Jean-Paul Debeaupuis, Société d'Histoire du Vésinet (juin 2023).

Le Beau Chêne (villa)

Au moment de la mise en place du nouveau cadastre (1880) le grand îlot desservi par l'avenue Centrale et entouré de pelouses (de l'allée de la Gare à l'allée d'Isly) prévu pour être divisé en une demi-douzaine de parcelles (207 à 214) restait invendu et vierge de toute construction. En quelques années, il sera divisé en deux vastes propriétés sur lesquelles s'élèveront deux « châteaux » entourés de dépendances imposantes. Le premier, au 46/48 avenue Centrale, Le Charme, édifié vers 1882 pour un industriel parisien, M. Charles Joseph PARIS (25 rue des Petites-Ecuries à Paris 10e) sera ensuite la demeure de la famille NOGUÈS (1892) tandis que sur l'autre, au 52 avenue Centrale, s'élèvera dix ans plus tard un « château » selon les plans de l'architecte vésigondin Louis Gilbert en 1890-1891.

Plan cadastral (~1880), détail de l'îlot 10.

 

Le Beau Chêne (façade postérieure).

La façade postérieure, reprenant un schéma classique, s'enfle dans sa partie centrale d'un large avant-corps occupé par le grand salon.

    Bâtie sur une très grande parcelle, c'est l'œuvre la plus importante de Gilbert au Vésinet et chacune de ses façades a fait l'objet d'une recherche particulière, sur le thème du brique et pierre. L'élévation principale est flanquée de deux pavillons carrés, formule que l'on rencontre dans les maisons de caractère moderne dès les années 1870, couverts de flèches très élevées. A l'étage, les angles des pavillons sont coupés, procédé déjà rencontré au 1, rue du Marché. Le centre de la façade est marqué par un léger avant-corps amorti par une composition pyramidante autour d'une lucarne à baies géminées en plein cintre. On relève des accents véritablement maniéristes dans le mouvement du fronton et surtout dans la disposition des ailerons qui calent la composition. La façade postérieure, reprenant un schéma classique, s'enfle dans sa partie centrale d'un large avant-corps occupé par le grand salon. On note une excroissance de couvertures tout à fait étonnante. Les façades latérales, curieusement, présentent un pignon découvert là où l'on attendrait un toit brisé comme pour le reste l'édifice. Mais le pignon fait l'objet d'un traitement particulier. Interrompu par la corniche qui dessine une sorte de fronton, le décor, plus que jamais, emprunte à la Renaissance: souches de cheminées, lucarnes, culots.., jusqu'au motif de cordelière qui encadre le fronton. [1]

Le premier propriétaire figurant sur le cadastre (1893) pour la propriété que nous appellerons Beau-Chêne [2] est Madame Vve Edouard SALLES née Blanche Maximilienne Catherine DEVADE. La propriété compte alors, outre le « château », un kiosque antique, une serre, un hangar avec un réservoir et des communs. Elle occupe les parcelles 210 à 214 du cadastre, ce qui correspond aux lots 56 à 60 de l'îlot 10 du plan de lotissement général de MM. Pallu & Cie (environ 13 400 m²). Son défunt mari, Edouard Louis Eugène SALLES (1829-1884) était négociant. En réalité, Mme veuve SALLES n'a pu profiter de cette somptueuse aquisition puisqu'elle est elle-même décédée le 8 février 1892 à son domicile parisien. C'est un de ses deux fils, Georges Maximilien Edouard SALLES, qui une fois les questions de succession règlées (1898) apparaitra comme propriétaire et fera de la villa son domicile.
Georges SALLES est alors fondé de pouvoir d'agent de change. Il est aussi conseiller municipal au Vésinet depuis 1896 [Union républicaine] et sera réélu en 1900 et en 1904. Marié à Madame née Marie-Louise VAILLANT [1867-1955], il est père de trois jeunes enfants lorsqu'il meurt dans sa résidence du 52 avenue Centrale, le 26 avril 1905, à peine âgé de 39 ans. Il semble que la propriété ait été mise en location dans les années suivantes, jusqu'au changement de propriétaire acté au cadastre en 1923.
Entre temps, la villa a été occupée durant une dizaine d'années par Rodolphe Christian CAESAR (1878-1939), négociant, dont une fille, Denise (1911) naîtra dans cette maison.

La fiche cadastrale mentionne pour 1923 le nom de la nouvelle propriétaire : Mme Vve VERSCHOORE, née Marie-Louise Mathilde NUYTTENS, rentière.
Ressortissant Belge, Polydore Edouard VERSCHOORE est né 29 juin 1847 à Kortrijk (Courtrai), West-Vlaanderen, Belgique. En 1880, il a épousé Marie Louise NUYTTENS (1858-1943) et ils ont eu quatre enfants : Paula Augusta Sidonie Adolphine (1881-1881), Augusta Marie Adèle Camille (1882-1956) Jeanne Palmyre Marie Félicienne (1885-19..) et Paul Edouard Auguste Marie dit Polidor II (1884-19..). Banquier à Courtrai, Edouard VERSHOORE y est mort le 2 août 1914.
Au début des années 1920, sa veuve fait l'acquisition de la propriété du 52 avenue Georges Clémenceau (ex-avenue Centrale). Les listes de recensement montrent que la villa fut occupée par la famille d'une de ses filles, Jeanne Palmyre et son mari, Joseph DESTOMBES, industriel et négociant. C'est à cette période qu'apparait le nom de Bean-Chêne et Joseph Destombes fera usage dans des documents professionnels d'une adresse ainsi formulée :

Joseph Destombes, 15 villa Beau-Chêne au Vésinet

Une forme d'adresse qui ne correspond à rien de compréhensible sur le terrain.
Originaire de Tourcoing, M. Destombes a bâti sa fortune dans l'industrie textile, la fabrication et le négoce de la laine et la bonneterie. Il fut aussi administrateur de la Société Editions d'Art et d'Histoire (1923).

A l'automne 1929, un écho dans la rubrique mondaine nous rappelle un évènement qui a marqué les derniers jours de la famille DESTOMBES dans cette villa qu'ils s'apprêtaient à quitter. [3]

    Mardi 1er octobre (1929) en l'église Ste Marguerite du Vésinet (Seine et Oise), a été célébré, au milieu d’une très élégante assistance, le mariage de Mlle Denise Destombes, fille de M. Joseph Destombes, l’industriel bien connu, et de Mme née Verschoore, avec M. Ferdinand Loicq, fils du grand industriel belge. La bénédiction nuptiale a été donnée par Mgr Lecomte, évèque d’Amiens, oncle de la mariée, qui a prononcé une éloquente allocution. Après la cérémonie religieuse, M. et Mme Joseph Destombes ont donné aux nombreux invités une brillante réception dans leur château, Beau Chêne, qui a duré tard dans la soirée.

Un an plus tard (août-septembre 1930) c'est Joséphine BAKER qui, dans la presse, sera associée à ce lieu. De nombreux articles leur seront consacrés – à Joséphine et à Beau Chêne – contribuant à forger l'image de l'artiste en route vers la postérité. Un des premiers à décrire la vie de Joséphine à Beau Chêne est Marcel Sauvage, l'auteur avec Joséphine des Mémoires de celle-ci [4].

    ... allez au Vésinet, villa Beau-Chêne, c'est là que Joséphine Baker passe, dans le calme, ses derniers jours de vacances. La Vénus noire, ainsi qu'on l'a surnommée, remontera, en effet, sur les planches, à la fin du mois, au Casino de Paris où elle doit chanter en français Ma Tonki-ki, ma Tonkinoise... conduire à l'allure endiablée qui lui est propre une revue à grand spectacle, pleine de plumes et de fusées, et chaque soir — en fin de compte et de sketch — se faire manger par une panthère, à l'ombre d'un cocotier tragique...

    En attendant, Joséphine surveille ses tomates, ses ananas, ses poires d'hiver, donne à manger elle-même, deux fois par jour, à sa basse-cour — et quelle basse-cour — et prend soin que l'eau de son cresson qui pousse dans une cuvette de ciment soit à bonne température ... Joséphine est une fermière modèle.

    Cette artiste, cette grande, très grande artiste, qui, pour moi — en dépit des moqueries dites spirituelles et des attaques qui se voudraient méchantes et ne sont que stupides — incarne toute la poésie d'une époque désarticulée, n'est pas autre chose qu'une petite paysanne. Ce qui la passionne, ce n'est point une question de robes, de projecteurs, de pas de danse, d'auto ou de fourrures, mais sa dernière couvée de canards, mais la taille d'un pommier, la santé d'une vigne. Joséphine Baker, au Vésinet, vit, comme elle a toujours souhaité vivre, près de la terre et c'est là, précisément, le secret de sa personnalité. Elle est simple et diverse comme la terre qui donne en se jouant, des fleurs et des fruits. Joséphine, petite fille élémentaire et magnifique, passe des journées à regarder, au milieu d'une pelouse, un jet d'eau grandir et scintiller sur lui-même, retomber dans un miroitement qui décompose en gouttelettes ardentes les sept couleurs de l'arc-en-ciel...

    Son plus grand plaisir à Joséphine, c'est d'écouter la minuscule cascade qui murmure sur les mousses d'un rocher artificiel. Et quel bonheur de recenser, l'un après l'autre, les paniers de nénuphars multicolores dans le filet d'eau qui serpente au milieu du parc. Et quelle joie enfin, la plus riche de rires et d'exclamations, que d'attraper, de baptiser, de caresser tous ces lapins qui sont, comme je le disais au début, les hôtes les plus nombreux et la gloire de la villa Beau-Chêne. [5]

Joséphine Baker au Vésinet

... quel bonheur de recenser, l'un après l'autre, les paniers de nénuphars multicolores dans le filet d'eau qui serpente au milieu du parc.

Tiré d'une série de photographies parues dans Pour Vous, juin 1936.

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Joséphine Baker au Vésinet (1930)

... le jardin potager où elle va dix fois par jour « regarder pousser » fruits et légumes, ramasser des escargots, qu'elle emporte joyeusement

à sa grande famille de poules grises, de canards beiges, de lapins angoras, de tourterelles...

Tiré d'une série de photographies parues dans Pour Vous, juin 1936.

Quelques jours plus tard, c'est Paule Malardot, une journaliste qui écrivait dans les magazines féminins d'avant guerre et qui sera récompensée par le prix des Deux Magots en 1946 (elle épousera bien des années plus tard le même Marcel Sauvage cité plus haut !) qui fait le déplacement au Vésinet pour le compte de La Femme de France.

    La « bicoque » [le mot est de Joséphine] où elle se repose entre les dernières répétitions au Casino de Paris (où elle est vedette de la nouvelle revue Paris qui remue) et où elle adore recevoir des amis, est, près de Paris, une splendide propriété entourant une grande villa de style Renaissance. Certes, la danseuse noire aime les haltes au tennis, les folles gambades sur les pelouses avec ses chiens et ses chats, les promenades dans le parc où l'on peut traverser d'un saut la petite rivière qui circule en méandres à travers des bassins et des cascades, glisse sous des ponts rustiques comme dans un décor de jardin japonais... Mais ce qu'elle, préfère encore de « Beau-Chêne », c'est le grand verger, les serres avec leurs étranges plantes exotiques et leurs ananas, le jardin potager où elle va dix fois par jour « regarder pousser » fruits et légumes, ramasser des escargots, qu'elle emporte joyeusement à sa grande famille de poules grises, de canards beiges, de lapins angoras, de tourterelles...[6]

Villa Beau-Chêne, les serres.

Construites pour Mme Sallès en 1892...

...dont une chauffée où Joséphine Baker disait produire des ananas.

...

Villa Beau-Chêne, les volières.

...le poulailler où se bousculent oies, canards, pintades, coqs, poules.

Sans chercher à être exhaustif, nous citerons aussi un passage de l'article de Jacqueline Lenoir, journaliste (surtout connue comme auteur de feuilletons radiophoniques) qui s'attarde à décrire l'intérieur de Beau-Chêne, ce qui n'est pas fréquent.

    ... et puis voici la maison elle-même. Vestibule garni d'armures anciennes, salon Louis XV aux bois dorés et précieux, boudoir japonais rempli d'ivoires sculptés, de pièces d'argent ciselées. Nous montons l'escalier. Joséphine, sa nappe sous le bras, tout en fermant avec soin derrière elle les portes et les commutateurs d'électricité, nous confie ses espoirs cinématographiques [...] Mais nous arrivons dans sa chambre. Dégringolades de mousselines blanches, bleues et roses. Coussins vaporeux, fouillis de rubans, de roses pompons, d'amours entrelacés. Vision du plus affolant des Trianons. Salle de bains. Boudoir en marqueterie où se répètent à l'infini, les avalanches de tulles, bouillonnés !... Ah ! qu'elle est belle, la maison de Joséphine Baker. [7]

Les collections d'ivoires et les armures, propriété propre de Giuseppe Abatino seront récupérées par ce dernier lorsque la « séparation », le « divorce », annoncés en 1933 et se concrétiseront en 1935 , selon certains biographes – ils sont nombreux – de Joséphine. Malheureusement, tous n'ont pas fait preuve de toute la rigueur souhaitable, le qu'en-dira-t-on nourissant parfois leur prose plus que les recherches rigoureuses ...

Sur la fiche du cadastre, c'est le nom de Joseph ABATINO qui est inscrit depuis 1932 (la date figurant sur le cadastre suivant à un ou deux ans la date de l'entrée en jouissance). Giuseppe (dit « Pepito ») ABATINO est né le 11 novembre 1898 à Calatafimi-Segesta dans la province de Trapani en Sicile. Présenté comme tailleur de pierre ou comme plâtrier dans ses diverses biographies, il est un personnage de la vie parisienne, se disant comte. En 1926, il devient l'impresario, l'amant et le mentor de Joséphine BAKER. Leur mariage est même fréquemment mentionné dans la presse. Mais aucun document officiel ne l'atteste.

Joséphine Baker et Giuseppe Pepito Abatino (1927)

Ensemble, ils ouvrent une boîte de nuit, Chez Joséphine, le 14 décembre 1926, alors que Joséphine se produit encore aux Folies Bergère. Pour régulariser la situation et éviter le fastidieux processus de redressement de ses anciens mariages, ils déclarent simplement à la presse, à l'été 1927, qu'elle et Abatino se sont éclipsés et mariés. La publication, cette année-là, de sa première autobiographie, Les Mémoires de Joséphine Baker, a conduit à un enchevêtrement encore plus étroit de leurs affaires et Joséphine a mis ses biens au nom d'Abatino. Ce fût sans doute le cas pour l'acquisition de Beau Chêne (1929).
Le journal satirique Cyrano y avait consacré un article en juin 1926 [8].

    Les lois de la publicité sont impénétrables. Nous ne saurons jamais si le mariage de Joséphine Baker est réel ou imaginaire. Une seule chose est sûre, Le fameux comte Pépito di Albertini (sic], s'il lui a donné son nom n'a pu lui donner que son vrai nom. Or il s'appelle d'une façon toute roturière Giuseppe « Pepito » Abatino. Il débuta dans la vie comme ouvrier plâtrier. Depuis on ne lui a connu aucune autre profession. Sans doute celle d'amoureux de la plus blanche de nos étoiles noires lui suffit-elle.

    Si d'aventure vous vous risquez à lui demander ce qu'il fait dans la vie, le comte approximatif vous répondra avec un sourire lassé : « Ye souis oun peu arthritique ! »

    Dans son petit meublé de la rue Fromentin, Joséphine a reçu l'envoyé de Cyrano :

      — Mais oui, a-t-elle dit. Je me suis mariée en secret.

      — Où ça ?

      — Je ne peux pas le dire. Mais sachez que mon mari est beau, noble, fascite et catholique. D'ailleurs, le voici avec sa mère.

    La surprise de Cyrano fut grande, car le comte et la comtesse douairière occupent une fonction au cabaret de Joséphine Baker. La filiation du prince ? La voici telle qu'elle nous fut donnée par lui-même :

    « Fils de Abatino, comm. Tomaso des Conti Veneti et de Maria Abatino, nièce de la princesse Miscemi et de la princesse de Montalto de Palerme. ».

      — Ma tante, a ajouté le comte, est la nièce du célèbre cardinal Celessi.

    Aux ambassades d'Italie et d'Amérique où nous fûmes aux renseignements, on eut un sourire aux consulats le rire fut plus net, moins diplomatique aux mairies de Paris et aux églises de la capitale on nous demanda si nous parlions sérieusement. Il n'y a guère que Joséphine et le comte qui croient que c'est arrivé. Et encore !...

Joséphine BAKER (Mme Jean LION) ne figure au cadastre en qualité de propriétaire qu'en 1937, après son mariage avec l'industriel et négociant en sucre Jean LION mais surtout après le décès le 29 octobre 1936 à Paris (16e) à l'âge de 37 ans de Giuseppe Abatino. Paradoxalement, c'est au moment où elle devient propriétaire de Beau-Chêne officiellement, qu'avec son nouveau mari, ils vont louer dans le Périgord, le Château des Milandes (décembre 1937).

C'est à Beau-Chêne que Joséphine Baker fut approchée pour la première fois par les Services secrets français en 1939 mais c'est loin du Vésinet qu'elle passa les quatre années suivantes, aux Milandes d'abord en 1940 puis en Afrique du Nord en 1941 et en Italie avec le corps expéditionnaire français en 1943.
Elle retrouvera Le Vésinet en octobre 1944, à Beau-Chêne. Durant l'absence de Joséphine, de 1940 à 1944, la villa désertée fut occupée par l'armée nazie. La Kriegsmarine en fit un mess pour ses officiers et la « restitua » quasiment vide à son départ en août 1944. [9]
En octobre 1944, Joséphine confie : « Je suis allée voir dans quel état se trouvait ma maison du Vésinet qui a été occupée par les Allemands. Et bien ce petit pélérinage ne m'a causé aucune émotion ». Elle entreprend d’importants travaux de rénovation pour la rendre habitable et s'y reposer occasionnellement.
Sa santé reste défaillante et « elle se repose au Vésinet » selon la presse, avant de rejoindre la Première Armée du général de Lattre pour y faire son métier d'artiste et soutenir le moral des troupes et des populations libérées et sinistrées.
En 1945, elle organise en l’honneur du Pacha de Marrakech, Thami El Mezouari El Glaoui (1878-1956) en visite officielle à Paris, une somptueuse réception, qui sera la dernière à Beau-Chêne.

Joséphine Baker en visite à Beau-Chêne (1946)

Mais il lui faudra bientôt subir une nouvelle opération...
Sur les conseils de Jo BOUILLON (qu'elle va épouser le 3 juin 1947, jour de son 41e anniversaire) elle projette de vendre la villa. Le capital ainsi constitué servirait à organiser une importante tournée en Amérique latine, laquelle, ensuite, fournira les ressources pour acquérir le château des Milandes pour lequel le couple a des projets ...

Beau Chêne, pour toujours la villa de Joséphine Baker

En 1947, la villa du 52 avenue Georges Clemenceau est vendue. Le nouveau propriétaire sera Jean Pierre MACHELON, 23 rue Pierre-Fontaine à Paris (9e).

    ...A suivre

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    Notes et sources:

    [1] Le canton du Vésinet in Patrimoine des communes des Yvelines (tome 2) Editions Flohic, Paris, 2000.

    [2] Le nom de Beau Chêne ne figure pas sur la liste des noms de villas établie par le secrétaire de mairie, Eugène Bénard, en 1889, la villa datant de 1891. Le premier occupant à avoir fait usage de ce nom semble être le couple Destombes, vers 1920.

    [3] International Herald tribune, 5 octobre 1929.

    [4] Marcel Sauvage (1895-1988) publia en 1927, (aux éditions Kra, Paris) Les Mémoires de Joséphine Baker. En 1949, il en publiera une seconde version (aux éditions Coréa, Paris).

    [5] Marcel Sauvage. Joséphine en vacances, pour Gringoire : le grand hebdomadaire parisien, politique et littéraire (Paris) 19 septembre 1930.

    [6] Paule Malardot. Joséphine Baker, pour La Femme de France (Paris) 26 octobre 1930.

    [7] Jacqueline Lenoir. Un après-midi chez Joséphine Baker, pour Paris-Films (Paris) 23 juin 1931. En 1934, la journaliste racontera cette visite pour la seconde fois en y ajoutant peut-être des informations nouvelles : Voici d’abord le petit salon d’attente où Abatino, amateur d'art, collectionne les ivoires et le vieil argent. Dans le vestibule, des armures et des yatagans, des sabres entre-croisés... Brrr... notre vedette est bien gardée. Le salon est à la fois Louis XV et arabe...

    Passons rapidement dans la salle à manger austère avec son immense table et ses hauts sièges de velours, et montons au premier étage, temple de Joséphine. J’avoue avoir une immense curiosité... Comment la vedette noire avait-elle conçu ses appartements intimes ? Je souhaitais un paradoxe, je fus servie, au delà de toute espérance !...Dans sa chambre blanche, une avalanche de dentelle, de rubans, de volants, de broderies, de plumes d’autruche, de fourrure, de tulle, compose l’ensemble le plus mousseux, le plus laiteux, le plus galant, le plus affolant, le plus extraordinairement « singerie Louis XV » qui se puisse imaginer... Ce n’est pas «goût américain», mais «rêverie créole»... Dans cette chambre ouatée et très close, d’énormes bouquets de fleurs enrubannés exhalent une odeur lancinante... Je sors foudroyée...Mais voici le boudoir dont les quatre murs sont entièrement de glaces et où se trouvent réunies cent mille Joséphine Baker. En dessus de boîte à bonbons, en cache-téléphone, en éventail, en pain de savon, en chocolat, depuis la petite cire de deux francs jusqu’à la merveilleuse poupée de luxe, voici l’effigie de la star. Joséphine s’est amusée à réunir là tout ce qui, à travers le monde, la représentait en hommage publicitaire. De nouveau, les satins, les perles, les plumes, l’odeur entêtante des fleurs..Cinémonde (Paris) 12 juin 1934.

    [8] Cyrano, Journal hebdomadaire satirique, 26 juin 1926.

    [9] En 1940, avertie de l'occupation prochaine de Paris, elle avait déménagé ses meubles vers les Milandes.


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