Walérian Borowczyk, cinéaste contesté

... En 1966, le premier court-métrage entièrement joué, de Borowczyk, Rosalie, adapté d'un texte de Maupassant repose sur le contraste entre un émouvant visage de femme et des travellings énumérant avec minutie les objets qui prouvent un infanticide.
Désormais créateur absolu des films dont il règle le scénario, le décor et l'interprétation, " Boro" (comme l'appellent familièrement ses amis) réalise en 1968, Goto, l'île d'amour (avec Pierre Brasseur, Ligia Branice, Ginette Leclerc, René Dary). Il nous introduit dans un monde entièrement imaginaire, mais d'une implacable réalité, où le nom de tous les personnages commence par un G et où règne une tyrannie d'autant plus atroce qu'elle est absurde et acceptée. Le héros n'a d'autre issue, au sens littéral du terme, que la recherche de l'amour, magnifié par trois passages en couleurs au sein du film en noir et blanc qui coïncident avec la reprise d'un motif de Haendel.

Goto, l'île d'amour (1968)
Sénario, dialogue et mise en scène de Walerian Borowczyk
avec Pierre Brasseur, Ligia Branice, Ginette Leclerc, René Dary.

(sur la photo, Guy Saint-Jean et Pierre Brasseur).


Avec ce film, Borowczyk s'est affirmé comme le possesseur, non seulement d'un genre, mais d'un style très particulier, qui utilise l'insertion des êtres humains au milieu des objets, et une mise en scène, généralement frontale, d'inspiration volontairement primitiviste. Il a réalisé par la suite, non sans quelques difficultés, mais avec beaucoup de constance, Blanche (1971), adaptation à son propre " cinéma" d'un drame romantique d'une indiscutable beauté (avec Michel Simon dont ce sera l'avant dernier film). Il devient un réalisateur-vedette, brusquement, en 1974, grâce à la vogue du " porno esthétisant" . Il remplit les salles avec Les Contes Immoraux, suite de sketchs d'une pesanteur mesurée à celle du " porno" commercial de façon que le film paraisse, en comparaison, spirituel...
© Roger Boussinot, Dictionnaire du Cinéma, (1980).


Affiche de Contes immoraux, 1974

 


Walerian Borowczyk en 1974

 


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