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Le « Chalet-à-tout-faire » de MM. Pallu & Cie

A l'approche de la première saison estivale du Parc du Vésinet, en 1859, la Société Pallu & Cie établit un chalet-restaurant à proximité du Lac de la Station du Pecq, à la sortie de la gare, [lot n°13 de l'îlot 3 du plan de lotissement] et le confie à un tenancier renommé d'un café saint-germanois, Pichereau [1]. Il s'agit d'accueillir dignement les visiteurs du Parc.

Le chalet restaurant, d'après E. Bourdelin

A droite, on devine la station dite du Pecq et le pont de la Route de Montesson.

 

Lorsque le Grand-Lac est enfin en eaux, l'île des Ibis devient le lieu privilégié des fêtes de toutes sortes, et des restaurants s'intallent au voisinage et dans le Village. D'autre part, MM. Pallu & Cie ont des bureaux au voisinage de la nouvelle Station du Vésinet, celle du Centre. Le Chalet est alors inutile près de la Station du Pecq. Heureusement, il est démontable !
Monsieur Pallu lui-même fait part à la presse de sa décision de réaffecter ce bâtiment:

    ...C’est ainsi que profitant d’un chalet que nous possédions à la station du Pecq, j’en ai fait une maison d’école, en le transportant au village, et en le mettant à la disposition d’un instituteur jusqu’au jour où la colonie du Vésinet sera en mesure de fonder quelque chose de définitif. La population du Vésinet s’augmente chaque jour rapidement, et nous avons déjà un nombre assez considérable d’enfants des deux sexes appartenant aux familles laborieuses. Le moment est donc venu de se préoccuper de leur éducation [...]

En janvier 1866, le Chalet est démonté et transporté rue du Marché, n°5 où il devient l'année suivante une école gratuite pour les enfants de la circonscription territoriale et paroissiale du Vésinet. Entretenues par la compagnie et organisées et financées par un Comité de dames patronnesses, dont la présidente fut Mme Pallu, au moyen de cotisations volontaires des habitants, quêtes, dons, loteries, etc...La municipalité de Chatou n'accordait alors la gratuité que dans le cas d'indigence. Les dépenses pour la gratuité scolaire au Vésinet, de 1867 à 1875, date où la nouvelle commune prit le relais, se sont élevées à un total de 54.228,95 frs [2]
En 1873, première année des archives de D. Thibault, le Chalet-école accueillait soixante garçons en une seule classe. En 1879, ils étaient plus du double et le Chalet n'y suffisait plus.

Le Chalet de Pallu

Autre représentation peu réaliste du Chalet au bord du Lac

Le Chalet-École fit aussi office de Mairie dans les débuts de la Commune du Vésinet et accueillit le premier conseil municipal, le 15 août 1875. Le Conseil prit la décision de transférer la mairie dans les locaux d'un pavillon 26, rue Latérale, (rue du Général-Clavery), en attendant l'achèvement des travaux de construction de la mairie actuelle, en 1879. A cette date, une nouvelle école de garçon ayant été construite à côté de la Mairie, le Chalet fut désaffecté. Il servait occasionnellement de Temple maçonnique et la loge n°308, l'Union amicale, sous l'obédience du Suprème Conseil pour la France et ses dépendances du rite Ecossais ancien accepté, y avait ses tenues solennelles le troisième samedi de chaque mois, à huit heures et demie du soir [3].
Mais la Société Pallu & Cie, toujours propriétaire le mit en vente.
C'est la comtesse de Chabrillan (Céleste Vénard dite Mogador), qui en fit l'acquisition pour 5500 frs, tout ce qu'elle avait pu retirer de son compte de la Société des auteurs, avec une avance de son éditeur, Calmann-Levy. Le Chalet n'était pas conçu comme une maison d'habitation aussi des travaux furent-ils nécessaires pour le transformer. Ils durèrent de longs mois, au rythme auquel la nouvelle propriétaire pouvait honorer ses factures. Ainsi, il devint le Chalet des fleurs de la comtesse et reçut la visite de Dumas fils, et peut-être de François Coppée et Henry Rochefort.

Le Chalet au XXe siècle (photographié ici vers 1980)

Au 5, rue du Marché,

 

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      Notes:

      [1] Le neuf mars 1861, M. Pichereau, limonadier-restaurateur, dans le parc du Vésinet, commune du Pecq, cède à MM. Pallu & Cie différents objets mobiliers servant à l'exploitation de l'établissement avant de se retirer en province. (La Concorde, 17 mars 1861).

      [2] D. Thibault, L’Histoire du Vésinet. Monographie des Intituteurs (1889).

      [3] cette fonction de temple maçonnique semble avoir perduré après l'arrivée de Céleste de Chabrillan. Un cercle dit du Chalet des fleurs, autorisé par arrêté préfectoral du 26 juillet 1890 s'y réunissait également (Thibault & Deloison, 1892).


Société d'Histoire du Vésinet, 2007 - histoire-vesinet.org