Histoire du Vésinet > Histoire de la Forêt > ... Charles Philippe de France, comte d'Artois Né à Versailles le 9 octobre 1757, Charles Philippe est le quatrième fils du dauphin Louis et de sa seconde femme, Marie Josèphe de Saxe. Il se marie en 1773 à Marie Thérèse de Savoie. En 1776, le roi Louis XVI, son frère, lui fait présent du château neuf de Saint-Germain en Laye. Dans une de ses lettres intimes à M. de Maurepas, son ministre, le jeune roi lui avait fait part de ses projets pour Saint Germain et de son désir d'acquérir et joindre à la forêt de Saint-Germain, le parc de Maisons.
En 1777, c'est Artois qui achète au marquis de Soyecourt le château et le marquisat de Maisons [2]. Il disait chercher une propriété proche de Saint Germain pour y attendre la fin des travaux de restauration du château neuf (travaux pour lesquels le trésor royal versait au compte d'Artois 600 000 livres par an). A Maisons, Artois entreprend aussi des travaux de restauration et de décoration qu'il confie à l'architecte Bellanger. On peut voir encore aujourd'hui la salle dite salle à manger du Comte d'Artois réalisée dans un décor néo-classique. Finalement, les premières annuités versées par le Trésor royal pour le château neuf servirent à payer les travaux du château de Maisons. Ceux du château neuf prirent du retard. Ils ne seront jamais achevés. Il faut dire que le comte d'Artois était, dans sa jeunesse, un personnage plutôt léger, dispersé et désordonné dans la gestion des ses affaires et très dépensier. De 1778 à 1780, il fait de nombreuses acquisitions entre Maisons et Paris dans les terroirs d'Argenteuil, Bezons, Carrières-Saint-Denis, Chatou, Croissy, Houilles et Sartrouville. En politique, on sait qu'il défend la monarchie de droit divin et qu'il se montre hostile à toute réforme. Lors de la réunion des États Généraux, il adoptera une attitude intransigeante en partie responsable des conséquences catastrophiques de la séance du 23 juin 1789. Il pousse le Roi à prendre des mesures de force contre l'Assemblée Constituante. Son intransigeance conduit Louis XVI lui-même, après la prise de la Bastille, à lui demander de partir en exil ce qu'il fait dès le 17 juillet 1789. Il laisse 40 millions de livres de dettes, presque 27 fois le prix d'achat du château de Maisons en 1777 ! Il se réfugie successivement auprès de plusieurs cours européennes avant de s'installer en Angleterre avec quelques fidèles parmi lesquels la famille Choulot. Notre région a profité de ses largesses même si, souvent, ses réalisations n'ont pas été menées avec toute la cohérence souhaitable. Il fit installer, à la lisière Est de la Garenne du Vésinet, une nouvelle faisanderie à laquelle fut adjointe un imposant pavillon de chasse.[3] Un extrait du registre du Conseil d'État, mentionne l'autorisation accordée au comte d'Artois d'établir une faisanderie dans la forêt du Vésinet (1782). Y est jointe la réclamation d'un sieur Bertier au sujet du projet de construction de la faisanderie qui empiéterait sur un terrain lui appartenant ainsi que le plan de l'architecte prouvant le contraire (1783). [4]
Passionné de chasse, comme la plupart des membres de sa famille, le comte d'Artois avait en commun avec la reine, un vautrait (grand équipage de chasse entretenu pour le sanglier ou les bêtes noires) avec lequel il chassait tous les jeudis, soit à Saint-Germain, soit dans les bois du Vésinet. [7] « Ce prince donna de nouveaux soins aux murs de la forêt et à la Faisanderie où existait un rendez-vous de chasse ». A cette époque, le gibier occasionnait de grands dégâts sur la paroisse de Montesson, si l'on en croit le syndic Jacques Chicanneau. On fit entourer la forêt de murs et creuser cinq mares naturelles dont il est fait mention dans l'Album des chasses du comte d'Artois (1782). Mais les murs n'étaient pas achevés en 1789 et la question fut abordée dans les Cahiers de Doléances de Montesson, Chatou et Croissy.
A la Révolution, les archives de la Maison du comte et de la comtesse d'Artois, seront saisies à Versailles, et seulement partiellement restituées le 7 janvier 1815 [9]. Les documents sont constitués pour l'essentiel de brevets de pensions, baux de maisons situées à Versailles, à Saint-Cloud, à Maisons et au Vésinet, 1778-1789. Les archives de Charles-Philippe de France, comte d'Artois, entreront définitivement aux Archives nationales, après bien des vicissitudes, en 1848. Certaines pièces remontent au XIIIe, voire au XIIe siècle ; les autres, dans leur majorité, sont du XVIIIe siècle, la période la plus richement représentée étant 1770-1790. Le fonds renferme surtout des titres de propriété et, dans sa partie la plus ancienne, des documents relatifs aux droits et aux revenus seigneuriaux. Les principales possessions de l'apanage d'Artois se trouvaient en Picardie, Ponthieu et dans la région parisienne mais aussi en Touraine et Berry, en Poitou, Angoumois et Saintonge, en Auvergne, en Normandie. Une attention particulière sera apportée à la cote R/1/16 : Papiers de famille et états des biens et propriétés du comte d'Artois ; documents concernant [...] Saint-Germain (château et dépendances, jardins, forêt, ville et environs : le Pecq, le Vésinet, Carrières, Chatou) ... **** Notes et sources : [1] Bourrousse de Laffore, J (de) - Nobiliaire de Guienne et de Gascogne. Revue des familles d'ancienne chevalerie ou anoblies de ces provinces, antérieures à 1789, avec leurs généalogies et armes, par (tome 4) Paris, 1856-1883 (p. XVIII). [2] Il portera d'ailleurs le titre de Marquis de Maisons dans les cours étrangères durant son exil. [3] L'emprise de cette faisanderie fut, on ne sait pourquoi, exclue de l'ensemble des terrains faisant l'objet de l'échange de 1856, ce qui ne fut pas sans dommage lorsqu'il s'agit d'inscrire les terrains acquis par la Compagnie Pallu dans les limites fixées par l'ancien bornage de la forêt. [4] Nicolle, Henri - Le Château de Maisons, son histoire et celle des principaux personnages qui l'ont possédé, 1858. [5] Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, H. Champion, Librairie d'Argences et Société de l'histoire de Paris, 1874. [6] Yriarte, Charles - Mémoires de Bagatelle, La Revue de Paris, 1907. [7] Histoire de la chasse en France depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution, par le baron Dunoyer de Noirmont. Tome 1, chez la Vve Bouchard-Huzard, Paris, 1867-1868. [8] Archives parlementaires de 1787 à 1860. Assemblée nationale constituante. n°26 du 12 mai au 5 juin 1791. [9] Note de M. Sainte-Marie Mévil, p. 110 de l'inventaire de 1862 dans Les sources de l'histoire de France : notices biographiques et analytiques des inventaires et des recueils de documents relatifs à l'histoire de France, par Alfred Franklin (1830-1917) - Firmin-Didot (Paris) 1877
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