ces études successives m'a fait accepter l'idée de transformer le Vésinet en commune et de suivre, comme je l'ai fait depuis deux ans, avec toute l'activité dont je suis susceptible, la réalisation de ces projets. Si, dernièrement, j'ai cru devoir m'abstenir, en raison de ma qualité de gérant de la Société du Vésinet, dans l'enquête qui a été faite au mois de décembre dernier, vous en savez le motif. Vous connaissez tous, Messieurs, la délibération du Conseil Municipal de Chatou, du 15 juillet dernier, qui représente les habitants du Vésinet comme obéissant, sans s'en douter, aux intérêts de spéculation de la Société Pallu et Cie. Vous savez tous, le cas que vous devez faire de semblables assertions renouvelées de l'enquête sur l'érection de la paroisse, mais il ne suffisait pas que tous les habitants fussent parfaitement fixés sur notre rôle véritable, il fallait qu'il ressortit de l'enquête même, que MM. Pallu et Cie n'ont exercé aucune pression sur les électeurs. Tel a été le motif de mon abstention.
Je finis en résumant avec vous, Messieurs, les différentes questions qui se rattachent à la transmission de la Société Pallu et Cie à l'administration municipale de la future commune, de diverses dispositions d'intérêt commun...
1° — Consentement plein et entier, de MM. Pallu et Cie, à l'érection du Vésinet en Commune.
2° — Abandon gratuit, par eux à la future commune, des voies de communications et places, y compris celle du marché, des sentiers de promenades, ponts, passerelles et du sol des coulées et pelouses. Le tout à la charge:
De conserver la disposition donnée aux routes, allées, sentiers, ponts et passerelles, coulées et pelouses et la destination d'intérêt commun qui leur est affectée, de les maintenir et entretenir sans jamais pouvoir aliéner les coulées et pelouses, la future commune devant être substituée activement et passivement aux droits et obligations du cahier des conditions générales, qui lie la Compagnie avec les acquéreurs et les acquéreurs entre eux.
6° — Abandon gratuit, à la future Commune, de l'Eglise, et de sa Place, ainsi que du presbytère.
9° — Don à la Commune d'un terrain de six mille mètres, situé sur la route Impériale, pour y construire la Mairie, les Ecoles et la Salle d'Asile.
10°— Abandon gratuit à la future commune, de la place du Marché et du droit d'exploitation dudit marché, dont MM. Pallu et Cie sont actuellement investis.

Discours de la prise de fonction de Maire (1875)

Messieurs,
En prenant possession de l'écharpe municipale, que je dois à la confiance de vos électeurs et à celle du gouvernement, ma pensée se reporte naturellement vers une autre époque où, comme aujourd'hui, je dus accepter l'honneur, en même temps que le fardeau, d'administrer la commune de Pontgibaud, que j'habitais depuis 13 ans, comme directeur des mines argentifères de ce pays.
Nous étions en 1849, la France venait de traverser la crise révolutionnaire de 1848, les passions politiques maintenues sous la pression d'un gouvernement régulier frémissait encore quand le fonctionnement légal de la constitution amena des élections municipales qui me portèrent, en mon absence et contre ma volonté, au conseil de la commune qui me nomma maire.
J'avais toujours décliné les honneurs municipaux qui m'avaient paru incompatibles avec les nombreuses occupations que m'imposait l'entreprise considérable qui faisait et qui fait encore la richesse du pays qui voulut m'avoir pour maire.
Je résistais longtemps mais je dus me résigner à accepter ces honorables fonctions car le conseil municipal était tellement divisé que j'étais le seul lien possible qui pût lui permettre de fonctionner.
J'ai vécu ainsi pendant quatre ans en bonne harmonie avec ce conseil jusqu'au jour où j'ai quitté ce pays pour me fixer à Paris. J'ai pu, avec son concours, et avec des ressources budgétaires presque nulles, fonder des écoles, créer une halle, une mairie, une justice de paix, faire réparer des fontaines, etc.

Ces efforts m'ont valu la plus douce récompense qu'un maire puisse ambitionner, l'inscription de mon nom sur la façade de la Mairie, votée par le conseil municipal. Cette expression de la reconnaissance de toute une population, je la dois à la ligne de conduite dont je ne me suis jamais départi : respect des lois de mon pays, franchise et loyauté.
Je vous prie de m'excuser, Messieurs, d'avoir pris ainsi la liberté de vous faire remonter mon passé, car je ne l'ai fait que pour arriver à vous dire combien ma tâche deviendra facile avec un conseil comme le nôtre qui renferme dans son sein des hommes de haute capacité.
Les mêmes motifs qui m'ont fait hésiter en Auvergne à accepter les fonctions de Maire se sont présentées de nouveau à mon esprit quand M. le Préfet voulut bien insister pour me les faire prendre au Vésinet, car je retrouve ici les mêmes difficultés de concilier mes nombreuses occupations avec les mille détails de l'administration municipale.
 J'ai eu aussi une autre raison de réfléchir. Quelques personnes m'ont dit : "Mais n'allez-vous pas vous trouver dans une position délicate ? Vous êtes le fondateur du Vésinet. Les intérêts de la Commune ne vont-ils pas se trouver parfois en opposition avec ceux de votre Compagnie ?"
 J'avoue que ceci a augmenté momentanément mes hésitations, mais elles ont dû céder devant l'examen que j'ai fait des nombreux abandonnements obtenus par moi de ma Compagnie en faveur de notre nouvelle Commune et aussi devant le risque de voir se perdre du côté de l'administration municipale la tradition qui doit conduire Le Vésinet à son entier achèvement.
 Dans l'examen auquel je me suis livré je n'ai pu découvrir deux intérêts : ceux de la Commune et de la Compagnie sont les mêmes, la prospérité de l'une fera la prospérité de l'autre ; leur connexité est donc absolue et personne mieux que le fondateur du Vésinet n'est en état de leur donner une entière satisfaction, surtout avec votre concours, Messieurs.
 Tout m'y pousse en effet : mon intérêt personnel, moral, matériel, le sentiment de mon devoir envers la Compagnie que j'ai l'honneur de représenter, le sentiment de mes devoirs envers les nombreux habitants du Vésinet qui ont eu confiance dans son avenir en venant ici créer leurs propriétés et qui peuvent se dire, eux aussi, les fondateurs de notre nouveau pays.
 Je vous promets, Messieurs, franchise, loyauté et bienveillance pour tous, concours empressé à tout ce qui est utile et respectable. Je vous promets aussi résistance énergique contre tous les empiétements, d'où qu'ils viennent, résistance absolue contre les mauvaises passions. Je vous promets enfin le respect des lois de mon pays, soit qu'il faille les faire observer, soit que je doive les observer moi-même. D'une époque aussi troublée que la nôtre, où les respects ont disparu, c'est un devoir pour tout homme honnête de travailler à la reconstruction du respect de la loi, le seul aujourd'hui possible dans l'état actuel de nos moeurs.
 C'est assez vous dire Messieurs que je respecterai surtout la constitution qui fait de la France un gouvernement républicain. Je souhaite que l'union qui est le principe d'un tel gouvernement, se fasse dans toute la France et qu'elle ne soit jamais troublée dans notre nouvelle Commune dont elle fera la force et la prospérité."

Lettre de démission (4 avril 1879).

Monsieur l'Adjoint,
L'esprit de conciliation dont j'ai fait preuve dans bien des circonstances, m'a empêché hier encore, d'insister pour que la protestation que jai eu l'honneur de lire au Conseil municipal, fut insérée au procès-verbal.
En cela, j'ai obéi comme toujours, à l'opinion de la majorité et, si j'ai donné ma démission de Maire, c'est qu'il ne m'était plus possible de rester à la tête d'un conseil avec lequel, d'accord quant aux principes, je me suis vu trop souvent en désaccord quant aux voies et moyens.
Aujourd'hui, les mêmes raisons me font un devoir de ne plus siéger parmi vous, et je crois de ma dignité de me séparer du conseil municipal.
J'emporte dans ma retraite, la satisfaction du devoir accompli dans toutes circonstances, aussi bien envers le pays que j'ai créé, qu'envers la commune que j'ai fondée, et à laquelle j'ai suffisamment donné de gages de mon intérêt et de ma sympathie.
Veuillez agréer, Monsieur l'Adjoint, l'assurance de ma considération très distinguée
.

Discours à l'inauguration des bâtiments municipaux (1879)
A. Pallu a quitté ses fonctions de Maire depuis quelques semaines et n'occupe plus de fonction officielle.
Il répond à l'adresse personnelle du Ministre de l'Intérieur, Monsieur Lepère.

Monsieur le Ministre,
Je vous remercie des souhaits que vous formez pour cette commune qui m'est chère à tant de titres. J'ai voulu créer à proximité de Paris, une ville de laquelle vous venez de visiter les bâtiments, et j'y suis parvenu.
Permettez-moi de vous le dire Messieurs, ce n'est pas aujourd'hui que je me sacrifie. Voilà 51 ans de travaux et d'efforts que j'ai dépensés pour le bien du Pays. J'ai donc eu, par conséquent de lourds impôts à supporter, des charges et des soucis sans nombre, afin de sauvegarder les capitaux que j'avais à administrer. J'ai compris de bonne heure toute l'importance de l'instruction et de l'éducation des masses ; toute ma vie, j'ai suivi les inspirations de ma conscience dans cet ordre d'idées.
J'ai fondé en Touraine deux grandes usines et, il y a cinquante ans à Pontgibaud, j'ai été un des premiers à fonder la Caisse de Prévoyance. Je puis dire que dans toutes les circonstances de ma vie, mes actes ont eu pour but la vulgarisation de l'enseignement et des institutions charitables. Et je crois avoir ainsi rempli mon devoir et avoir, dans la mesure de mes forces, participé à la loi commune qui demande que les bonnes volontés des hommes s'unissent pour faire le bien. A la fin de ma carrière, je suis heureux de voir mes efforts couronnés de succès ...


Société d'Histoire du Vésinet, 2005-2007 - www.histoire-vesinet.org