Histoire du Vésinet > Les Maires  > XIIe - Georges Dessoudeix (Société d'Histoire du Vésinet, 2016)

Qui était Georges Dessoudeix  ?

Membre de la société des gens de lettres, de l'association des écrivains combattants, de la société des poètes français, et de l'association des journalistes parisiens, Georges Dessoudeix s'était fait connaître dès avant la première guerre mondiale par une œuvre poétique appréciée (Les Tendresses, L'Immortel sacrifice, La Corbeille des Soirs, ...). Auteur dramatique (La Reine aux yeux tristes, Les deux souffrances ...), il fut critique littéraire à la revue La Pensée française (1926). Il eut aussi une chronique quotidienne à Radio-Paris :  L'esprit d'aujourd'hui (1936) et une chronique maritime pour Le Matin (1936-1939).
Durant l'Occupation, il poursuivit sa tâche de journaliste dans la presse " officielle" écrite (Paris-Soir) et radiophonique (Radio-Paris), au service des autorités.  Il était en mai 1941, rédacteur en chef de Paris-Soir, directeur des services politiques de ce journal.

Un journaliste engagé

Lorsqu'en mai 1941 Georges Dessoudeix est nommé maire du Vésinet, il est un journaliste «  engagé  ». Profondément attaché à la personne du Maréchal Pétain qui est toujours, pour l'ancien poilu de la Grande Guerre, plusieurs fois décoré qu'est Georges Dessoudeix [1], le vainqueur de Verdun, il prend fait et cause pour la politique du Maréchal, et devient un chantre de la collaboration. Son article de Paris-Soir le 27 février 1941, sous un titre sans ambigüité, en est un exemple. Il y en aura d'autres.

    Notre gouvernement devra pratiquer sincèrement la politique de collaboration [2]

    Ainsi donc, voici Vichy doté d'un nouveau gouvernement, et la France en même temps.

    Ce ne sera une surprise pour personne puisque, par la voie des ondes officielles, le pays avait été prévenu au lendemain du dernier voyage d'information de l'amiral Darlan à Paris une réorganisation du gouvernement sur de nouvelles bases était envisagée.

    C'est la neuvième fois depuis la signature de l'armistice que le cabinet Pétain demeure au pouvoir mais que sa composition change. C'est un peu l'histoire, en somme, du couteau de Jeannot.

    La crise politique ouverte le 13 décembre paraît ainsi avoir trouvé son dénouement définitif, du moins pour le moment.

    En effet, M. Pierre Laval demeure écarté du pouvoir, et l'on peut se demander avec logique si ce n'est pas son absence qui constitue justement la principale faiblesse de la nouvelle équipe ministérielle.

    N'est-ce pas une grande faute de s'abstenir à se passer des services d'un homme d'Etat qui, sur le plan de la Politique intérieure, est à l'origine du nouveau régime, qui l'a rendu viable, et dans le domaine extérieur a été le patient et probe artisan de négociations d'un intérêt crucial pour notre pays. Il y a en chaque Français, quelles que puissent être ses préférences politiques, un sentiment inné de la justice que heurte l'ingratitude et que l'iniquité offusque et blesse.

    Par contre, le principal atout du nouveau gouvernement c'est qu'il paraît débarrassé de tous les éléments troubles qui furent à la base du criminel coup d'Etat du vendredi 13 et qui l'exploitèrent ensuite à des fins purement personnelles. Son principal gage de réussite, c'est que conformément aux assurances données dès le premier jour par l'amiral Darlan, son orientation semble nettement axée vers la politique de collaboration. Et au dessus de l'amiral Darlan, c'est aussi le maréchal Pétain qui reste fidèle à sa parole et à ses engagements. Ceci, pour ceux de nos lecteurs qui, vraiment trop oublieux d'un passé récent et de déclarations officielles, osent prétendre qu'en préconisant la collaboration avec l'Allemagne, nous nous dressons contre l'illustre soldat, alors que nous n'avons jamais cessé de nous inspirer et de ses directives et de sa constante attitude. Mais n'est-il pas pire sourd que celui qui ne veut entendre ?

    C'est ainsi que la plus substantielle innovation du nouveau gouvernement, c'est bien la création de ce grand ministère de l'Economie nationale et des Finances, qui groupera tous les organismes économiques. Et c'est ainsi que l'on doit observer tout particulièrement que M. Bouthillier aura pour collaborateur le plue direct M. Jacques Barnaud, chargé, comme délégué du gouvernement, de toutes les relations économiques franco-allemandes. Le Maréchal et l'Amiral affirment ainsi de la manière la plus éclatante leur volonté formelle de reprendre et de poursuivre les pourparlers qui, sur le plan économique, avaient déjà donné des résultats el efficaces et si probants pour ce qui touche la collaboration entre les deux nations.

Autre constante, dans les chroniques et les éditoriaux de Dessoudeix  : la rancœur affichée à l'encontre des Anglais. L'épisode de Zuydcoote, celui des Balkans, plus tard en Syrie ou contre la flotte française seront autant d'occasion de donner libre cours à ces ressentiments. On retiendra son éditorial du 6 mai 1941, le jour même de sa nomination au Vésinet, comme un exemple révélateur de cette anglophobie.

    Le peuple anglais va-t-il se décider enfin à choisir ? [3]

    Il est un reproche qu'on ne peut adresser au chancelier Adolph Hitler, c'est bien celui d'abuser des accours. Il est de ceux, si rares, hélas  ! dans notre pays, qui ne sacrifient pas les actes aux paroles. lorsqu'il parle c'est qu'il va agir ou qu'il a déjà agi. Le discours n'est pour lui que le préambule de l'acte ou son commentaire.

    C'est un bilan saisissant que le chancelier du Reich a dressé hier devant les membres du Reichstag. Avec un relief particulier il met en valeur à nouveau la puissance vraiment sans égale de la force allemande en même temps que le courage et l'esprit de sacrifice de ses soldats.

    Et le parallèle qu'il peut faire entre leur attitude et celle des troupes britanniques qui, une fois de plus, comme elles avaient opéré précédemment en Norvège et après Dunkerque, n'ont su que s'enfuir et que se dérober à la bataille, est entre tous instructif et probant. Un esprit impartial ne ferait-il pas une juste comparaison entre la valeur combative des armées allemandes, auxquelles il n'a fallu que quelques semaines pour conquérir deux royaumes, malgré les obstacles qui paraissaient quasi insurmontables en ce qui concerne la nature du terrain, et l'attitude pusillanime des troupes anglaises qui se sont contentées du début à la fin de faire tuer, pour protéger leur retraite, les soldats auxquels elles avaient pour mission de porter secours, et qui, finalement, se sont inutilement sacrifiés pour elles ?

    Mais, c'est peut-être plus encore sur le plan diplomatique que sur le plan militaire que le discours d'Adolph Hitler constitue un avertissement digne d'être médité et retenu. Avec quelle vigueur le chancelier n'a-t-il pas en effet fustigé l'incohérence criminelle du Premier britannique dont il a dénoncé la responsabilité écrasante dans la guerre des Balkans  ! Cette nouvelle défaite si humiliante pour le Royaume-Uni, et qui lui a fait perdre les derniers alliés et les dernières sympathies qu'il pouvait compter en Europe, c'est Churchill qui l'a voulue, c'est Churchill qui l'a cherchée, c'est Churchill qui en sort encore plus diminué, encore plus déconsidéré.

    Il n'est pas possible que les paroles d'Adolph Hitler ne soient pas entendues en Angleterre, qu'elles n'y soient pas comprises et qu'elles n'y trouvent pas un écho dans l'opinion publique, aussi trompée que celle-ci puisse être par ses dirigeants. Chaque Anglais est désormais et à nouveau prévenu que l'Allemagne ne déposera les armes que lorsque le peuple britannique se sera enfin débarrassé de cet homme et de ses méthodes.

    La question se pose donc de savoir si le peuple britannique va enfin se décider à chasser du pouvoir celui qui voue son pays à la ruine et à l'anéantissement, ou si, au contraire, il va s'entêter dans son aveuglement actuel.

    Et, dans ce dernier cas, c'est volontairement qu'il se sera identifié à son chef indigne, et alors il méritera pleinement de partager son sort et aussi sa responsabilité devant l'Histoire.

Le Maire du Vésinet

Sachant que la nomination des maires allait avoir lieu, G. Dessoudeix avait exprimé son souhait de prendre la mairie du Pecq, où il habitait encore en mai 1941, au 9 quai de l'Orme-Sully, dans une belle maison bourgeoise ouverte sur la Seine, face à l'ancien village du Pecq et tout près de l'endroit où se trouvaient les anciens ponts de bois. Mais c'est au Vésinet qu'il est nommé par arrêté du 5 mai 1941. Son journal ne manque pas de signaler l'événement. On peut lire en pages intérieures du n°317 du 8 mai 1941 l'entrefilet suivant  :

    Par décret paru au Journal officiel de ce jour, l'amiral Darlan, vice-président du Conseil, vient de nommer maire du Vésinet (Seine-et-Oise), M. Georges Dessoudeix, rédacteur en chef politique de Paris-soir. Depuis de longs mois, nos lecteurs apprécient le talent et la sûreté de jugement de Georges Dessoudeix, qui a su se montrer journaliste courageux, après avoir été un glorieux combattant de la guerre de 1914, titulaire de magnifiques citations, officier de la Légion d'honneur. A cette occasion, nous adressons au nouveau maire du Vésinet nos vives félicitations. [4]

 

    Sur l’initiative de M. Jacomet, alors deuxième adjoint, lors de la réception traditionnelle de fin d’année, des habitants du Vésinet par la municipalité, le 31 décembre 1938, un tournoi fut organisé pour désigner une jeune fille particulièrement méritante qui prendrait le titre de «  Marguerite du Vésinet ».

    Cette idée charmante remporta un grand succès et ce fut une ravissante et gracieuse employée de bureau, native de Saint-Germain et résidant avec sa famille au Vésinet, Mlle Irène Robert, qui fut élue à l’unanimité. Et il fut décidé que si elle se mariait, la « Marguerite » recevrait de la ville un don de mille francs, en souvenir de son élection. Hélas, la guerre survint, puis la défaite mettant fin à bien des projets et retardant bien des rêves ... matrimoniaux.

    Mais il y a quelques semaines, le maire du Vésinet apprit que Mlle Irène Robert était fiancée, que son mariage était fixé au samedi 2 août, que les bans allaient être publiés. Il profita aussitôt de la première séance tenue par le nouveau Conseil municipal, le 12 juillet, pour lui faire prendre une délibération reprenant la promesse faite à celle qui restait toujours la «  Marguerite du Vésinet  ».

    Puis, samedi, il tint à présider lui-même à son mariage avec un parisien, M. Glaston, qui allait lui promettre d’ailleurs de devenir bientôt un habitant du Vésinet. Il eût été particulièrement regrettable en effet que le mariage ravit à notre ville celle qui symbolise si bien en elle tous ses attraits, et qui est sa charmante ambassadrice.

    Après les compliments d’usage et la remise d’une gerbe, M. Georges Dessoudeix, qu’entouraient les adjoints MM. Jacomet, Jarry et Suzé, et M.Thiébaut, ancien maire, convia l’élégante assistance à vider une coupe de champagne en l’honneur de la « Marguerite du Vésinet  », adorable dans sa robe de mariée, d’un tissu plus argenté et plus diapré encore que les pétales de la fleur qui figure dans les armes de notre ville. Le mariage religieux fut ensuite célébré à l'église Sainte-Pauline par M. l’abbé Collas. [5]

     

Dès lors Georges Dessoudeix prend son rôle à cœur et, avec l'aide de Paris-Soir dont il est devenu directeur de la publication, il s'ingéniera à multiplier les animations locales, abondamment relayées par son journal pour témoigner de la vie paisible, heureuse, insouciante (!) qui règne en France et tout spécialement au Vésinet. Pour exemple ce Rallye de Paris-soir, une épreuve cycliste féminine pour amatrices, dont la préparation, le déroulement, les suites ont égayé les colonnes du journal durant plusieurs jours et les rues du Vésinet pendant quelques instants. Quelques extraits  [6] :

    Pleines d'entrain, les concurrentes du Rallye de Paris-Soir ont pris le chemin du Vésinet

    Il y avait de la joie dans l'air ce matin, devant « Paris-soir ». Les concurrentes de notre Rallye menaient grand bruit. Elles étaient d'ailleurs charmantes, toutes ces jeunes sportives, dans leurs shorts multicolores.

    Mais voici que le brouhaha cesse. Le contrôleur fait l'appel pour le poinçonnage. Sagement, elles s'alignent et un cachet est apposé sur leur carte. Enfin, le départ. Telle une volée de moineaux, elles s'égrènent dans la rue Montmartre, devant un public venu nombreux pour les encourager. Bien qu'il ne s'agisse que d'un Rallye, les jeunes cyclistes tiennent à démontrer leurs qualités de championnes. Et, déjà, quelques concurrentes sont distancées. Peu importe, car le Vésinet n'est pas loin et, une heure après le départ, c'est l'arrivée des premières, suivies à quelques minutes de tout le groupe.

    Dans un cadre magnifique des Ibis, terme de la première étape, M. Dessoudeix, maire du Vésinet, nous a réservé une charmante réception. Et, avant le déjeuner qu'il nous offre, nous sommes accueillis par une fanfare qui nous fait entendre de très jolis morceaux.

    Mais chacun est pressé de se restaurer, car la seconde étape, ne va pas tarder à commencer. Déjà nos cyclistes réclament leur carte...

Le lendemain, l'histoire continue en page intérieure  :

    Le Rallye de Paris-Soir

    Il a été gagné par une sportive de 17 ans, Mlle Lisette DECAUX.

    Soleil, joie, entrain, tout contribua au succès du rallye féminin organisé par Paris-soir. Que de souvenirs laissera la charmante réception du Vésinet aux vaillantes cyclistes qui participèrent à notre épreuve  !

    Tout était prévu pour leur arrivée : une fanfare, un déjeuner et un discours de M. Dessoudeix, maire du Vésinet.

    Après cette petite fête, où régna la plus franche gaîté, il fallut cependant songer au retour et chaque concurrente enfourcha sa monture en direction de Paris. La rude côte de Saint-Cucufa n'eut de secret pour ces «  amazones 1941  » que le contrôle. Mais la perspicacité féminine est légendaire toutes se tirèrent fort bien d'affaire. Aussi vit-on peu après arriver rue du Louvre, un peloton multicolore imposant.

    La fatigue fit bientôt place à la joie. Une nouvelle réception, cette fois dans nos bureaux, attendait les courageuses cyclistes. Elle ne fut pas la moins intéressante puisqu'il s'agissait de la remise des récompenses. Deux de nos plus populaires vedettes, Sidonie Baba et Daniel Clarisse, procédèrent au tirage au sort. Comme dans la chanson, le sort tomba sur la plus jeune. Mlle Lisette Decaux, dix-sept ans, fut l'heureuse gagnante de notre rallye et c'est en rougissant qu'elle reçut de superbes jumelles et les félicitations de M. Dessoudeix, notre rédacteur en chef.

Pétainiste fervent et zélé, il avait fait voter par le conseil municipal, la motion suivante  [7]:

    Les membres du conseil municipal du Vésinet, réunis pour la première fois en séance publique le samedi 12 juillet [1941], adressent à M. le Maréchal Pétain, Chef de l'Etat français, l'hommage déférent de leur admiration et de leur reconnaissance de Français pour l'œuvre de rénovation nationale à laquelle il consacre avec tant d'heureux résultats pour le pays, son génie et sa gloire. Ils l'assurent de toute leur collaboration et de tout leur dévouement, dans le domaine de leurs attributions et de leur activité, à la politique de concorde, de discipline et de travail qui est seule susceptible de sauver le pays et que poursuit son gouvernement sous la ferme et clairvoyante impulsion de M. l'Amiral Darlan" .

La veille, il avait fait paraitre dans le Courrier de Seine-et-Oise (11 juillet 1941) une Lettre ouverte aux habitants du Vésinet pour leur présenter la nouvelle équipe municipale, qui n'était pas sortie des urnes et dont il fallait expliquer voire justifier la composition.
Peu après, en août 1941, il adressa aux habitants de la rue du Maréchal Pétain (actuelle avenue du Général Leclerc) qui était alors une voie privée, une lettre d'un autre ton où il dit notamment  :

    En raison de la particularité de cette voie qui porte le nom du Chef de l'Etat, il vous appartient, comme à moi-même, de veiller à tout ce qui touche de près ou de loin à la personne du Maréchal, vous devez donc par respect et par déférence pour ce dernier, avoir à cœur que votre rue soit aussi propre, aussi belle, que le nom qu'elle porte est grand. C'est pourquoi je suis dans l'obligation de vous prévenir qu'en cas de non exécution des observations ci-dessus, je n'hésiterai pas à proposer à M. le Préfet, le changement de nom de votre rue au bénéfice d'une autre, mieux entretenue, et à faire dresser par les services de police les contraventions nécessaires.

Au Conseil départemental

Dans les délibérations du Conseil Départemental où il a été nommé en juin 1943, on peut noter la participation assidue de M. Dessoudeix, rapporteur de nombreuses délibérations jusqu'au mois de juillet 1944. Elles portent entre autres sur le fonctionnement des établissements départementaux d'assistance, le projet d'établissement dans chaque canton, d'un fichier sur lequel seraient inscrites toutes les subventions touchées par les familles au sujet de toutes les lois d'assistance l'organisation d'un service d'aumônerie à la Maison Maternelle de Porchefontaine la modification des conditions de paiement des pensions etc.
A partir du 13 juin 1944, le Conseil départemental met en place une " Mission départementale de Protection contre les Evénements de Guerre" . On délibère sur un programme de construction de tranchées familiales. On envisage la construction de prisons départementales. Des plans sont établis et l'on ouvre un crédit à cet effet au budget supplémentaire de l'exercice 1944 ...[8]

La Collaboration et la Libération

Après l'arrivée des troupes alliées au Vésinet, Georges Dessoudeix sera arrêté et détenu à la caserne de Noailles, à Versailles, sous la garde de l'armée américaine. Il sera " frappé d'indignité nationale" (statut créé par une ordonnance du 26 août 1944) perdant ses droits civiques et sa légion d'honneur. On ignore s'il fut condamné à une peine de prison. Il semble que non.
En son absence constatée, le Conseil municipal du 25 septembre 1944 élut Emile Thiébaut pour le remplacer. Mais entre temps le préfet en avait décidé autrement et un autre maire, choisi dans la Résistance, fut désigné par arrêté préfectoral du 1er octobre 1944 : Max Boisville.
Dans leur ouvrage sur l'Occupation, Bruno Renoult et Jean-Paul Pallud évoquent le cas de Georges Dessoudeix de la manière suivante :

    Le maire du Vésinet, Georges Dessoudeix, sera inquiété un moment à la Libération mais il sera rapidement mis hors de cause, de nombreux témoignages attestant de l'aide qu'il a apportée à la Résistance. Né en 1889 à Clamart, licencié en droit, ancien combattant blessé et décoré, il est administrateur de société et chef des émissions coloniales de radiodiffusion. Proche de Georges Mandel, il est journaliste parlementaire depuis 25 ans. Il appartient au service politique du Petit Parisien puis du Matin, deux journaux qui deviennent bientôt de fervents supporters du régime de Vichy. Elu conseiller municipal en 1935 au Vésinet où il était propriétaire d'immeubles, il est nommé maire en 1941. À partir de l'invasion de l'Union Soviétique par les troupes allemandes, il cesse toutes activités politiques et se consacre à l'administration de la commune et de ses concitoyens. Toutefois, il reste en relation avec des journalistes qu'il a bien connu, comme le très marqué Jean Luchaire, et il aurait adhéré au Cercle Européen, ce qui lui permit d'intervenir pour obtenir la libération d'administrés en délicatesse avec l'occupant. Il coopère dans le même temps avec le mouvement de Résistance " Unité" au Vésinet, mouvement qui comprend entre autres deux sujets britanniques, dont le docteur Maurice Merrey Zeitoun qui sera déporté, ainsi que M. Bailleul, Jean Philippon et le capitaine Delhomme le groupe fournit de faux certificats et cartes de travail aux réfractaires du S.T.O. et contribue à des livraisons d'armes à la Résistance. (AdY Dossier 1081W). [9]

Décédé au Vésinet, âgé de 58 ans, le 9 décembre 1947, Georges Dessoudeix est inhumé dans le caveau familial au cimetière communal. Le conseil municipal ne lui rendit pas l'hommage traditionnel à l'occasion du décès d'un ancien maire.

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    Notes et sources  :

    [1] Croix de guerre, médaille militaire, légion d'honneur. Chevalier de la légion d'honneur à titre militaire puis officier, en 1939 sur la liste du ministre du commerce, il perdra cette décoration ayant été frappé d'indignité nationale après la libération.

    [2] Paris-Soir n°250, 27 février 1941.

    [3] Ibid. n°315, 6 mai 1941.

    [4] Ibid. n°317 du 8 mai 1941.

    [5] Le Courrier de Seine-et-Oise, 8 août 1941. Irène Robert, veuve Glaston est décédée au Vésinet en octobre 2020.

    [6] Paris-Soir n°405 et 406 des 16 et 17 août 1941.

    [7] Archives municipales du Vésinet.

    [8] Rapports du préfet et de la commission départementale (1944) Ed. La Gutenberg, Versailles.

    [9] St Germain-en-Laye Kommandantur, Vol. I (1940-1944) , 2017.

     


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