D'après L'Union Sportive du Vésinet d'hier à aujourd'hui, Jean de La Croix, Bulletin municipal n°21, avril 1972.

Les débuts de l'Union Sportive du Vésinet

Depuis 1922, toutes les familles du Vésinet ou des communes environnantes, ont eu un fils, un mari, un frère ou une soeur, enfin, un membre de sa famille, qui fut pendant un temps plus ou moins long, membre de l'Union Sportive du Vésinet. L'USV appartient à la Ville, comme un peu, la Ville appartient à I'USV.
La déclaration de fondation de la Société à la préfecture de Versailles remonte au 10 janvier 1922 et la publication au Journal Officiel figure à la page 1383 du numéro du 1er février 1922. Mais, pour la petite histoire du Vésinet, bien avant cette date, il y avait - si nous osons dire "du sport dans l'air" sur les pelouses du Vésinet.
Le 16 janvier 1887, c'est-à-dire antérieurement aux plus anciens clubs sportifs français, se créait à Paris l'Union des Sociétés Françaises de Course à Pied et l'entraînement des athlètes se déroulait sur les pelouses de l'ancien champ de course du Vésinet, près des Ibis. Cette société est depuis longtemps disparue et oubliée, mais elle fut en quelque sorte la marraine de la Margarita, patronage fondé au Vésinet avant la première guerre mondiale où l'on pratiquait le sport et la musique dans un aimable éclectisme. Peu de temps après survint la naissance de l'Association Amicale des Anciens Élèves de la Ville qui s'occupait de son côté d'activités sportives. Ces deux sociétés continuèrent de fonctionner pendant la Grande-Guerre. A la fin de celle-ci la Margarita disparût et devint l'Association Sportive du Vésinet. [1]

Puis l'Association Sportive et l'Association Amicale fusionnèrent en 1921 sous l'impulsion, entre autres, de MM. Cassier, Boisville et Villemain. L'Union Sportive du Vésinet était fondée. Et le premier Comité directeur se réunit avec M. Lasternas, comme président. MM. Buscaylet, John McNair, Cassier, Fauquenbergue, Raffegeau, Cochard, Hanot, Guezennec, se partageant les autres postes.
En fait, à cette époque, on ne pratiquait le sport, et plus spécialement le football, que sur les pelouses du Village. Les joueurs posant les buts et marquant eux-mêmes le terrain, et se déshabillaient en plein air ou au Café de la Verdure, tout proche. Puis la Société, sur l'initiative et la participation financière de certains dirigeants, de John McNair en particulier, utilisèrent un terrain en bordure de Seine, parfois inondé d'ailleurs. Le stade de l'Asile ne fut installé qu'en 1926.
John McNair se souvient:

Entre février 1920 et avril 1926, nous avons joué sur la Pelouse des Ibis, (l'ancien champ de courses). Nous avions eu beaucoup de succès au football et nous montions régulièrement de division. En Première Série de la Ligue de Paris, nous devions avoir un terrain clos. Mais nous ne pouvions pas clore le Champ de Courses. N'importe quelle personne avait le droit de traverser le terrain, même en plein match.
Je me souviens un jour que nous jouions un match fiévreux contre nos vieux rivaux le Stade de Saint-Germain, quand un brave "vieux de la vieille" traversait le terrain. Les joueurs et les spectateurs ont "gueulé". Mais, heureusement, j'étais l'arbitre et je connaissais la loi. Il a fallu tout mon tact britannique pour persuader ce brave citoyen de nous laisser continuer de jouer.
Pendant l'été de 1926, nous nous sommes tous mis à la recherche d'un terrain que nous pourrions clore. C'était très difficile car les pelouses ne peuvent jamais être vendues (heureusement pour la beauté du Village). Finalement, j'ai trouvé, près de l'Asile un terrain couvert d'arbres, (57 en tout) mais non nivelé.
...
Le terrain compte 9.500 mètres carrés à 30 francs le mètre. Avec les frais; il faut trouver 300.000 francs. Alors, les fondateurs de l'USV se cotisent, "tapent" leurs amis, car il faut aussi construire douches et vestiaires, et aussi des tribunes. Le Président d'alors, M. Delange réussit à obtenir un crédit du Ministère, lequel doit être versé, obligatoirement à la Ville. Enfin, on réunit 250.000 francs et le solde sera réglé au propriétaire du terrain, en deux ans, et sur les recettes.
Enfin, le terrain est prêt pour le premier match de la saison 1926/1927. Le Maire de cette époque, M. Saulnier est présent le jour de l'inauguration, et remercie les fondateurs de l'USV d'avoir permis à la Municipalité de disposer d'un Stade "sans bourse délier"...
Puis, ce stade de l'Asile a connu de belles rencontres où l'équipe de football du Village a vécu ses plus belles heures de gloire. Vint la guerre, puis le club repart, tout en développant d'autres sports que le football...En 1947 ou 48, un groupe de spéculateurs voulait acheter le stade pour y construire des villas. La valeur du terrain avait augmenté au delà de toute proportion. Il fallait ma signature. J'ai refusé. Mais trois ou quatre années après, la Municipalité m'avait informé que les enfants du quartier n'avaient pas d'école de ce côté du chemin de fer. Il fallait aller à l'école à Croissy ou aller jusqu'au boulevard Carnot. J'ai accepté immédiatement à la condition que la Municipalité procure un autre terrain pour remplacer le Stade de l'Asile.

Lettre de John McNair, 2 octobre 1965

En 1925 déjà, I'USV avait atteint les seizièmes de finale de la Coupe de France de football. Depuis 1926, date de l'inauguration du stade de l'Asile, la section de football n'avait cessé de progresser et opérait en Première Division de l'époque qui groupait les meilleures équipes de la Région parisienne.

USV équipe première 1927-28
John McNair (à gauche) avec l'équipe de 1927-1928
Baloy, R. Letort, Morand, Baillie, Falize, Larre, Bénard (entraîneur)
Poirier, Pique, Larcher, A. Letort, Ferez.

Peu à peu, les effectifs augmentaient et comptaient des recrues de valeur comme quatre footballeurs de division d'honneur, tous quatre émigrés du Stade Français: Andrup, Simonsen (tous deux ex-internationaux sous les couleurs du Danemark), Fontaine et Falize. Augmentait aussi le nombre des sections: cyclisme, basket-ball, athlétisme, section enfantine ...
La vie sportive se développait lentement mais sûrement malgré les difficultés venant du manque de terrains, d'installations décentes et, comme de juste, d'argent. Mais I'USV avait à sa tête des hommes de premier plan et l'oeuvre entreprise allait vers le succès et les succès.

 Le Vésinet, Stade de l'asile
Le Stade de l'Asile, terrain de l'USV de 1926 à 1957

Vint la guerre et aussi l'occupation. Beaucoup avaient disparu, étaient prisonniers ou n'avaient guère l'esprit à s'occuper de sport. Il fallut, non pas repartir à zéro, mais s'adapter et faire au mieux pour résoudre des difficultés accrues. Une nouvelle équipe de dirigeants, où se retrouvèrent d'ailleurs les membres des comités précédents, se mit en place et s'organisa. Rappelons que le président du Club des Supporters de I'USV, Louis Pierson, fut déporté pendant cette période pour faits de Résistance et mourut en Allemagne en 1945.

MM. Sandrin, président, Izard, Rublon, Desains, marquent cette période de la vie du Club de leur forte personnalité et donnent une impulsion remarquable aux activités sportives de la Cité. Pourtant, les installations sont bien précaires. Le Stade [dit] "de l'Asile" était bien disponible, mais il n'y avait là qu'un seul terrain de football, Il y avait aussi le stade des Merlettes, qui était loin d'être ce qu'il est devenu maintenant, et qui offrait un petit terrain de football, deux terrains modestes de tennis. Enfin on vivotait tant bien que mal jusqu'à la Libération. Mais déjà la section de football se distingue. Depuis 1926, date de l'inauguration du stade de l'Asile, la section de football n'avait cessé de progresser et opérait en Première Division de l'époque qui groupait les meilleures équipes de la Région parisienne. Roger Quenolle y fit ses premières armes à cette époque.
En 1945, les succès reprirent, surtout en Coupe de France.

Le Village [Le Vésinet] a souvent obtenu de très bons résultats en Coupe de France. Sa grande époque : 1946-1947, avec les Roubaisiens de Darui, gardien de l'équipe de France et les Rennais de Prouff à son palmarès, éliminé en 1/8e de finale par les pros de Clermont, après prolongations. Un an après, ce sont encore des pros qui les éliminent, ceux de Lens, toujours après prolongations. En 1959/60, le Village sort Dunkerque qui joue en C.F.A. (4 à 1) et tombe sur les pros de Toulouse en 1/32e. En 1965/66, il élimine Fontainebleau et se fait battre en 1/32e par les pros de Bastia (2 à 0).

Le Vésinet fait partie de l'histoire de la Coupe. Lorsque cette épreuve vit le jour en 1917/1918, il y avait 48 engagés et parmi eux le Margarita Club du Vésinet.

Paris-Football, 9 janvier 1969.

Ajoutons que lors de la saison 1969/70, le Village a disputé à nouveau les 1/32e de finale de la Coupe, menant à la mi-temps, mais battus, après prolongations par Geugnon, club de C.F.A. (2 à 1).

La section de basket-ball, créée en 1932, fut animée dès 1942, par de très jeunes garçons, les frères Francis et Claude Matalou, entourés d'une bande de "copains". Cette section commence par une série de succès remarquables. Les Matalou deviennent internationaux et les membres du basket ne comptent plus leurs sélections en équipe de Paris ou de France, comme d'ailleurs les vedettes de ces années Jacques Marchand et Marcel Ibert. L'équipe Fanion jouera constamment en championnat de France ou de Paris et toujours pour des places d'honneur. Mais dans quelles conditions... Pas de terrain décent, en plein air, bien sûr. Pas de vestiaires ou de douches.
On retrouvait maintenant, comme dirigeants les anciens joueurs, dont les fils assuraient la relève. Une section de boxe fut créée, et aussi une section cycliste. Elles disparaissent quelques années plus tard, faute de dirigeants. L'escrime vit le jour en 1945, sous l'impulsion de maître Anglejean, qui connut vite un beau succès. L'USV possédera en 57/58, l'une des meilleures équipes de jeunes de la Région parisienne et comptera de nombreuses sélections en championnats de France ou de Paris. Mlle Manigé Schamaneche deviendra même championne du Monde universitaire en 1958 et récidivera quatre ans plus tard.

L'athlétisme aussi s'organisait sous l'impulsion d'un international de cross-country, habitant le Vésinet, M. Philipps. Mlle Baudinaud se classait seconde aux championnats de France en 1941. Puis, d'autres dirigeants, MM. Meynie et Gagnepain prirent la relève et tentèrent de développer ce sport de base. Mais que faire quand on n'a aucune installation digne de ce nom. Ils abandonnèrent, un peu découragés, quelques années plus tard. Si l'USV se développait, on ne pouvait pas faire grand-chose de bon faute d'un stade moderne et digne de la Ville. L'Asile était bien dépassé.

Jean Marie Louvel se fait présenter l'équipe de 1946.

La Municipalité présidée par M. Louvel prit conscience, au début des années '50, de la pauvreté des équipements sportifs locaux et commença l'étude d'un projet déjà fort ancien dans le but de se doter d'un stade décent au lieudit Les Merlettes au nord de la Ville. [2]
C'était un projet important, difficile à réaliser, par suite de la valeur des terrains. Ce fut également assez long à mettre en route car ce terrain se trouvait sur la commune voisine de Montesson, ce qui entraînait des difficultés administratives nombreuses. La réalisation fut aussi retardée par des procès entamés contre les propriétaires de différentes parcelles. Il faut rendre hommage ici à l'action du secrétaire général de I'USV, André Rublon.

Mais qu'allait devenir le stade de l'Asile, propriété des fondateurs de I'USV, en particulier de M. McNair ? Le terrain, important, avait déjà pris une plus-value considérable après la première guerre mondiale. En 1947 un groupe de promoteurs se proposait d'acheter l'Asile pour y construire des villas. Il fallait ma signature, écrivait M. McNair, dans sa lettre du 2 octobre 1965 mais j'ai refusé. Mais trois ou quatre ans plus tard, la Municipalité souhaita acquérir le terrain pour y bâtir une école (le Goupe Princesse). J'ai accepté immédiatement à la condition que la Municipalité procure un autre terrain pour I'USV pour remplacer le stade de l'Asile. Mes conditions furent acceptées...
Ainsi les propriétaires du Stade de l'Asile, fondateurs de l'USV abandonnèrent leurs droits de propriété en faveur de la Ville qui utilisa ce terrain à la construction du groupe scolaire de la rue de Verdun et également un ensemble d'immeubles HLM. Cet abandon fut donc fait contre la seule utilisation du stade des Merlettes. C'était, on en conviendra beaucoup de générosité.

Terminé en 1957 le Stade des Merlettes fut inauguré le 29 septembre de la même année. L'USV disposait ainsi d'un "outil de travail" qui l'invitait à se développer. En 1962, débutait de la section de tennis, sous la présidence de M. Marie. 1962 vit le début en championnat de la section de volley ball créée par M. Blandin. En 1962, fut mise en route une section d'athlétisme sur une piste en herbe avec à sa tête M. Stef qui apportait tout son dynamisme. En 1963, une section de hand-ball fut créée avec comme leader, M. Dussous, un président plein de foi. En 1964, création d'une section de sport-boules, en 1965, naissance d'une section de judo sous la direction éclairée de MM. Bromet puis Maréchal et Jean Gaillou, ceinture noire et champion d'Europe, dans un local municipal près de la gare du Pecq.
Devant le développement de l'Union Sportive du Vésinet, et sur ses demandes, la Municipalité, Marc Ferlet, étant à cette époque, maire de la ville, commença l'étude de la construction d'une salle omnisports dans l'enceinte du stade des Merlettes. Plusieurs années furent encore nécessaires pour mener à bien ce projet et pour résoudre un problème financier important. Le concours de l'Etat fut sollicité et obtenu par l'inscription au IVe et au Ve Plan.
Alain Jonemann, étant devenu maire en 1965, s'intéressait de très près aux questions sportives locales, et à la vie de l'USV. Il s'entoura de conseillers municipaux jeunes et dynamiques à qui l'USV doit tant. Le projet de la salle fut très rapidement mis à exécution. La salle omnisports des Merlettes, commencée le 1er juin 1966 et fut achevée en mai 1967 et inaugurée le 27 janvier 1968 en présence de M. le Préfet des Yvelines.

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    Notes complémentaires:

    [1] C'est le contraire. L'Association des Anciens Élèves disparut et le Margarita Club se limita à la communauté catholique dont il était issu, affilié à la Fédération Gymnastique et Sportive des Patronages de France et, plus tard Fédération Sportive et culturelle de France. Il avait son siège au 10 place de l'Eglise (vicariat) et comme responsable un des vicaires de la paroisse Ste Marguerite. Il s'illustrera jusque vers la fin des années 30.

    [2] Un décret du 24 avril 1948 déclarait d'utilité publique l'acquisition, par la commune du Vésinet des terrains nécessaires à son équipement sportif."Par décret en date du 24 avril 1948, a été déclarée ''utilité publique ''acquisition, par la commune du Vésinet (Seine-et-Oise) des terrains nécessaires à 'l'agrandissement du stade municipal dit « Stade des Merlettes ».Par ce texte, le maire du Vésinet, agissant au nom et pour le compte de la commune, avait été autorisé à acquérir, soit à l'amiable, soit s'il y a lieu par voie d'expropriation, les terrains sis sur le territoire de la commune de Montesson, lieudit « Les Terres blanches », figurant au cadastre sous les N°169 p, 174 p, 175 p, 176 p, 177 p, 178 p, 199 p, 200 p, 208 p, 209 p, 226 p et 227, de la section D, tels que représentés par une teinte rose sur le plan approuvé. Il serait pourvu au payement de la dépense d'acquisition, évaluée à 1.351.000 frs, à l'aide d'un emprunt d'un montant égal, amortissable en trente ans, que la commune était autorisée à contracter.


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