Le Vésinet, revue municipale, n°79; juin 1987

Une Villa saute au Vésinet !

En ce début du mois de juillet 1935, Le Vésinet fit les gros titres de la presse nationale. Le Petit Parisien et le Journal évoquèrent à la une l'explosion mystérieuse qui avait soufflé une villa, le Castel Corrézien, au 13, allée du Lévrier, dans la matinée du 3. Les photographies montraient l'amas de décombres où s'affairaient les sauveteurs. Les pompiers du Vésinet aidés de ceux de Saint-Germain-en-Laye, recherchaient d'éventuelles victimes, dont Madame Sol, la propriétaire du pavillon, et procédaient aux premiers travaux de déblaiement. Mais devant leur importance – la villa était un vaste bâtiment de trois étages – le parquet de Versailles, chargé de l'enquête, fit appel à l'armée. Un détachement du premier régiment de dragon de Saint-Germain participa aux recherches le 3 juillet. Il fut remplacé à la fin de la journée par un peloton du troisième génie de Versailles qui poursuivit le déblaiement de la propriété pendant deux jours encore.
L'attitude et les dernières paroles de la victime, qui n'avait pas survécu à ses blessures, suscitèrent l'intérêt des deux journaux. Le Journal rapporta ses paroles en première page "Assassins, assassins!... ils m'ont tuée... ", ainsi que ses étranges confidences faites à la police.

articles de presse

Le Petit Parisien consacra un long développement à cette affaire. Mme Sol avait fait l'acquisition du Castel Corrézien en octobre 1934 après un long procès avec l'ancien propriétaire, M. Rosen, son débiteur.
Elle avait rencontré le commissaire de police du Vésinet en février 1935 et lui avait fait part des menaces qu'aurait fait peser sur elle M. Rosen. Celui-ci, qui avait vu ses biens saisis et vendus, avait tenté de l'entraîner dans des affaires douteuses. Toute une série de procès s'en était suivie. Le jour même du drame, la victime devait rencontrer une nouvelle fois le commissaire, après avoir pris rendez-vous avec ses services la veille. Accident ou attentat? Cette affaire intriguait. Le Petit Parisien précisait que le compteur à gaz était hermétiquement fermé. La presse penchait pour la thèse de l'attentat la justice enquêtait.

le Castel francine ou Castel Corésien

Qu'en était-il vraiment? En fait, les éléments de réponse étaient déjà contenus dans l'article du Petit Parisien. Il révélait que Mme Sol était complètement ruinée à la suite de multiples procès qui l'avaient opposée à M. Rosen.
D'autre part, les sauveteurs avaient retrouvé rapidement le corps de la victime qui, selon les constatations du capitaine de gendarmerie, avait été surprise sur le perron de sa villa. Elle avait laissé son sac à main et son manteau devant la maison. II estimait, enfin, que l'explosion avait été provoquée par une charge de cheddite.
L'instruction devait conclure à une explosion provoquée par la victime. On murmura qu'il aurait pu s'agir d'une tentative d'escroquerie à l'assurance. Mais le piège aurait trop bien fonctionné et Mme Sol en aurait été sa propre victime. L'explosion mystérieuse garderait une part de son secret.

Patrick Vazeilles (1987)

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