Lorsque Joséphine [Baker] était des nôtre

Coupure du Courrier Républicain (date inconnue) et partition musicale (non datée).

Lorsque Joséphine était des nôtres

Nous devons à la Martinique
Joséphine de Beauharnais
Et ravissons à l'Amérique
Joséphine... du Vésinet...

Tristan Bernard a écrit un roman: "L'Enfant prodigue du Vésinet", mais qui s'en souvient ici ?
Pour les Vésinétiens d'entre les deux guerres, le véritable enfant prodigue du Vésinet, c'est Joséphine Baker... prodigue de charité bien sûr.., et au bénéfice des enfants du quartier Pages & Charmettes. Joséphine ne s'était pas encore découverte cette fameuse vocation de mère de famille nombreuse. Elle était tout simplement, mais avec quel succès, la généreuse marraine des jeunes citoyens de la commune libre de notre coin. Est-ce là le point de départ de son grand amour pour les gosses qu'elle recueille aux quatre coins de l'Univers ?
Elle seule pourrait le dire.

Le garde champêtre Masson à la fête des Pages & Charmettes, 28 juin 1931,

donnée au bénéfice des enfants des Pages & Charmettes, pour qu'ils partent à la mer.

Joséphine Baker à la fête des Pages & Charmettes (28 juin 1931)

Ses premières armes en faveur de l'enfance ont permis l'envoi de gosses à la mer pendant les vacances et de leur offrir de beaux jouets pour la fin d'année. Rien de plus amusant que la réception de "Fifine", quittant sa belle demeure de la rue Georges-Clemenceau et battant des mains dans le vieux tacot de notre regretté Amédée Rossi (garagiste aux Charmettes) à la limite de notre territoire où l'attendaient les Bigophones et leur inlassable animateur Fégine (lequel démontre aujourd'hui d'une façon éclatante comment le dévouement et la gaité peuvent faire reculer les limites de la vieillesse). La foule était nombreuse pour applaudir la vedette car les communes environnantes fournissaient un fort contingent d'admirateurs et le service d'ordre (le garde champêtre Masson) était débordé.

Pour la circonstance, une chanson La chanson du coin, Paroles de Bertal-Maubon, Musique de Léon Raiter, auteurs à la mode, lancée par Renelly et ses Joyeux Boute-en-train du Vésinet et accompagné par Gégène, avait été imprimée par l'Imprimerie Ch. Brande, au Vésinet grâce à la contribution de G. Guignery, électricien 17, Place du Marché. Le 28 Juin cette chanson fut chantée par Renelly et vendue par Joséphine Baker, "la célèbre vedette du Casino de Paris" au profit des enfants de la Commune libre. Ce n'est assurément pas un chef d'oeuvre impérissable mais il est parvenu jusqu'à nous :

La Chanson du Coin,

Il existe un coin du paradis sur terre...
Ce coin vous le connaissez tous mes enfants:
C’est le coin des Charmettes où les volontaires
De la joie ont fait leur camp.
C’est la patrie des philosophes
Où l’ennemi seul est l’ennui...
Narguant coups durs et catastrophes
Que chante-t-on là le jour et la nuit ?

Refrain

Coin! coin! c’est la chanson du coin!
Point! point! la chanson du Rond-Point!
Coin! coin! refrain pouet pouette...
Chant des Charmettes...
Et Montesson
Ron! ron!
Coin! coin! c’est la chanson du coin!
Point! point ! le chant des boute-en-train
Jusqu’à ce qu’ils soient aphones
Que chantent nos gais bigotphones?
Coin! coin! coin! coin!
C’est la chanson du coin

Ils se moquent de leurs pairs, ils ont leur maire
Et leur maire c’est Jean Ier qui ne connaît
Que la belote et la manille aux enchères,
Le jacquet et le piquet.
Oui, ses administrés vénèrent
Le champion de tous les moutards
Et c’est pour lui qu’ils composèrent
Ce joyeux refrain, vrai cri de canard.

Refrain

III

Messeigneurs ! achetez notre chansonnette ...
Nobles dames! nous implorons vos bons coeurs ...
Car pour nos chers petits poulbots des Charmettes
Nous troubadourons en choeur.
Si vous avez des billets d’banque
Trop usagés, donnez-les nous!
Des pièces d’or, d’argent... à la manque,
Vieux billets d’vingt francs nous acceptons tout.

Refrain

La chanson se chante sur l'air de «Michel où es-tu?», autre succès des mêmes auteurs.