Échos du passé — Le Vésinet revue municipale n°93, décembre 1990 (illustrations additionnelles SHV) La Ferme du Vésinet au Pecq Pour quelle raison parle-t-on d'une « ferme du Vésinet » sur le territoire de la commune du Pecq ? Quant à la terre de Vésinet, nous auraient lesdits officiers certifiés qu'elle dépend de la justice dudit lieu du Pecq et consiste en une maison et bien seigneurial bâti de neuf en pavillon couvert d'ardoises, où nous étans transportez avec iceux officiers aurions trouvé les bastiments s'étendre en cave dessous iceluy, salle haute et basse avec un peron pour y entrer, un colombier, grange, étable, bergerie, poulailler, les clôtures de ladite maison en ruine et icelle mal couverte, étant besoin d'y faire plusieurs réparations, comme dit sera cy après. De Laquelle terre de Vésinet nous ont aussy certiffie lesdits officiers dépendre quelques terres non labourables, estantes ès environ de ladite maison, nous aurions reconnu estre en friche, bruyère, hayes, buissons, pâturages et, joignant icelles terres, une petite garenne peuplée de lapins. Plus, de l'autre costé du grand chemin de Paris et le long d'iceluy, depuis ladite rivière jusqu'au bois dudit Chatou, appelé le bois de la Trahison, sont aussy terres non labourables, dépendant de ladite maison, qui sont pareillement en friches, bruyères, hayes, buissons, pâturages, quelques bois taillis de petite contenance, mal venans, de peu de valeur, qui sert de garenne peuplée de lapins, le tout venant de la rivière, descendant en bas aux terres et bois appartenant au sieur Delaborde. [sic] Antoine de Bréhant dit Bréhant de La Roche (~1532-1614) Toutes les terres cultivées du Vésinet [2] s'étiraient le long de la Seine et correspondent, aujourd'hui, aux quartiers Est du Pecq. Au 33, rue Pierre-Curie, subsistent les anciens communs du manoir primitif, datant du XVIIe siècle, coiffés de tuiles de Bourgogne et transformés depuis 1924 en habitations. Ainsi que le remarque Georges Poisson dans La Curieuse Histoire du Vésinet, ces bâtiments, bien que situés aujourd'hui sur la commune voisine, peuvent être considérés comme les plus anciens du Vésinet. 1787 - Plan d'intendance de Port au Pecq (fragment) Plan de la paroisse du Port au Pecq. (Le présent plan et arpentage fait en vertu de l'ordonnance de Monseigneur l'intendant de la Généralité de Paris en datte du trente may dernier lequel je certifie sincère et véritable et conforme à notre procès-verbal du... octobre 1787 - Devert). Nouveau maître des lieux, le comte d'Artois, le futur Charles X, qui avait reçu en apanage le château neuf de Saint-Germain et les bois du Vésinet, procéda à d'importants travaux sur le manoir de la ferme. Un relevé des travaux de 1789 mentionne les sommes dépensées à cette occasion. Le bâtiment qui subsiste de nos jours au 1-3, avenue de Verdun est d'un style caractéristique de cette époque. La lecture des Mémoires de Bagatelle apporte une explication à ces extensions : Madame la comtesse d'Artois, très paisible d'allure, un peu froide et gnagna, comme on dit d'elle à la cour, n'entend pas se gêner non plus pour la dépense. Ses goûts sont simples pourtant elle déteste ces immenses châteaux où le prince enfouit de pareilles sommes, sans les habiter jamais il lui faut l'air de la campagne et la simple nature pour satisfaire à cette nécessité, elle a quinze petites résidences dans l'Ile-de-France. Comme elle n'aime pas perdre de vue la tour du Temple et le prieuré, elle choisit chaque nouveau pied-à-terre le plus près possible de Paris. Elle en a un à Argenteuil, un à Asnières, celui-là charmant, notre génération l'a connu, un autre à Colombes, à Croissy, puis à Nanterre et au Vésinet, ce dernier construit spécialement pour elle. Ces diverses demeures sont des villas modestes ... Sous la Révolution, le 10 décembre 1793, le Conseil Général du district de Montagne-Bon-Air, le nouveau nom de Saint-Germain, décida de partager l'ancien domaine royal entre les communes de Chatou, Montesson, Croissy et Le Pecq. Le territoire que cette dernière se vit attribuer englobait l'ancien manoir et ses dépendances qui furent vendus comme bien national. 1820 Plan cadastral napoléonien (détail), Le Vésinet, ferme. (tous les bâtiments sont représentés). Archives départementales des Yvelines
Carte d'Etat major (~1840) Institut géographique national. En 1837, le domaine fut coupé en deux par la ligne du Chemin de fer Paris / le Pecq. Le prolongement de la ligne sur un nouveau tracé en 1847 permettra de lui rendre son intégrité. Ce domaine de 62 hectares fut ensuite acquis par le marquis d'Aligre et revint par héritage à la famille de Pomereu qui lui garda sa vocation agricole jusqu'en 1918. En 1923, il fut loti. La propriété était alors dans l'état où nous la connaissons aujourd'hui.
La Ville du Pecq, dans le cadre de la révision de son Plan d'Occupation des Sols en 1990, a pris une mesure de protection de l'ancienne ferme du Vésinet. Ces nouvelles dispositions tendent à empêcher la disparition des bâtiments par l'obligation de reconstruire à l'identique et à rendre impossible toute construction supplémentaire sur la parcelle délimitée par les rues de Verdun, Albert-1er / Pierre-Curie et de la République. Plan du domaine en 1914 (la zone plus claire correspond à la partie préservée). (extrait de la plaque installée sur place par la Ville du Pecq) **** Notes et sources: [1] Visite et estimation des seigneuries du Pecq et du Vésinet faites d'ordre du roi à la suite de leur achat à Bréhant de la Roche [Arch. nat T 193.5] [2] Il s'agit ici du domaine agricole dit la ferme du Vésinet et qui est parfois présentée comme Seigneurie du Vésinet, qui avait été un sous-fief mouvant d'Aupec. Le domaine agricole exploitait aussi des parcelles de l'autre côté du fleuve, en particulier pour la culture de la vigne, qui disparurent avec l'édification des terrasses du Château-neuf d'Henri IV..
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