Texte de la fin du XIXe siècle

Henri IV fait tracer des routes à travers bois

Henri IV, encore plus chasseur que Gascon, est le premier qui prend un soin tout particulier de la forêt du Vésinet.
Dès son avènement, il feint de reconnaître la nécessité de relier toutes les terres qui joignent Saint-Germain à Paris, et il fait faire le pont de Paris, au bas de la côte du Pecq en 1591 et, par lettres patentes du 9 mai, il accorde exemption des tailles, subsides et autres, et même la levée exceptionnelle qui se fait au sujet de l'édification du pont aux habitants des pays avoisinants.

Mais le véritable motif de ce travail et de cette paternité, c'est le château qu'il va élever sur la côte du Pecq, entre le vieux château et la Seine. Car il lui faut donner une facile communication avec Paris et la forêt du Vésinet, qui se déroule devant lui comme une avant-cour.

Le roi Henri IV (1553-1610)

Toute l'attention de Henri IV va donc se porter sur ces bois. Les routes vont être tracées en tous sens, autant pour charmer les yeux que pour faciliter les plaisirs des promenades et de la chasse. En face du château et dans l'axe même, l'avenue qu'il fait percer, large et belle, dans toute la largeur de la forêt du Vésinet, c'est l'avenue Royale qui, de l'ouest à l'est part d'un magnifique rond-point tracé sur le bord de la Seine, et se prolonge jusque dans la plaine, entre Chatou et Montesson.

Représentation idéalisée « pour le roi » de la place Royale et des routes à tracer,
en face des jardins du Château Neuf de St-Germain-en-Laye.

Le rond-point Royal est un octogone ou rectangle arrondi dans ses faces, et d'où doivent partir seize avenues découpant la forêt dans toutes ses parties et rayonnant vers tous les points extrêmes de la forêt. Les principales routes étaient, à droite de l'avenue Royale, celle de Chatou ou route de Paris, et celle de Croissy. A gauche, celle de Montesson ou d'Argenteuil, celle de Cormeille, et celle de La Borde ou Sartrouville. Deux grandes avenues transversales et perpendiculaires à la route Royale coupaient la forêt du nord au sud. La plus rapprochée du rond-point Royal, allant de La Borde à l'île de la Loge, vers la maison de Marie Touchet ; la seconde, au-dessous, coupant juste par son milieu la presqu'île du Vésinet, partait d'au-dessous de La Borde et aboutissait sur les terres du seigneur de Croissy, vers le pont actuel de Croissy. La première a complètement disparu dans le morcellement de la forêt. La seconde reste encore en partie. C'est l'avenue des Pages, qui, de la route de Montesson, vient actuellement s'arrêter près la nouvelle mairie du Vésinet. Une troisième, enfin, allait de Croissy à Montesson, passant au-dessus de Chatou et se prolongeant jusqu'à la Vaudoire ; elle a complètement disparu.

Parmi les principales routes secondaires se trouvaient celle de La Borde à Montesson, qui se retrouve encore dans le chemin actuel. Celle de Chatou à Montesson, aujourd'hui supprimée; celle de Chatou à Croissy, qu'on retrouve dans la Grande-Rue actuelle. Au rond-point de croisement de l'avenue Royale et de l'avenue des Pages, deux routes intermédiaires allaient, l'une de Croissy à la Seine, vers le nord; l'autre venant de Houilles par Montesson, se prolongeait jusqu'à la Seine, vers l'ouest. La première est intacte encore de nos jours, de la route de Chatou à la plaine actuelle de Montesson, vers le cimetière; c'est l'avenue du Belloy. L'autre se retrouve intacte, dans une toute petite partie, vers l'étoile du rond-point Royal, dans l'avenue Horace-Vernet actuelle. L'avenue Royale se retrouve en partie dans le tapis-vert, entre le rond-point du Pecq et le chemin de fer et dans l'avenue actuelle du Grand-Veneur. Le grand lac et le terrain des courses en ont détruit une partie. L'avenue de  Croissy a été brisée en face de l' Asile National et ne suit plus sa direction primitive. La route de Cormeille a été remplacée par la route de la Passerelle et le chemin de La Borde, et la route de La Borde ou de Sartrouville est restée route de Sartrouville.

La forêt du Vésinet ne contenait alors que 284 arpents 24 perches, ayant été morcelée et empiétée de toutes parts, (soit 145 hectares 16 ares 13 centiares si l'on prend l'arpent royal des eaux et forêts à 5,107 mètres carrés). Le bois du domaine royal n'était donc que le tiers de la surface actuelle de la commune du Vésinet. Ce n'était pas assez pour faire exécuter tous les travaux d'aménagement et d'embellissement que se préparait à donner à cette forêt le roi Henri. Il s'occupa encore d'y rattacher tout ou partie des terres qui en avaient été détachées aux diverses époques antérieures par les divers seigneurs et abbayes.

Le seigneur de Croissy était en 1595 Hennequin fils. Chatou, était à Claude de Luynes et La Borde à Louis Dodieu.
Les habitants de Chatou, sans cesse en discorde avec ceux de Montesson au sujet de leurs pacages, cèdent tous leurs droits sur l'île de Chatou à leur seigneur Claude de Luynes, en 1603, moyennant 9 000 livres en acquit des dettes de la communauté des habitants et, notamment, du rachat d'une rente de 425 livres.
En 1609, Thomas Le Pileur fils devient seigneur de Chatou, dit un auteur. Henri IV, qui ne rêve qu'à l'embellissement de son château de Saint-Germain, quoique venant fort peu dans cette ville, mais pour qui la chasse est un des principaux attraits de la vie, s'occupe de réglementer les lois de chasse en usage sur les terres et domaines royaux.


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