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Pierre Satre, le père de la Caravelle.

Jean-Pierre Nineuil

Né à Grenoble le 4 mai 1909, ancien élève de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole Supérieure de l'Aéronautique, Pierre Satre était breveté pilote et observateur aérien après avoir fait son service militaire à Avord. Il commença sa carrière civile au C.E.M.A. (futur Centre d'Essai de Villacoublay) puis au Service Technique de l'Aéronautique où il travailla au bureau de calcul jusqu'en mars 1941. Entré à la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Est (SNCASE), en zone sud, il étudia avec Robert Castello des projets de développement du Dewoitine 520 (le 582), d'un planeur biplace côte à côte et d'un curieux appareil de tourisme, l'Aile volante (SE.2100) qui se présentait comme un "sans queue" équipé d'une aile propulsive et qui vola pour la première fois le 4 octobre 1945.
Après la Libération, il réalisa l'étude d'un chasseur embarqué dont les trois prototypes ne purent voler faute de livraison des moteurs prévus. C'est encore à Pierre Satre que sont dus les avions de liaison 2300/2310 avant le premier grand programme du quadrimoteur long courrier SE-2010 Armagnac qui effectua son premièr vol le 2 avril 1945 mais ne fut construit qu'à 9 exemplaires.
Avec le chasseur Grognard (SE.2400 et SE.2415), Satre innove en superposant les deux réacteurs mais ces deux avions d'attaque au sol resteront au stade de prototype. Avec Durandal, ensuite, il adopte l'aile delta. Le développement de cet "intercepteur" monoplace (SE.212) est retardé par la préparation de Caravelle; il vole pour la première fois le 20 avril 1956. Mais il restera au stade de prototype et on lui préfèrera finalement le Mirage produit par Dassault.


Pierre Satre, le père de la Caravelle
dessin de Jacques NOETINGER, Air & Cosmos n° 1236 du 6 mai 1989

Au début des années '50, le Secrétariat général à l'Aviation Civile et Commerciale émet des spécifications pour l'étude d'un appareil de moyen courrier. Pour répondre à ce programme Pierre Satre conçoit le SE.210 qui sera baptisé "Caravelle" dont le prototype décolla pour le première fois le 27 mai 1955. Cet avion biréacteur affichait selon ses différentes versions, un poids total de 43 à 58 tonnes, une capacité d'emport de 60 à 130 passagers sur des étapes de 1500 à 3000 kilomètres à une vitesse de croisière de 775 à 825 km/h. L'appareil se distinguait par la position de ses réacteurs à l'arrière du fuselage. Le souci de sécurité avait incité les ingénieurs à éloigner au maximum les propulseurs du carburant emmagasiné dans les ailes. Ainsi, tout risque d'incendie était pratiquement impossible. De plus, cet objectif éliminant les réacteurs à proximité de la voilure, donnait aux ailes la pureté aérodynamique d'un planeur et favorisait les performances.
Quatre ans après le premier vol du prototype de Caravelle, le premier moyen courrier à réaction français entrait en ligne le 15 mai 1959. L'oeuvre de Pierre Satre et d'André Vautier recueillait sa consécration.
Les réacteurs accolés au fuselage, feront école dans le monde entier. Jusqu'en 1973, Caravelle qui fut construite en 282 exemplaires, en neuf versions différentes allait devenir l'ambassadrice du génie aéronautique français, vendue à 35 compagnies dans 27 pays. Avion robuste, Caravelle était aussi "l'avion le plus confortable du monde", par le silence qui y règnait.
Directeur technique de la division avions à la Société Aérospaciale qui succéda à la SNCASE, Pierre Satre devait ensuite prendre part au programme
Concorde.


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